Le désordre semé par les sorties du Chef de l'Etat
Le président de la République, Paul Biya, a quitté le Cameroun hier à destination d’Europe pour un séjour privé. Comme d’habitude, les populations de Yaoundé ont souffert de cette sortie de leur chef d’Etat. Et pour cause, pendant de longues heures, les routes ont été barrées, rendant la circulation difficile ou impossible dans certains axes.
Tout a commencé aux environs des 8h. Des militaires de la garde présidentielle ont pris position dans les immeubles, carrefours et autres domiciles qui bordent le parcours présidentiel. Sur le toit du Hilton, de l’immeuble de la mort, des ministères et autres, on pouvait voir des militaires, armes et jumelles aux poings, veillant au grain. Jusque là, pas de quoi se plaindre pour des populations qui continuaient de vaquer à leurs occupations.
9h30. Des policiers qui avaient pris position dans certains carrefours, ordonnent l’arrêt de la circulation. Plus aucune voiture n’est autorisée à circuler. C’est pour la sécurité du chef de l’Etat. Carrefour Tsinga, échangeur simplifié, carrefour Warda, Poste centrale, Coron, Mvog Mbi, etc. Tout est bloqué ! Sous un soleil de plomb, des automobilistes immobilisés au niveau de la Poste centrale sont contraints d’attendre. La tension monte, les visages sont noirs de colère. Chacun lance alors sa diatribe contre cette façon de «pénaliser les gens».
Les chauffeurs de taxi les plus pénalisés
Désordre et embouteillages
Les plus nerveux sont les chauffeurs de taxi qui parlent d’un manque à gagner considérable. «Chaque fois que Paul Biya sort et qu’il me coince ici à la Poste centrale, je suis fini. Est-ce que vous imaginez mon manque à gagner ? Le carburant coûte cher, les gens ne veulent pas normalement payer le taxi et me voilà coincé. Je vais faire comment ?», se lamente un chauffeur de taxi.
Toujours aussi énervé alors qu’un débat s’est ouvert sur ce sujet entre ses clients, il ajoute: «Le soir je ne pourrai pas verser ma recette et mon patron va m’accuser d’avoir bouffé son argent.»
La discussion est chaude à la Poste centrale. Une autre façon pour les infortunés de tuer le temps en attendant que la route soit rouverte. Des interrogations fusent de toutes parts pour essayer de comprendre cette propension à toujours couper la circulation quand passe le chef de l’Etat. «Pourquoi ne peut-il pas quitter le Palais d’Etoudi jusqu’à Nsimalen en hélicoptère pour ne pas causer ce genre de désagrément à son peuple ?
Pourquoi ceux qui ordonnent la fermeture de la route ne peuvent-ils pas le faire juste au moment où le chef de l’Etat quitte effectivement le Palais ou l’aéroport ? Il a peur de qui ?», peut-on entendre. «C’est de la méchanceté pure et simple et il n’y a qu’au Cameroun qu’on voit ce genre de chose», tranche un homme visiblement informé des pratiques d’ailleurs. Il prend le cas du Sénégal, du Mali, du Ghana ou de la Cote d’Ivoire, etc. où, selon lui, on n’a pas besoin de fermer les routes pendant des heures pour laisser passer leurs chefs.
La confusion règne
La circulation paralysée
On n’est pas loin de la confusion. Les personnes les plus impatientes descendent des taxis et continuent leur trajet à pieds, non sans avoir maugréé, l’on ne sait contre qui. L’attente est longue et le soleil toujours aussi brûlant.
Après plus de trois heures d’attente, le président de la République apparaît. Il est couché à l’arrière de sa limousine, laquelle est ceinturée par une quinzaine de motards. Devant et derrière, on compte une autre quinzaine de voitures bruyantes de la police et de la garde présidentielle. Le cortège traverse le Hilton à vive allure, à destination de l’aéroport de Yaoundé Nsimalen où le président de la République, Paul Biya, doit prendre un vol à destination d’Europe pour un «séjour privé».
Le cortège présidentiel passé, la circulation peut péniblement reprendre à la Poste centrale. Des policiers tentent de remettre de l’ordre. Tâche ardue puisque, après trois heures d’attente, c’est chacun qui veut passer. Les automobilistes essuient alors toutes sortes d’engueulades de la part des taxis qui veulent «rattraper le temps perdu».
Source : Cameroon-info.net
Personne n'échappe aux embouteillages
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