Polycarpe Abah Abah ne sera pas libéré
Le tribunal de grande instance de Yaoundé centre administratif a vidé hier son délibéré
de demande de libération immédiate formulée par les avocats de l'ex-ministre des
finances Polycarpe Abah Abah.
La collégialité que présidait dame Noah a déclaré la requête des conseils non fondée.
Cette démarche visant à obtenir la mise en liberté de l'accusé se fonde sur la procédure
de l'Habeas corpus qui, à en croire un conseil de l'ex-ministre, " reconnaît à chaque
prévenu le droit de disposer de son corps et de le produire devant le tribunal.
C'est une procédure qui revendique et exprime en même
temps la présomption d'innocence
et la foi en l'institution judiciaire ".
En renvoyant l'ex-ministre en prison, le juge de la liberté a tout simplement ignoré
les griefs soulevés par la défense, qui invoque " l'illégalité de l'arrestation,
le caractère abusif de la garde à vue et l'inobservation des formalités prescrites
par la loi en la matière ".
Commentant cette décision qui " viole manifestement les droits de la défense ",
un des conseils de l'accusé martèle : " Nous continuons à dire que l'action contre
notre client est non fondée en ce que, dans le nouveau Code de procédure pénale,
le principe est la liberté. Lorsqu'un individu a un domicile connu, il doit pouvoir
être jugé étant libre. De plus, poursuit-il, il y a un grave manquement que nous
dénonçons depuis le début : les actes légaux prévus par loi ne sont pas pris pour
priver notre client de liberté. En l'espèce, estime l'avocat, on ne peut pas détenir
l'accusé sans une ordonnance préalable de mise en détention qui nous offre la possibilité
de nous pourvoir en appel, si nous estimons cette détention excessive ou abusive.
Sans cette ordonnance, conclut-il, nous ne pouvons nous pourvoir devant la chambre
du contrôle de l'instruction. Ce qui constitue une grave inobservation des formalités
prévues par la loi et, en même temps, une grave atteinte aux droits de la défense
".
Par ailleurs, et s'agissant des faits de la cause, l'avocat les juge " non flagrants
et se demande pourquoi Abah Abah ne peut pas comparaître libre comme d'autres dans
des cas similaires. Il a une santé particulièrement délicate et les conditions de
détention ne font qu'aggraver cette santé ". "Pour la sérénité et la crédibilité
de notre justice, nous continuerons à solliciter devant les instances compétentes
la sanction de tels manquements à la loi. En clair, martèle-til, nous allons nous
pourvoir en appel contre la décision de ce jour ".
Source :
Le Jour
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