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Cameroun : Mbarga Atangana, combattant solitaire contre la vie chère
(30/01/2009)
Le ministre du Commerce multiplie des concertations avec les opérateurs économiques. Pour assouplir les prix sur le marché. Mais ces efforts sont toujours insuffisants, en l’absence d’une synergie dans l’action gouvernementale.
Par Le Messager (Christian Lang)
Luc Magloire Mbarga Atangana
Luc Magloire Mbarga Atangana
C’est certainement un casse-tête lorsque, dans un contexte de pauvreté et de tendance à la hausse des prix tant à l’international que sur la scène nationale, l’on est ministre du Commerce : comment réguler l’activité commerciale ? Comment donner, et même redonner espoir aux ménagères et aux consommateurs malmenés par le faible pouvoir d’achat et la pente montante des prix ? Comment ramener l’éthique dans des activités commerciales où les acteurs se sont octroyés impunément des libertés en copinant fièrement avec le vice ? Pour trouver la bonne thérapie, faut-il se vautrer dans son luxueux bureau et agir à coup de circulaires, de décisions, d’arrêtés et d’instructions ? Ou alors il faut s’enfermer à tue-tête dans des salles de conférences, dans des séminaires et autres ateliers à la thématique rébarbative, incompréhensible et inopérante ? Certains nouveaux promus à la fonction ministérielle auraient aisément opté pour les discours. Mais Luc Magloire Mbarga Atangana, entré au gouvernement le 8 décembre 2004 comme le tout premier ministre du Commerce [l’ancien ministère du Développement industriel et commercial ayant éclaté], semble allergique aux séminaires.

Depuis son entrée au gouvernement, il a opté pour la négociation avec les différents acteurs et opérateurs économiques. En 2008, le ministre du Commerce s’est abondamment déployé dans ce sens. Ce d’autant que l’année écoulée s’est ouverte par le mouvement populaire de revendications sociales qui a ébranlé le Cameroun, comme beaucoup d’autres pays africains, fin février 2008. Les prix des produits pétroliers ont galopé. Les prix des produits alimentaires sont en hausse. La solution ? Des négociations avec les acteurs de certaines filières de commercialisation des produits de consommation de masse.

Caravanes mobiles

Qu’est-ce qui garantit le respect des prix homologués et concertés ? La formule des supermarchés témoins est adoptée par le ministre du Commerce. Par des accords avec les gérants des espaces commerciaux retenus, le riz, la farine, le sucre…seront vendus aux prix convenus de commun accord avec les opérateurs économiques. Toutes les ménagères ne sont pas à proximité des supermarchés témoins. Ces opérations se limitent seulement à Yaoundé et Douala. Les ménagères de l’arrière-pays voudraient aussi bénéficier de ces opérations ponctuelles de commercialisation à prix relativement bas des produits de consommation de masse.

Pour satisfaire un plus grand nombre de consommateurs, les caravanes mobiles de vente des produits de première nécessité sont organisées : huile de palme, riz, viande, produits vivriers… sont vendus aux ménagères à des seuils jugés soutenables par le ministère du Commerce. A Yaoundé, la délégation régionale du Commerce pour le Centre est carrément érigée en marché. Tout comme celle de Douala. Ici, il faut cependant contenir la ruse de certains revendeurs qui se ravitaillent abondamment au détriment des consommateurs désargentés. Le regain de vigilance des organisateurs ne ramène cependant pas la sérénité totale dans l’organisation de ces caravanes mobiles. Les commerçants abusent aussi des ménagères : lors d’une caravane mobile au Boulevard du 20 mai, une ménagère a fait peser le sac de 5 kilogrammes qu’elle venait d’acheter. Résultat : il pesait un peu moins de 4 kilogrammes. La dame s’est faite rembourser. Des détails malheureux qui échappent certainement au ministre du Commerce.

Ce dernier peut-il alléger les soucis des parents en période de rentrée scolaire, les manuels scolaires étant parfois indisponibles partout et hors de prix pour beaucoup de bourses ? A travers une concertation avec les acteurs de la filière livre, la courbe des prix et les modalités de distribution des manuels scolaires sont arrêtées : le livre doit être disponible sur toute l’étendue du territoire national et au même prix. Cette volonté louable du ministre du Commerce s’assimile cependant à une utopie. Sur le terrain, chaque vendeur, au mépris des prix officiels, prélèvent des marges bénéficiaires indues en s’adossant sur l’alibi de l’amortissement des charges relatives aux contraintes de ravitaillement. Ce qui est somme toute compréhensible. Mais peut-être qu’en plus de la volonté de maintenir les prix à un seuil soutenable, le Mincommerce devrait accentuer la surveillance sur le terrain. Une mission dont devraient s’acquitter les contrôleurs et agents de constatations des prix, poids et mesures recrutés en 2008. La bataille contre la vie chère ne gagne pas seulement par la régulation de la courbe des prix. Elle aurait été efficace si les efforts étaient multidimensionnels, c’est-à-dire si toutes les administrations concernées menaient une action concertée.

Extirper le “ coxeur ” de la fève de cacao

La filière cacao attire une multitude d’acteurs. Mais, certains se mettent en marge de l’éthique et de la réglementation en vigueur. Sur le terrain, les abus sont très nombreux : achat de cacao humide non fermenté ; prolifération des coxeurs ; séchage du cacao sur le bitume avec ce que cela comporte comme risque de contamination ; absence de marchés périodiques ; manque d’organes d’encadrement de la filière, faible implication des autorités administratives dans la supervision des opérations de commercialisation. Comment inverser la tendance ? Luc Magloire Mbarga Atangana se charge d’aller personnellement procéder au lancement des marchés périodiques dans les principaux bassins de production de cacao.

Après avoir ouvert la saison 2008/2009 à Ebolowa en août 2008, il se rend à Mbangassina, Makak, Ngoumou, Obala... Le discours est le même : vendre le cacao à un prix où les acheteurs et les producteurs trouvent leur compte, en fonction de l’évolution des prix à l’international. Les prix fixés sur le terrain varient entre 850 Fcfa et 1.000 Fcfa le kilogramme. Le plus gros défi du Mincommerce demeure l’assainissement de la filière cacao, les acheteurs sans foi ni loi vulgairement appelés coxeurs multipliant les abus : notamment la sous-estimation du prix. A chacune des étapes, Mbarga Atangana affirme la volonté d’extirper les coxeurs du circuit de commercialisation du cacao.

Mais le problème s’avère plus complexe : certains bénéficient de la complicité de certaines autorités administratives locales. Le sait-il ? Bien sûr : “ Malheureusement, ils sont parmi nous. On ne fait pas la répression pour la répression, relativise-t-il. D’une manière générale, si la dynamique de relance impulsée par les premières interventions du Fonds de développement des filières cacao et café (Fodecc) ainsi que l’état du marché nous incitent à plus d’ardeur au travail et à une présence plus soutenue sur le terrain, le nouveau défi que constitue le respect des Limites maximales de résidus (Lmr) nous appelle tous, chacun en ce qui le concerne, à une mobilisation patriotique pour la pérennisation de l’Origine Cameroun ”, rappelait-il aux autorités administratives dans une circulaire en août 2008 peu avant l’ouverture de la saison cacaoyère.

Promotion du made in Cameroon

Pourquoi ne mange-t-on pas camerounais dans les avions desservant le Cameroun ? Un souci de plus pour le Mincommerce. En octobre et novembre 2008, Mbarga Atangana organise une concertation à Yaoundé avec les responsables des compagnies aériennes desservant le Cameroun. Il est question de débattre sur les modalités de promotion et de commercialisation des produits camerounais dans les avions.

Selon Mbarga Atangana, les compagnies de transport aérien sont des vecteurs de la promotion commerciale. Mais il n’y a pas de “ contact culinaire ” avec le Cameroun. Pour cela, “ il y a un effort à faire pour que, dans un avenir très proche, les produits camerounais soient présents à bord ”. Il sait que certains produits camerounais sont de bonne qualité : la banane, l’ananas, le poivre, la viande de bœuf…Mais ils sont absents des avions. “ Cela paraît pour le moins bizarre ”. Or, il faut “ conquérir le marché des compagnies aériennes à partir du Cameroun ”, préconise-t-il lors de l’une de ces concertations avec les représentants des compagnies aériennes.

En 2008, les prix des matériaux de construction n’ont fait qu’augmenter, malgré les prix arrêtés lors de la concertation de mars 2007. Le prix du ciment a fait des bonds considérables au marché, tout en faisant l’objet de spéculation. De nouvelles augmentations de prix n’étaient pas exclues. Mbarga Atangana opte pour la libéralisation de l’importation du ciment. Il espère par là assouplir les prix de ce matériau de construction en inondant le marché local de ciment importé. En juillet 2008, Mbarga Atangana prend part aux négociations engagées par l’Omc à Genève. Mais elles ont échoué faute d’accord entre pays riches et pays en développement sur l’agriculture. Les pays africains attendaient beaucoup de cette conférence, notamment dans des dossiers comme celui du coton ou de la banane. Porte-parole des pays Acp sur la banane, Mbarga Atangana se dit très déçu par l’issue des négociations.

Dans une interview accordée à Rfi au terme de ces négociations, il a dénoncé “ le fait que l’Omc fonctionne sur des bases purement juridiques, idéologiques, dogmatiques, se coupant des réalités. Nous savions que nous allions droit dans le mur. Cela a été le cas, et je pense qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. J’espère que nous saurons tirer les conséquences de cet énième échec, qui remet en cause, il faut avoir le courage de le dire, les fondements mêmes de notre organisation et surtout son fonctionnement ”. Il est plus amer quand il aborde le sujet relatif à la banane et au coton. “ Je ne sais pas s’il est arrivé au cours de ces négociations que l’on prononce une seule fois le mot banane, qui apparaissait comme maudit. Et j’ai relevé que si la banane est un détail, il faut s’en méfier parce que le diable est dans le détail. On n’a pas parlé de banane. On n’a pas parlé de coton. Les intérêts authentiques des pays africains n’ont jamais été intégrés dans les préoccupations de l’Omc ”. Parlant donc de cet échec, une consolation tout de même pour Mbarga Atangana : “ En tout cas, le Cameroun, en ce qui le concerne, ne se sent en rien coupable. Nous avions indiqué notre bonne volonté ”. Il ne se prive pas d’un coup de gueule : “ Nous avons besoin d’un minimum de cohérence entre les différentes organisations internationales. A l’Omc on dit telle chose. Au Fmi on dit le contraire. Comment voulez-vous qu’on puisse avancer ? Comment voulez-vous que nos pays luttent efficacement contre la pauvreté qui est l’objectif majeur ? ”, conlut-il sous forme d’interrogation, faisant du coup apparaître la solitude qui a été la sienne dans les différents combats en 2008.

Bio officielle
Nom : Mbarga Atangana
Prénoms : Luc Bienvenu Magloire
Date et lieu de naissance : 8 juillet 1954 à Nsazomo (Province du Centre - Département de la Mefou & Afamba)
Situation de famille : Marié, père de quatre (4) enfants.

Diplômes et Etudes
1987 – 1988 :
- Diplôme d’études supérieures spécialisées (Dess) en droit des entreprises Publiques (Universités Paris-Dauphine et Paris-Sud), mention Assez bien.
- Diplôme du cycle long de l’Institut international d’administration publique de Paris (Iiap) – Promotion René Cassin – Option : Entreprises publiques et développement.
Avril – Juin 1988 : Stage pratique au sein des Services de la Ville de Paris (Voirie, Eau et Propreté) de la Société anonyme de gestion des eaux de Paris (Sagep) et de la Lyonnaise des Eaux ;
1983 – 1984 : Diplôme d’études supérieures spécialisées (Dess) en transport international, maritime et aérien à l’Université de Paris 1 – Panthéon-Sorbonne.
1976 – 1977 : Licence en Droit et ès sciences économiques (équivalence Maîtrise) Option Droit Public à l’université de Yaoundé, mention Bien.
1972 –1973 : Baccalauréat Série A2 au Moyen séminaire de Mvolyé (Yaoundé), mention Assez bien.

Expériences professionnelles
Depuis le 8 décembre 2004 : Ministre du Commerce dans le 1er gouvernement du 2ème septennat de S.E Paul Biya.
Mars 2003 : Président du Conseil d’administration de la Société des bananeraies de la M’Bome.

Depuis la libéralisation de la filière bananière du Cameroun (février 1991) à ce jour : Secrétaire exécutif de l’Association des producteurs de banane du Cameroun (Assobacam), avec résidence à Paris.
1995 – 2003 : Secrétaire général de l’ensemble des Sociétés bananières du Moungo (SPNP/SBM/PHP/SAB).
Février 1983 – Février 1991 : Ouverture de la délégation de l’organisation camerounaise de la banane (Ocb) à Paris – Premier délégué de l’Organisation pour l’Europe et l’Afrique du Nord, avec résidence à Paris.
1er Juillet 1981 – Février 1983 : Responsable Commercial au siège de l’Organisation camerounaise de la banane (Ocb) à Douala. Mise en place de l’ensemble de l’organisation ainsi que des procédures administratives et commerciales.
Novembre 1977 – 30 Juin 1981 :
- Recrutement sur titre (performances académiques) à la Caisse nationale de prévoyance sociale du Cameroun (Cnps).
- Fonctions occupées :
1. Adjoint au chef de service administratif ;
2. Chef de service des études ;
3. Attaché de direction générale (à l’époque collaborateur n°1 du directeur général).

Autres activités et responsabilités
- Membre du Groupe de Travail Acp sur les bananes.
- Porte-parole des pays africains producteurs de banane auprès du Parlement européen et de la Commission européenne.
- Membre titulaire du Comité Ad hoc mis en place par la Commission Européenne pour la gestion du Marché de la banane au sein de l’Union Européenne.
- Rôle de premier plan dans les négociations et l’élaboration du régime européen d’importation de banane.
- Participation aux différents panels du Gatt, puis de l’Organisation mondiale du commerce (Omc) sur la banane (Genève).
- Rapporteur, au mois de mai 1997 à Rome, de la 15ème Session du Groupe intergouvernemental de la Fao sur la banane (Rapport adopté à l’unanimité des pays présents ou représentés et félicitations de l’ensemble des gouvernements – Membre du Groupe).


Source : Le Messager




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