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Cameroun : Lucina Soguia nous présente le S.M.I.C
(31/03/2008)
Bonaberi.com est allé à la rencontre de Lucina Soguia, jeune Camerounaise de 27 ans, fondatrice d'une association de lutte contre l'émigration clandestine qui promeut le développement au Cameroun
Par Rédaction Bonaberi.com (Biumla Bi Massot)
Bonjour Lucina, peux-tu te présenter aux bérinautes ?

Bonjour, je m’appelle Lucina Soguia, 27 ans, traductrice de formation, célibataire et sans enfants.

Quel est ton parcours scolaire et universitaire ?

Je suis diplômée de l’Université de Buéa dans le sud-ouest du Cameroun, de la promotion de 2004. Après l’obtention de mon Bachelor in english/french, j'ai passé ensuite deux années à l’ASTI qui se sont soldées par un diplôme en Traduction (option Français/Anglais). Après cela, je suis rentrée à Yaoundé où j’ai suivi une formation en PAO, puis en Infographie.

Tu as effectué la totalité de ton cursus au Cameroun, était-ce un choix délibéré ?

Oui! Des études supérieures faites au Cameroun sont le fruit d’un choix personnel. Beaucoup de personnes de mon entourage s’attendaient à ce que j’aille les poursuivre à l’étranger comme l’ont fait la grande majorité de mes camarades de collège. Mais étant donné qu’une université locale me proposait la filière de mon choix, je n’ai pas hésité, je me suis lancée. Vous savez, étudier chez soi a ses avantages… je veux dire, on fait face aux réalités africaines, on « flirte » avec différentes classes sociales, on se sent proche de ses compatriotes. Bien-sur les inconvénients ne sont pas négligeables du point de vue technique mais, on a la fierté de survivre aux défauts du système.

Lucina Soguia, sécrétaire adjoint du SMIC


Tu es secrétaire général adjoint de S.M.I.C et aussi l'un des membres fondateurs de cette organisation, comment est né ce projet ?

SMIC part d’une observation générale : en 2003, les médias ne parlaient que des émigrés clandestins retrouvés dans des situations inimaginables au mieux, au pire morts. Nous avons tous dans nos familles au moins un parent qui vit de manière clandestine quelque part. Quelque soit le cas, on se sent concerné par la situation de nos frères. Ceci a donc suscité des interrogations chez les jeunes, nous cherchions un moyen d’aider ces personnes d’une manière ou d’une autre. C’est ainsi que la perspective de créer une association de lutte contre les migrations clandestines est née. La première étape a donc été de recenser des personnes intéressées par notre action. Cela n’a pas été de tout repos, car vous imaginez bien que tout africain qui se respecte nourrit au moins une fois dans sa vie le désir d’aller à l’étranger chercher un avenir meilleur, et ceci est compréhensible, vu la difficulté que connaît la jeunesse à s’intégrer dans la vie active. Bref, il y a eu pas mal de réticences pour ce projet, mais nous pouvons dire que les médias nous ont amplement aidé avec les informations qui nous parvenaient à propos de la vie des émigrés clandestins. Ainsi, en 2005, SMIC est né.

Nous étions à l’origine une association constituée d’une trentaine de membres environs, et plus on faisait entendre parler de notre cause, plus les jeunes se sentaient concernés. Petit à petit, SMIC a fait son chemin, et aujourd’hui nous comptons dans nos rangs un bon nombre d’émigrés de la diaspora qui n’hésitent pas à partager leur expérience. Notre combat continue, d’autant plus qu’aujourd’hui, nous sommes passés du stade d’association au stade d’ONG. Il est important ici de noter que SMIC n’est pas contre la migration dans sa totalité, ce n’est que l’aspect illégal et clandestin de la chose qui est l’objet de notre lutte à cause des conditions de vie des émigrés clandestins à l’étranger. Notre action s’étend sur 3 aspects : Premièrement, nous sensibilisons les jeunes comme je l’ai dit plus haut sur les dangers liés à la clandestinité, ensuite nous les encourageons à chercher plutôt à aider au développement local en se formant… un aspect important de notre action est l’initiation et la création des projets ; nous encourageons nos frères à ne pas tout attendre du gouvernement, à penser à des projets viables et fiables. En dernier lieu, nous nous proposons de faire suivre lesdits projets, de trouver des subventions.

Avec la création de plus en plus croissante d’associations et d’ONG dans notre pays, certaines qui comme vous se battent contre l’émigration, en quoi S.M.I.C est-elle innovante, et qu’est ce que vous pensez apporter de nouveau dans l’univers associatif camerounais?

Ce qui fait notre particularité est le fait que nous sommes de jeunes camerounais qui avons fait face aux faiblesses du système, mais qui malgré tout croient en ce pays. En cela, de part notre expérience, nous savons exactement les besoins de la jeunesse africaine. Ainsi, en tant qu’association, nous ne nous contentons pas de dire « n’y allez pas, restez développer le pays », non. Notre tâche va beaucoup plus loin. Notre message à la jeunesse est « si vous voulez aller en occident ou ailleurs, que ce soit pour la bonne cause et dans les meilleures conditions possibles. Allez y légalement afin d’obtenir le maximum de connaissances, applicables au développement local, pensez à rentrer aider et former ceux qui n’ont pas eu le privilège d’aller explorer d’autres horizons ». Il faut noter que nous sommes à 100% pour l’échange des connaissances et de cultures, car nous pensons que cela ne peut être que profitable à notre émergence locale. Nous avons en notre sein une équipe de suivi qui aide toute personne ayant vécu clandestinement à l’étranger et qui, de retour au pays, cherche à s’intégrer.

Quelles sont les solutions que vous apportez aux camerounais qui sont excédés par la dureté de la vie ? Quelles alternatives proposez-vous aux jeunes qui éprouvent le besoin irréversible de s’exiler, croyant trouver l’eldorado en Europe ?

Les solutions que nous proposons sont totalement dépendantes du profil de la personne concernée. Nous cherchons tout d’abord à comprendre les motivations de cette personne, son but dans la vie et ensuite, nous essayons de la guider selon ses ambitions et son profil. Il est vrai que les soucis des camerounais aujourd’hui sont tous les mêmes, mais tout le monde ne se ressemble pas ! Bref, concrètement, si une personne vient nous voir et que nous constatons qu’elle a telle ou telle aptitude, si elle veut partir de manière légale, nous la mettons en contact avec les organes compétents pour son projet. Je ne sais pas si il est nécessaire ici de dire que nous travaillons en synergie avec une association qui aide les jeunes basketteurs de moins de 20 ans à aller poursuivre leurs études aux USA dans le cadre d’un programme Sports-études. Ces jeunes s’en vont étudier et se perfectionner dans leur domaine de prédilection, tous frais payés. Voila en quoi nous innovons dans l'univers associatif.

un forum organisé par le SMIC au Cameroun


Quelles sont les actions que vous avez eu à entreprendre dans le combat que vous menez contre l’émigration clandestine et quelles sont vos réalisations majeures ?

La grande majorité de notre action se résume pour l’instant à la sensibilisation et l’aide au montage de projets. La jeunesse n’est pas suffisamment informée sur les dangers encourus, donc, nous y mettons un point d’honneur. D’un autre côté, nous avons eu à aider de jeunes artistes (dont je tais les noms pour éviter toute publicité) à trouver des subventions pour des évènements comme la sortie d’un album, trouver des salles de concerts et des partenaires. Notre action est très variée, il faut dire. Nous avons aussi organisé des conférences dans des universités, des centres culturels, des établissements scolaires et nous parrainons aussi des clubs et toute personne qui nous en fait la demande.

S.M.I.C est une association à but non lucratif, d’où tirez vous vos aides et sous quelles formes sont elles ?

Question intéressante ! Il est important de noter que pendant ses 2 premières années de fonctionnement, SMIC a fonctionné essentiellement sur fonds propres, c’est-à-dire que nos finances provenaient des maigres cotisations annuelles des membres, cela n’a pas été du tout facile, étant donné que nous étions de jeunes diplômés pour la plupart sans emploi. Avec le temps, nous avons cherché des partenariats au sein du gouvernement, des ambassades et autres organismes internationaux. Nous avons ainsi obtenu une ou deux réponses favorables, mais cela ne nous empêche pas de fonctionner. Les aides sont de toutes formes : matérielles, humaines, morales, logistiques etc. nous sommes ouverts à toute forme d’apport.

Avez-vous des partenaires avec qui vous êtes en constante collaboration ?

Nous travaillons en partenariat avec une association qui fait aussi dans la lutte contre les migrations clandestines ALCEC, avec qui il nous arrive d’organiser des rencontres avec les jeunes. Nous espérons éventuellement créer un partenariat avec des sites Internet tels que Bonabéri pourquoi pas… (rires).

Nous sommes dans un environnement de sortie de crise, quel regard portes tu sur les derniers évènements qui ont lieu dans notre pays ?

Etant donné que nous sommes une association à caractère non politique, je me permets de garder mon opinion pour moi. Mais néanmoins, j’aimerai noter que toute crise comporte à sa base un malaise, et il serait intéressant de prendre en considération ce qui en constitue la cause et d’en chercher des solutions. Ceci est bien évidemment d’un avis personnel.

Le S.M.I.C a aujourd’hui près de 3 ans. Est-ce que vos objectifs ont été atteints et qu’as-tu à dire aux camerounais d’ici et ceux d’ailleurs ?

Nous avons presque 3 ans d’existence et personnellement, nous sommes fiers de l’allure qu’ont pris nos activités étant donné nos moyens limités. En 2 ans, nous sommes passés d’association à ONG, nous avons parrainé des jeunes nécessiteux, fait des conférences, des tables rondes etc. Nous ne nous sommes pas découragés par les freins rencontrés mais nous sommes allés de l’avant dans notre combat. Le plus important pour nous est que notre message se fasse entendre et qu’il y ait moins de clandestins, mais des personnes efficaces et utiles à leur patrie.

A la longue, SMIC entend étendre ses ramifications au-delà de l’Afrique (ce sur quoi nous sommes en train de travailler, étant donné que nous avons déjà plusieurs antennes dans plusieurs provinces camerounaises). Pour plus amples informations, nous avons un site à travers lequel les intéressés peuvent avoir un aperçu de nos activités avec images : www.ong-smic.com

Les mails sont reçus à l’adresse suivante : smic_2007@hotmail.com.

Merci.

















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