Dans une enquête intitulée Cameroun : les terres de la discorde louées aux Américainspubliée sur Rue89, on y apprend qu’une implantation camerounaise de la firme américaine Herakles Farms au Sud-Ouest du Cameroun est loin de faire l’unanimité auprès des observateurs locaux.
En effet, d’après cette enquête, 73000 hectares de terres agricoles auraient été louées à la SG Sustainable Oils Cameroon – Sgsoc – au prix imbattable d’un dollar par an l’hectare ; une habitude qui serait d’ailleurs répandue à tous les baux agricoles entre le Cameroun et les sociétés étrangères, baux connus uniquement du gouvernement.
On parlerait donc ici de 73000 hectares loués annuellement à 73000 euros, soit à 48 millions de francs CFA. Le bail court pour 99 ans renouvelables.
Interrogés, les dirigeants de Herakles Farms prétendent vouloir produire annuellement pas moins de 400000 tonnes d’huile de palme brute et 400000 tonnes d’huile de palme raffinée ; le but ? Créer des emplois et « réduire la dépendance du Cameroun aux pays d’importations » en augmentant la production locale.
Un enjeu effectivement majeur pour le Cameroun qui possède le potentiel de produire dans de nombreux domaines, mais importe la majeure partie de sa consommation alimentaire. Néanmoins, d’après le Centre pour l’Environnement et le Développement – le CED –, une ONG camerounaise, le remède est pire que le mal.
Pour le CED, les 7500 emplois créés par la Sgsoc vont s’accompagner d’un exode massif : « [Les activités de la Sgsoc vont créer certes 7500 emplois, mais la concession foncière va obliger plus de 25000 villageois à se déplacer] », affirme Brendan Schwartz qui dénonce par ailleurs « un accaparement des termes et des ressources » par la firme.
Pour Delilah Rothenberg, directrice du projet, « seules les 1000 plantations cartographiées pour le projet seront exploitées et des zones tampons seront créées afin que les activités ne se chevauchent avec les zones habitées. »
Concernant les ressources, le CED accuse la Sgsoc de s’accaparer toutes les ressources : « Le contrat de la Sgsoc lui accorde le droit d’utiliser, gratuitement, des quantités illimités d’eau dans sa concession foncière. L’entreprise jouit également d’un droit exclusif sur les autres ressources présentes sur l’exploitation, comme le bois, l’argile et le gravier », souligne l’ONG dans son rapport, estimant que la firme surprofite d’une location déjà extrêmement avantageuse.
Pour l’ONG, les locaux partagent son mécontentement, puisqu’en 2011, des jeunes de la localité du Sud-Ouest avaient effectué un blocus des bulldozers de la société pour marquer leur protestation. Une ONG avait alors déposé un recours pour amender le contrat de location de la société.
Alors que tout semblait bien se dérouler, la justice ayant arrêté les activités de la firme jusqu’à la décision finale avec une amende de 500000 francs par jour de violation, les magouilles ont repris le dessus puisque le juge a été dessaisi du dossier et que les activités d’Herakles ont repris bon train. Une continuité logique pour Rothenberg, puisque « Cette affaire judiciaire a été résolue. Il convient de noter que l’engagement de toutes les parties prenantes est important pour nous, et c’est pourquoi nous avons formé une équipe de développement communautaire local pour mieux faire comprendre l’intérêt du projet et maintenir le dialogue avec les populations. »
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