Les secrétaires de rue sur les trottoirs de Yaoundé
Devant les mairies, sous préfectures et autres bureaux administratifs, des secrétaires sont installées dans la rue. Il y a encore quelques temps, ces secrétaires se contentaient de dactylographier les copies d’actes de naissance. Aujourd’hui, elles ont suivi le pas de la modernisation et ont changé leur matériel de travail. Leur « bureau » ne paye pas de mine : un parasol, un ordinateur, une imprimante, une tablette et un tabouret, le tout noyé dans un tintamarre de klaxons de voitures, de musique diffusée par des vendeurs et des commentaires des uns et des autres. Pourtant, la clientèle afflue. Les usagers choisissent ces secrétaires car « les prix de leurs services sont abordables » disent-ils. En fait, la page saisie et imprimée chez une secrétaire de rue varie de 200fcfa à 300fcfa au lieu de 500fcfa comme dans les secrétariats conventionnels.
Le moindre coût de ces services a une contrepartie pas toujours agréable. « Il n’y a pas de discrétion ici » déclare un usager. « Une fois que vous avez le dos tourné, la secrétaire qui a saisi vos documents en dévoile le contenu à ses collègues » ajoute t-il. L’autre inconvénient majeur vient du faible niveau académique de certaines secrétaires. « Lorsque vous donnez un texte à saisir, il faut être à côté pour contrôler le travail effectué. Au cas contraire, vous vous retrouvez avec un document truffé de fautes ou alors elles sautent carrément certaines parties du texte » précise un autre usager. La présence effective du client est également la garantie de l’exécution du travail demandé car « en votre absence, la secrétaire délaisse le travail que vous lui avez confié au profit des clients présents. Ce n’est que lorsqu’elle vous voit venir qu’elle se met à saisir votre texte ».
Toutefois, il n’y a pas que des griefs à l’encontre de ces secrétaires de rue. Elles sont pour certains, des confidentes et des conseillères. Au fil des saisies, des liens se créent entre ces secrétaires et leurs clients. Elysée, secrétaire non loin du parquet de Yaoundé raconte : « mes clients me racontent comment avance leur procédure judiciaire, ils me parlent des difficultés qu’ils rencontrent. Ils me demandent si je vois souvent des cas pareils au leur et comment ces cas sont résolus ».
A force de remplir les fiches de renseignement, les secrétaires s’improvisent comme des guides pour les novices. Elles prodiguent également des conseils aux postulants aux concours administratifs et aux demandeurs d’emploi.
Le secrétariat de rue se présente comme une alternative pour ceux qui déclarent ne pas avoir suffisamment de moyens pour louer des bureaux.
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