Les comptes de la CRTV sont problématiques
La Cameroon radiotelevision (Crtv), la chaîne audiovisuelle
à capitaux publics, fait partie des entreprises qui sont dans le viseur du
Contrôle supérieur de l’Etat en ce moment. Le 30 juillet dernier, la présidence
de la République a en effet envoyé des contrôleurs et inspecteurs d’Etat sur le
terrain pour enquêter et auditer les comptes de certaines structures gérant des
fonds publics.
La Présidence veut en savoir plus sur ce qui se passe dans ces entreprises, au
regard des difficultés que leurs managers ont à faire valider leurs comptes par
les conseils d’administration. On se rappelle, pour le cas spécifique de la
Crtv, que lors des 27e et 28e sessions tenues respectivement les 27 juin et 4
juillet 2008, le conseil d’administration a tout simplement « pris acte »
de la présentation du bilan et des états financiers 2007 de l’office et de la
Cameroon marketing & communication agency (Cmca), régie publicitaire de la Crtv.
Le directeur général et gérant statutaire, Amadou Vamoulké, venait une fois de
plus de recevoir une « gifle » du conseil.
Désaveu poli pour certains, éternel supplice pour d’autres. Le constat, en tout
cas, est que la gestion du Dg est épinglée par les administrateurs depuis
environ trois ans.
A en croire certains membres du conseil d’administration, il s’agit d’un
problème de présentation des dossiers et du non respect de la réglementation en
matière de passation des marchés. « Le Dg est têtu. Non seulement il ne donne
pas à temps les dossiers à la commission financière, mais aussi il les prépare
et les présente mal. Quand on l’interpelle pendant les sessions du conseil, on
se rend bien compte qu’il ne les étudie pas, mais qu’il passe le temps à
déléguer tous les pouvoirs à ses collaborateurs », se plaint un
administrateur. Le second problème c’est le choix des collaborateurs.
A la régie publicitaire Cmca, on reproche au Dg d’avoir placé à sa tête dame
Antoinette Essomba, enseignante dans le civil, proche parent de l’ancien
secrétaire général à la présidence de la République, Jean-Marie Atanagana
Mebara. Les administrateurs pensent que les reproches qu’ils formulent à
l’encontre d’Amadou Vamoulké, s’ils étaient corrigés, amélioreraient la gestion
de la Crtv.
Recettes, charges et dettes
Un triple constat se dégage du rapport d’apurement des
comptes 2007 de la Crtv : les recettes diminuent, les charges augmentent, les
dettes croissent. Plus de doute, la chaîne est en crise. Illustrations : le
rapport précédemment cité montre que le chiffre d’affaires commercial est en
baisse de 14% par rapport à 2006. Les charges de personnels, quant à elles,
connaissent une croissance de 11,5% par rapport à l’exercice précédent. Le
résultat net de l’exercice continue d’être négatif. Déjà, en 2006, il était de -
8.740.485 Fcfa. En 2007, il est de - 107.421.852 Fcfa. Le même rapport indique
que les dettes à court terme se sont alourdies de 23,2%, pour se situer à
10.103.414.746 Fcfa. Celle-ci sont constituées de : 5.044.327.547 Fcfa de dettes
envers les fournisseurs, 3.115.148.238 Fcfa envers le personnel, 872.169.853
Fcfa envers la Cnps et 1.009.144.499 Fcfa de dettes fiscales.
Comme l’explique un administrateur, « la trésorerie au passif d’un solde
consistant traduit le recours aux découverts bancaires pour payer les salaires ;
les capitaux propres négatifs déséquilibrent la structure financière de
l’entreprise. Au-delà de la mesure de l’activité qu’ils traduisent, les
indicateurs comptables sont, par ailleurs, la résultante de la qualité de la
dépense et des enregistrements comptables opérés ».
Si pour les deux premières années de gestion Vamoulké, les administrateurs
affirment avoir été tendres à la dernière minute en donnant le quitus au
forceps, ils clament leur méfiance et leur crainte de ne plus pouvoir le faire
depuis que l’Epervier semble sévir avec plus d’aplomb. Au-delà de la peur d’être
poursuivi pour corruption ou complicité de détournement de fonds publics, les
administrateurs fondent leur refus de donner le quitus sur deux éléments
principaux : d’une part les réserves de la commission financière sur les comptes
en question, et d’autre part celles du cabinet comptable sur la qualité desdits
comptes. « En plus de la commission financière, le cabinet Cls Audit Conseil
qui devait certifier les états financiers de la Crtv et de la Cmca a émis de
nombreuses réserves sur la qualité de la comptabilité tenue par la direction
générale. Si les deux structures émettent des réserves, il n’appartient pas au
conseil d’administration de passer outre », avoue un administrateur.
Source : Le Messager
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