Les moto taximen n'apprécient pas vraiment le nouveau décret
La journée d’hier, dimanche 4 janvier 2009, et
contrairement à certaines habitudes, a été marquée par une grande présence des
conducteurs de motos-taxis à Akwa (Douala). Ils avaient décidé de tirer le
maximum de profit de la dernière journée de la période des fêtes de fin d’année,
en squattant principalement les agences de voyages. En ce début d’année, l’un de
leurs sujets majeurs de conversation en attendant les passagers est le décret du
Premier ministre camerounais. Chief Inoni Ephraïm a en effet donné six mois aux
“ benskineurs ” pour se conformer à la réglementation qui régit cette profession
somme toute informelle.
Entre autres, les conducteurs de motos-taxis devraient peindre le réservoir de
leurs véhicules en jaune, avoir un permis de conduire de catégorie A, souscrire
une police d’assurance, porter des chasubles, etc. Le but étant de mieux les
identifier et partant, de réglementer cette profession. Ce n’est pas la première
fois qu’une telle décision est prise par les pouvoirs publics. L’on se souvient
par exemple que pour la seule ville de Douala, la préfecture, la Communauté
urbaine de Douala (Cud) et quelques sous-préfectures ont déjà tenté à plusieurs
reprises de “ mettre les conducteurs de motos-taxis au pas ”, en vain.
Bien, mais…
Aujourd’hui, les principaux concernés trouvent la décision
du Pm “ louable mais déplacée ”. Pour Jean Nyake par exemple, “ la
décision est très bonne, puisqu’il faut de l’ordre dans toute chose et c’est le
gouvernement qui est chargé d’impulser cet ordre là. Dans le cas spécifique de
notre profession, le transport des personnes est très délicat… ”
Malheureusement, estime-t-il, cela va engendrer des coûts supplémentaires alors
que la profession elle-même ne rapporte pas vraiment de l’argent. Son confrère
Jean Bernard, qui a quatre ans d’exercice dans la profession, est plus radical.
“ Nous payons de nombreuses taxes [vignette, assurance, impôt libératoire,
etc.]. Les autres coûts viendront nous asphyxier ”, estime-t-il. Il pense
par ailleurs que le Premier ministre n’aurait pas dû simplement axer son
attention sur les conducteurs de motos-taxis.
Dans tous les cas, l’on s’achemine vraisemblablement vers un nouveau bras de fer
entre l’administration camerounaise et les “ benskineurs ”. Dans certaines
villes comme Yaoundé, Bafoussam ou Garoua, des progrès sont faits. Mais, à
Douala où certaines études (Fondation Jane and Justice, syndicats et
associations des conducteurs de motos-taxis) les estiment entre 22 000 et 30
000, la tâche paraît beaucoup plus difficile. “ On a d’abord voulu interdire
notre profession. Maintenant, on nous parle de réglementer. C’est bien beau,
mais cela va changer quoi en dehors de nous empêcher de gagner normalement notre
pain quotidien ? ”, soutient avec véhémence Mamadou. A l’entendre, les exigences
du gouvernement camerounais vont envoyer beaucoup de conducteurs de motos-taxis
au chômage, donc probablement vers le banditisme. Quoi qu’il en soit, il faudra
plus qu’un décret pour bien organiser cette profession.
Source : Le Messager
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