Le tourne-dos doit
originellement son nom à ces lieux de restauration situés en plein air, et dans
lesquels les consommateurs s’asseyent le dos tourné à la route. Aujourd’hui, le
tourne-dos désigne tout restaurant insalubre.
Le tombeau est un célèbre restaurant situé au quartier Nkolndongo de Yaoundé. Ce restaurant doit son nom à la tombe qui se
trouve juste à l’entrée, et auprès de laquelle les gens s’asseyent pour manger.
En fait, c’est un domicile qui du jour au lendemain, a été transformé en
restaurant. Ici, on peut manger du Ndolè (sorte de feuilles vertes et amères
cuites avec des cacahuettes), du poisson, de la viande de porc : le tout
accompagné de plantains, de riz ou de miondo (pâte de manioc cuite dans des
feuilles de bananiers). Ici, les conditions d’hygiène sont minimales. Les repas
sont préparés dans une cour, près d’une fosse sceptique à moitié ouverte. A
l’intérieur, les meubles sont vieillots, le plafond est à moitié décollé et
recouvert de toiles d’araignées, le sol est parsemé de trous. Malgré cet
inconfort, les consommateurs sont nombreux et lorsque les places sont toutes
occupées, les casiers de bière se transforment en tabouret.
l’exemple de ce restaurant, d’autres lieux
de restauration sont disséminés dans la ville de Yaoundé, et la plupart d’entre
eux se trouvent en plein air. Dans ces tourne-dos, parfois situés près des bacs
à ordures, les assiettes sont lavées au fur et à mesure que les clients
finissent de manger. Toutefois, l’eau de vaisselle n’est pas changée et devient
de plus en plus noire au fil des lavages. Le torchon utilisé pour essuyer ces
plats n’a pas meilleure mine. Malgré les conditions d’hygiène approximatives et
visibles par tous, la situation économique de la population contribue à
pérenniser ces tourne-dos. La plupart des personnes qui fréquentent ces lieux, y
viennent à cause de la modique somme à débourser pour se nourrir. 400 Fcfa pour
un plat de riz sauce tomate viande, 300 Fcfa pour les plats contenant du poisson
et 250 Fcfa pour les plats traditionnels à l’exemple des pommes pilées avec du
haricot, le couscous accompagné de la sauce de gombo ou encore le « sanga », qui
est le maïs cuit avec des légumes et du jus de noix de palme.
Toutefois, quelques personnes évoquent des motifs différents. « Je trouve ici,
des mets que je mange rarement chez moi à l’exemple du taro », dit Pierre.
D’autres parlent de contraintes professionnelles. « La pause de midi va de 12h à
13h. Cet espace de temps ne nous permet pas de rentrer manger à la maison avant
de revenir au bureau », précise un client. Le tourne-dos est aussi le coin de
refuge des célibataires. Ils y vont avec une assiette, achètent de la nourriture
en grande quantité qu’ils emportent chez eux.
Si au centre ville les menus sont plutôt occidentalisés, dans les quartiers,
beaucoup de tourne-dos essaient de se spécialiser. Dans les quartiers habités en
grande majorité par des anglophones comme à Melen, on trouve des restaurants qui
proposent par exemple du « Eru », sorte de feuilles gluante cuite avec de
l’huile de palme et du couscous de manioc. On peut également y manger du
« Ndjamandjama foufou corn », qui est une sorte de feuille cuite avec des
graines de courges accompagnée du couscous de maïs. Dans les quartiers Carrière,
Mokolo, Tsinga par contre, on peut manger du « condrè à la sauce jaune », de la
« banane malaxée », du Koki ou encore macabo râpé communément appelé
« koikoukou ».
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