Lydienne Eyoum
Aujourd'hui, le procureur général près le Tribunal criminel spécial va se prononcer sur les chefs d'inculpation retenus contre Lydienne Yen Eyoum, Polycarpe Abah Abah et Henri Engoulou dans l'affaire de détournement de deniers publics qui les oppose à l'Etat du Cameroun.
Après l'audition de Edouard Akame Mfoumou et de Michel Meva'a Meboutou, des témoins à charge, tous deux anciens ministre des Finances le procureur va vraisemblablement demander que les accusés soient maintenus dans les liens de l'accusation et qu’ils présentent leur défense. D'ores et déjà, Lydienne Eyoum, principale accusée a sollicité et obtenu des juges de se défendre sans l'assistance d’un avocat.
Cette affaire reprend au Tribunal criminel spécial au moment où la situation pénale de Lydienne Eyoum préoccupe de nouveau des autorités françaises. Le 4 mars dernier, quelques jours après la libération de Michel Thierry Atangana, Henri Leconte, sénateur français a évoqué la détention de la franco-camerounaise.
«Lors de mon passage à Yaoundé, j'ai constaté la situation de Mme Eyoum qui attend son jugement depuis des années dans des conditions très difficiles, qui atteignent à sa dignité. C'est une Française. J'espère que dans la foulée de la prise de conscience du Président Biya sur la situation de Michel Thierry Atangana, l'innocence de Mme Eyoum va être établie et sa libération va être faite très rapidement. Ce sera le parachèvement d'une belle séquence», a déclaré le parlementaire français en présence de la ministre des Français de l'étranger, Hélène Conway-Mouret.
1,077 milliards francs Cfa
Les médias français ne sont pas en reste de ce lobbying. Dans son édition du 7 mars dernier, voici ce qu'écrit le journal Libération: «Mais le maître de Yaoundé (Ndlr, Paul Biya) a aussi ses propres «otages»: d'abord ses anciens compagnons de route qui ont cru pouvoir entrer en dissidence et croupissent en prison à l'issue de procès éclairs. Mais aussi ceux qui ont eu le malheur d'approcher les anciens fidèles écartés. Comme Michel Thierry Atangana, qui travaillait dans le même service que Titus Edzoa.
Comme l'avocate Lydienne Yen Eyoum, Camerounaise devenue Française par mariage et qui travaillait pour l'ancien ministre des Finances Polycarpe Abah Abah, aujourd'hui incarcéré pour détournement de fonds.
L'histoire de cette avocate ressemble à celle d'Atangana. Accusée de détournements d'honoraires, elle est incarcérée depuis 2010 dans la prison centrale de Kondengui, tristement célèbre pour sa surpopulation et son insalubrité. «La libération d'Atangana a bien entendu redonner espoir», lit-on
Lydienne Eyoum est accusée d'un détournement de 1,077 milliard FCFA. Le litige trouve son origine dans la gestion de la liquidation de l'Office national de commercialisation des produits de base (Oncp). En effet, la Sgbc avait reçu des fonds issus de la vente des actions que cette entreprise publique détenait dans le capital d'une autre société, Barry Sa. Places dans le compte ouvert au nom de la liquidation de l'Oncpb, ces fonds, d'un montant de 3. 696 milliards FCFA avaient fait l'objet d'une querelle entre le ministère du Développement industriel et commercial et liquidateur.
C'est alors que la Sgbc aval, a décidé de placer la somme dans un compte interne à la banque. Ce qui a donné lieu à une bataille judiciaire entre la banque et le ministère des Finances, au bout de laquelle la mandataire, Me Lydienne Eyoum, va faire deux saisies dont celle de 2,155 milliards FCFA.
C'est la moitié de cette somme, soit 1, 077 qu'elle avait retenue qui est au centre du procès ouvert au Tribunal criminel spécial. Polycarpe Abah Abah, à l'époque des faits ministre des Finances et son ministre délégué d'alors Henri Engoulou répondent également de ce chef d'accusation.
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