En cette veille de rentrée scolaire, les étals des librairies font le plein de
livres : les trottoirs de Yaoundé aussi. Installés à même le sol, des vendeurs
de livres de seconde main encore appelés « livres du poteau », proposent
des manuels scolaires et des cahiers. « J’ai de très faibles revenus avec
cinq enfants en âge scolaire. Je suis venu changer les livres »,
explique par exemple M. Bilounga, un client qui justifie ainsi sa présence en
ces lieux.
En fait, l’échange de livres comme son nom l’indique, consiste à troquer un
livre contre un autre : à condition qu’ils aient la même valeur marchande. Cette
valeur étant fixée par le vendeur, il faut très souvent y adjoindre une certaine
somme d’argent : le vendeur estimant que le livre qu’il donne est plus coûteux
que celui que le client lui remet. Concrètement, lorsqu’un client apporte un
livre, le vendeur évalue le prix dudit livre sur la base de son état de
délabrement. Ce prix servira alors de base pour l’achat d’un autre livre.
Aurélie M. trouvée ce 27 Août 2009, chez Rodrigue un vendeur de livre au marché
Mokolo, souhaite changer des livres de la classe de cinquième pour ceux de
quatrième. Elle est en possession de 8 livres et voudrait en acquérir 11. Après
évaluation et marchandage, Aurélie doit donner la somme de 11.200 Fcfa en plus,
pour rentrer en possession de ses nouveaux livres. « Je suis satisfaite car
j’ai résolu deux problèmes en même temps. Je me suis débarrassée des anciens
livres et j’en ai acquis d’autres à des prix que je trouve raisonnable. S’il
avait fallu que j’aille à la librairie, je pense que j’aurais déboursé au moins
35.000 Fcfa », affirme-t-elle avec satisfaction.
Le marchandage est aussi l’une des caractéristiques de la vente des livres
usagers. Alors qu’en librairie on achète sans sourciller, la pratique veut que
le prix du livre vendu dans la rue soit systématiquement débattu. Face à cette
situation, des vendeurs mettent sur pied des stratégies pour continuer de tirer
profit de leur activité. « Nous avons ce que nous appelons le prix taxé. Il
est généralement très élevé. Après le marchandage du client, nous procédons à
une réduction afin qu’il achète le livre au prix réel de vente. Nous sommes
obligés de procéder ainsi pour ne pas vendre à perte, car les clients savent
qu’en venant chez nous, ils doivent automatiquement obtenir un rabais »,
explique Rodrigue. Il arrive tout de même que quelques clients se plaignent
d’avoir acheté un livre usagé, plus cher que le neuf. « Il faut toujours se
renseigner sur le prix du livre neuf avant de se rendre chez les vendeurs de rue »,
recommande Aurélie, qui dit avoir une bonne connaissance du milieu du « livre du
poteau ».
Grâce à ces atouts particuliers, le « livre du poteau » reste la seule chance
pour beaucoup d’élèves, de posséder leurs manuels scolaires.
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