Jean Awono Bikélé
Les populations de Nkolkosse, son village natal à quelques pas du chef lieu du
département de la Lékié Monatélé, sont toujours en état de choc. La même clameur
de désolation a retenti jeudi, 08 chez tous les proches du disparu au quartier
Emana à Yaoundé où, selon des témoignages concordants, il a été aperçu pour la
dernière fois vers 17h, mercredi, 07 janvier dernier. Au ministère des Finances
(Minfi) où il a longtemps servi à la porte 108 à la direction de la Comptabilité
de ce département ministériel, la nouvelle a été accueillie comme une onde de
choc.
Sur le lieu supposé du drame dans un bas-fond à l'arrière des habitations à
Emana (Monatélé) environ trois kilomètres de la concession familiale dans son
village natal, Nkolkosse, en dépit de la forte pluie qui s'est déversée dans la
localité dans la journée de jeudi dernier, le bain de sang reste bien
perceptible. "Ce flot de sang par terre, est la preuve qu'il a été tué sur
place. Des herbes des alentours du l'endroit où le corps a été retrouvé, en
portent des traces", commente un gendarme en service à la compagnie de
gendarmerie de Monatélé. Jean Awono Bikélé a été retrouvé totalement nu, les
pieds presque dans l'eau d'un cours d'eau et la tête ôtée du corps par des coups
de machette.
La violence des coups portés et la passable maladresse de son bourreau lui ont
provoqué, de grandes entailles au niveau de la mâchoire et de la poitrine. Une
image insoutenable qui a certainement perturbé même les enquêteurs de la police
et de la gendarmerie qui n'ont pu se saisir de sa chaîne assortie de deux
médaillons retrouvée sur le lieu du drame samedi, 10 janvier en fin de matinée.
"Il a dû beaucoup souffrir de cette cruauté apparente des assassins", croit
savoir un proche parent commentant les photos. Toujours est-il que le médecin
légiste d'Ebebda qui a procédé à l'autopsie indique que la victime a été tuée
vers deux heures, jeudi matin.
D'après différents proches, nommé comme percepteur des Finances dans l'ex
district d'Edzendoan dans le département de la Mefou et Afamba, M. Awono Bikélé
n'y était pas encore totalement installé. Il serait donc venu pour des raisons
professionnelles à Yaoundé en début de semaine dernière. Dans son entourage
familial, l'on assure qu'il a effectué un retrait d'argent au profit de sa
perception au cours de la journée de mardi. Avant son retour prévu jeudi pour
Endzendoan, le disparu a par ailleurs réglé quelques obligations personnelles et
familiales au cours de la journée de mercredi avant d'être appelé au téléphone
par "des prestataires", croit savoir une source policière qui cite des
témoignages concordants.
C'est après avoir protesté par rapport à ce coup de fil qu'il sera aperçu au
lieu dit Mobile Emana à Yaoundé, dans l'attente disent certains témoins, de
quelqu'un. Armé d'un sac et d'un bidon, on le retrouvera étendu sur la pierre au
bord d'un ruisseau à Emana (Monatélé), le lendemain, sans vie. Sur les mobiles
de ce crime, les supputations vont bon train. Des indiscrétions proches de
l'enquête épousent une version répandue au sujet d'une dame qui aurait sollicité
de Jean Awono Bikélé deux paiements d'une valeur totale de 60 millions de Fcfa
répartis en deux factures, de 40 et 20 millions respectivement contre une
rétribution de dix millions. Face au refus catégorique du percepteur qui aurait
préalablement fait le constat de faux documents, la dame aurait promis d'avoir
sa tête.
Toujours est-il que pour nombre d'observateurs, cette mort violente qui l'a
transporté de Yaoundé pour son village natal revêt également les allures d'un
rituel. Les partisans de cette thèse en veulent pour preuve, le choix de
l'endroit (le bord du cours d'eau) où le crime a été commis. Mais aussi, les
vêtements emportés du disparu et surtout, l'abandon sur le sentier de sa carte
nationale d'identité. En attendant les résultats de l'enquête ouverte, la vie de
Jean Awono Bikélé n'aura pas été un long fleuve tranquille. Agé de 50 ans
presque, il y a quelques années, ce père de famille a vu sa maison complètement
consumée au quartier Emana. L'on signale également, la disparition, il n'y a pas
très longtemps d'un stock de vignettes de l'exercice 2007, d'environ 10 millions
de Fcfa.
Source :
Mutations
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