Les auto-écoles au Cameroun sont devenues d'une utilité contestable
"Il y a belle lurette que le permis de conduire au Cameroun n'a plus de valeur.
Et pour cause, il n'y a pas de différence entre celui qui l'achète et celui qui
réussit à son examen puisque même ce dernier est soumis à la corruption",
affirme Dieudonné Nyoumssi, Pdg des Autos-écoles françaises du Cameroun (Afc). Il
déduit que dans ces conditions, " il n'y a plus de mérite puisqu' au finish, chacun
paie un prix pour se faire délivrer un permis de conduire ". Une situation
qui a fini par gangrener toute la filière et jeter un voile de soupçon sur tous
les permis de conduire. Puisque des autos-écoles aux cadres du ministère du Transport,
en passant par les conditions d'examination, aucun maillon de la chaîne n'est épargné.
Sur le terrain, le constat est alarmant. Les formations sont de plus en plus dévoyées.
Ce d'autant que dans le secteur, plus de la moitié des autos-écoles existantes sont
illégales selon les opérateurs. " On les reconnaît à leurs prix de formation défiant
toute concurrence", déclare un expert. Plus encore, relève-t-il, plusieurs
autos-écoles ne disposent pas du matériel nécessaire pour assurer une formation
adéquate. C'est le cas pour les permis de catégories C et D. Le Pdg du groupe des
autos-écoles françaises revendique être le seul disposant des véhicules (minibus
et camion) appropriés pour assurer la formation des candidats aux permis de conduire
pour ces catégories.
" A la délégation des Transports lorsqu'une auto-école concurrente présente un candidat
pour ces catégories, on le renvoie sous le prétexte que seule l'auto-école française
y est habilité. Mais cela ne relève que des artifices pour monter les enchères
", dénonce Dieudonné Nyoumsi. Curieusement, les responsables compétents du ministère
des Transports délivrent régulièrement et à la pelle des permis dans cette catégorie
et bien d'autres sans que les candidats soient présentés par l'auto-école présentée
comme seule compétente. Le représentant d'Area, une compagnie d'assurance, rappelle
que les examens du permis de conduire devraient être théoriques et pratiques. "
C'est un instrument de la circulation d'où son importance, malgré les contours qui
entourent son obtention ". Les auto-écoles déplorent aussi le fait qu'lles
ne sont pas intégrées dans le jury d'évaluation des candidats et que les candidats
sont évalués avec un matériel dépassé alors qu'ils sont formés avec du matériel
de pointe.
La sécurité routière souffre de ce phénomène
Plus grave, les tests médicaux que doivent subir les candidats handicapés ou les
candidats de 55 à 60 ans pour renouveler leurs permis ne sont jusqu'ici pas exigés.
Seul compte, le pot de vin. 15 000 Fcfa au lieu de 6 000 Fcfa pour le renouvellement,
et 7 000 à 12 000 Fcfa au lieu de 5000 Fcfa pour le retrait d'un nouveau permis.
Et Dieudonné Nyoumsi de conclure : " Le ministère des Transport est le plus corrompu
du gouvernement, c'est celui où tout se paie ".
Les conséquences de toutes ces dérives sont fâcheuses. Car c'est la source de la
majorité des accidents de circulation qui fait 2 000 morts, 4000 blessés, 47 millions
Fcfa de frais de sinistre et près de 3 milliards francs Cfa de dépenses à l'Etat
par an selon les statistiques officielles. " Les accidents de la route sont majoritairement
dus à la mauvaise conduite ", soutient Sabine Ombang, la représentante
de la Fondation Jane and Justice qui oeuvre dans la sécurité routière. Des constats
qui sur le plan touristique, rendent le Cameroun une destination peu recommandée.
" Car beaucoup de touristes meurent sur nos routes ", soutiennent les pénalistes.
Raison pour laquelle, le permis de conduire camerounais, n'est plus convertible
dans l'espace Schengen.
Source :Le Messager
|