Selon des informations puisées à bonne source, tant au niveau du personnel que de l’entreprise Tic Le Bus, dès le 7 mars prochain, 150 personnels seront mis en congé technique. La situation du parc automobile, la maintenance des véhicules, la disponibilité des pièces de rechange, les tensions de trésorerie, l’absence du fonds de roulement, et bien d’autres problèmes, sont à l’origine de cette situation qui, selon des cadres de l’entreprise rencontrés au siège, dure depuis des années.
« L’activité baisse, nous ne faisons plus de bénéfices, les gens ne travaillent pas mais la société est obligée de les payer ; actuellement nous sommes au deuxième mois sans salaire. Tous ces éléments mis bout à bout font que l’entreprise ne tourne plus à plein régime et nous contraint à des réductions de charges que malheureusement on n’avait pas envisagées jusqu’ici», explique un responsable de cette entreprise sous anonymat.
Pour les employés, le départ en congé technique ne devrait cependant pas concerner uniquement les postes d’ouvriers. Car, suivant des sources internes, les chauffeurs, les receveurs et les contrôleurs constituent le gros des effectifs à congédier. «Il faut aussi que les cadres soient frappés par le congé technique ; ils sont dans leurs bureaux climatisés et disent qu’ils travaillent beaucoup alors que ce sont les employés qui vont sous le soleil qui font rentrer de l’argent dans l’entreprise», indique un chauffeur qui ne décolère pas. Mais à la direction générale, l’on explique que le niveau de responsabilités n’est pas le même entre un cadre du département des finances par exemple et un chauffeur ou un receveur. «Il y a des gens qui viennent ici chaque matin et qui rentrent chez eux sans travailler parce qu’ils n’ont pas trouvé de bus à conduire. Ce n’est pas de leur faute, c’est vrai ; mais ceux-là on peut les mettre en congé technique à la différence d’un cadre de la comptabilité ou des finances qui, tous les jours, doit répondre des soucis financiers ou comptables qui peuvent survenir», temporise un cadre.
Les raisons fondamentales de cette descente aux enfers se trouvent selon la direction générale dans le surnombre des effectifs de l’entreprise. «Les normes internationales en matière de gestion des transports urbains exigent que l’on ait six employés pour un bus. Mais actuellement à Tic Le Bus, nous n’avons plus que 20 bus qui roulent pour 428 personnels. Et tous les rapports de réunion que nous avons tenues avec le gouvernement mentionnent qu’il y a déséquilibre entre le parc automobile et le nombre d’employés», souffle un employé. Au lancement de l’entreprise en 2006, elle comptait 47 bus neufs pour plus de 500 employés. Et, selon un responsable de l’entreprise, les pertes enregistrées par l’entreprise en 2007, s’établissaient à 1,7milliard de Fcfa. «Depuis 2009, nous faisions des bénéfices de plus de 900 millions de Fcfa ; ce qui a d’ailleurs contribué à l’achat des bus de seconde main», souligne un responsable.
Aujourd’hui, Tic Le Bus, malgré l’acquisition de 38 bus de seconde main dont les 20 derniers sont arrivés en janvier 2012, ne dispose plus que de 20 bus. Une situation qui trouve son origine dans l’absence de financement de l’entreprise par les actionnaires depuis les fonds injectés par la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (Csph) au lancement. «Nous pensions que les actionnaires, face à la dégradation du parc automobile, réagiraient à ce problème. Mais, contre toute attente, ils n’ont rien fait et nous avons été obligés de puiser dans nos fonds propres pour acquérir ces 38 avec le concours d’Ecobank à plus d’un milliard de Fcfa. Aujourd’hui, nous faisons face à un problème de pièces de rechange que nous avons commandées voici un an et qui sont bloquées au port d’Anvers en Belgique pour 250 millions de Fcfa ; nous supportons même déjà les frais de gardiennage pour ces containers qui auraient dû arriver ici depuis plus d’un an. Faute de moyens, nous ne pouvons rien», avoue-t-on à la direction générale.
A quelques heures du conseil d’administration prévu ce jour, l’entreprise a décidé de réduire ses charges en supprimant plus de 30 postes de dépenses. Ce qui fait une économie de 965 millions de Fcfa, soit près de la moitié des charges globales annuelles. Au-delà des problèmes économiques, Tic Le Bus fait également face à des problèmes de gouvernance. Il n’y a pas longtemps, des décalages importants furent découverts dans la fourniture du carburant à l’entreprise. Les pertes estimées par l’entreprise furent estimées à plus de 100 millions de Fcfa.
La subvention d’équilibre de 420 millions de Fcfa versée trimestriellement ne parvient plus à résoudre les difficultés de l’entreprise. Pour la direction générale, il faut investir dans l’achat de nouveaux bus et des pièces de rechange.
|