Les jours d'Eto'o au FC Barcelone seraient comptés
Cela se susurrait depuis quelque temps déjà. C’est désormais officiel. Lors de sa
présentation officielle hier mardi, Josep Guardiola, le nouveau patron du banc de
touche du Fc Barcelone a annoncé à la presse qu’il ne comptait pas sur l’attaquant
camerounais pour la saison prochaine. Sont également concernés par ce départ, le
Brésilien Ronaldinho et le Portugais Deco. « Nous envisageons l’effectif sans eux
», a déclaré Josep Guardiola. Pour remplacer le buteur camerounais, le technicien
espagnol, ancienne star du Barça et entraîneur de l’équipe réserve avant sa nomination
à la place du Néerlandais Frank Rijkaard pour un contrat de deux ans, cherche un
avant-centre « qui soit très bon et complémentaire » avec l’attaquant français Thierry
Henry et la valeur montante du club Bojan Krkic. Pour justifier ces trois départs,
Josep Guardiola qui évoque « des questions de rendement », axe son bail
aux commandes de l’équipe sur le triptyque « Travail, effort et talent ».
A cet effet, il n’est pas tendre avec Ronaldinho très critiqué cette saison. «S'il
en ressentait l'envie, s'il sentait qu'il peut redevenir le joueur qu'il a été,
peut-être qu'on pourrait y réfléchir. Mais les circonstances sont ce qu'elles sont
(...) C'est fondamental. Si nous ne bétonnons pas cet aspect, nous serons moins
forts. Et si Ronnie en était conscient, il serait avec nous.» Pour sa part,
Deco avait annoncé depuis environ un mois, sa décision de quitter le club catalan.
Il en va autrement pour Eto’o qui déclarait encore le 4 juin dernier « être toujours
sous contrat avec Barcelone » au cours d’un entretien sur la Crtv-télé. Certes,
le Lion Indomptable revendique un temps de jeu plutôt infime cette saison. La faute
à une longue blessure qui l’a éloigné des terrains pendant plusieurs mois. Malgré
son absence, Samuel Eto’o a fait parler la poudre, réussissant à marquer plus de
buts en moins de matches que ses coéquipiers de l’attaque, dont Henry. « C’est vrai,
recconnaît-il, je peux faire mieux. Mais si c’est le blessé qui revient et marque
plus de buts que ceux qui sont supposés être en pleine forme, c’est qu’il y a un
problème », expliquait le Pichichi (meilleur buteur de la Liga, Ndlr) 2006
dans l’entretien sus-mentionné. Quel peut donc être ce problème que Eto’o évoque
?
Ce ne peut être la « question de rendement » brandie par Josep Guardiola
car, poursuivait le joueur camerounais au cours du même entretien : « En 17 matches,
j’ai marqué 16 buts. Qu’est-ce qu’on demande à avant-centre ? », s’interrogeait-il
avant de répondre lui-même : « Ce sont des buts ». Alors ? De toute évidence,
la raison, s’il en existe, est ailleurs. Pour le moment, l’entraîneur ne se montre
pas très bavard sur la question. « C’est le meilleur pour l’équipe », se
borne-t-il à dire en parlant du départ d’Eto’o. Selon des analystes, Josep Guardiola
voudrait éviter d’être confronté à des problèmes tels que ceux connus par le vestiaire
barcelonais la saison dernière. On se rappelle que cette cacophonie, qui avait étalé
au grand jour les divisions au sein du club, était l’une des causes de la saison
foireuse d’une équipe pourtant bourrée de talents. Grande gueule, indexé par certains
comme l’un des responsables de ce désordre, Samuel Eto’o Fils paye-t-il le prix
de sa liberté de ton dans un monde où les galons ne s’acquièrent pas seulement au
rendement sur le terrain ? C’est une piste de lecture possible. Le joueur évoque
« ces clubs des championnats huppés : anglais, italien et, pourquoi pas espagnols
», comme probables points de chute.
Eto'o a pourtant des statistiques impressionnantes pour cette saison
Dans la légende
« Ils ne peuvent pas faire ça à Eto’o. Pas après ce qu’il a fait pour le
club ». Sincèrement indigné, Christian Pouga, néo-Lion
Indomptable appelé récemment par Otto Pfister dans le cadre des éliminatoires Can/Mondial
2010, n’en revient pas du traitement réservé à Samuel Eto’o Fils par les socios
du FC Barcelone, au Camp Nou. Là, dans cet antre où il a soulevé les foules, Samuel
Eto’o Fils est proprement hué par des supporters très remontés. Ceux-ci, ayant visiblement
la mémoire courte, lui reprochent d’avoir simulé une blessure afin de ne pas prendre
part 5 jours avant, au clasico contre l’ennemi juré de Madrid perdu par le Barça,
1 but contre 4. Ce 11 mai 2008, le Fc Barcelone, malgré ses deux buts d’avance,
se fera rattraper puis devancer par le Real Majorque. « Injuste », tranche
notre interlocuteur. Ainsi se termine la belle histoire entre le joueur surdoué
et le club. De triste façon.
Lorsqu’il débarque en Catalogne en 2004, Eto’o n’est pas un illustre inconnu. Sur
le plan international, il a déjà participé à deux phases finales de coupe du monde
(1998 et 2002), trois phases de Can dont deux trophées remportés, il est médaillé
d’Or au Jeux olympiques. Dans son club de Majorque, il est déjà le meilleur buteur
de l’histoire de ce petit club avec 54 buts inscrits en 4 saisons… Transféré au
Barça pour un montant de 24 millions d’euros, les performances de l’attaquant confortent
les dirigeants et séduisent rapidement les socios qui l’adoptent. Pour sa première
saison, le Camerounais inscrit 25 buts en championnat, ratant de peu le titre de
meilleur buteur. Il lui faudra juste 67 matches pour atteindre le cap de 50 buts
et entrer dans le cercle très fermé des légendes du club. On est alors en pleine
saison des amours. Les titres s’amoncellent : deux titres de champions d’Espagne,
une Champion’s league et deux Super coupe d’Espagne. L’attaquant camerounais devient
alors « intransférable » selon le président du club Joan Laporta qui repousse toutes
les offensives visant à débaucher sa « perle ». Mais voilà, de gros nuages ont obscurci
le ciel des relations entre le club et son attaquant. Qui font désormais que la
cohabitation n’est plus possible ?
Source : Le Messager
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