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        Sous un soleil de plomb, un jeune homme est couché par terre. Il 
        porte une culotte et est torse nu. Une grande bande collante occupe plus de la 
        moitié de sa poitrine et elle est imbibée de mercurochrome pour faire croire à 
        un saignement. A coté de lui, se trouvent une pancarte qui indique « S’il 
        vous plait aidez-moi j’ai besoin d’argent pour me faire opérer d’urgence », 
        ainsi qu’une petite assiette. Le faux malade ferme les yeux et gémit pour 
        susciter la compassion des passants. Au fur et à mesure que les pièces 
        atterrissent dans son assiette, il les récupère et les enfouit dans sa culotte. 
        Après trois heures de temps environ, il se lève, ramasse son matériel et va se 
        positionner à un autre carrefour. A longueur de journée, il sillonne ainsi les 
        marchés, les abords des hôpitaux et des pharmacies, les ministères, les églises 
        et les mosquées. Il modifie le message de sa pancarte au fur et à mesure qu’il 
        change d’emplacement. Finie l’époque du faux aveugle qui tend la main pour 
        demander de l’aide, les escrocs affinent leurs techniques de mendicité. 
         
        D’autres se tiennent à un carrefour ou dans une rue très fréquentée. On voit 
        alors un Monsieur bien habillé avec parfois une mallette en main. Dès qu’il 
        aperçoit un passant, il s‘approche et salue poliment : « bonjour monsieur ». 
        Il s’excuse de déranger le passant puis lui expose son problème : « s’il vous 
        plait j’ai perdu mon portefeuille, j’ai juste besoin de 100 Fcfa pour prendre 
        mon taxi », dit-il. Après avoir reçu la pièce de 100 Fcfa, il remercie et fait 
        semblant de s’en aller puis revient attendre un autre pigeon. Au début ce 
        n’étaient que des jeunes hommes qui se livraient à ce manège. Aujourd’hui, on y 
        retrouve des femmes portant des bébés, des vieillards avec des cannes en main ou 
        même des fausses femmes enceintes. « Ce phénomène a tellement pris de 
        l’ampleur qu’on ne sait même plus qui a vraiment besoin d’aide », constate 
        M. Belinga un sociologue. 
  
                                                                                                 
                                                												
                                                
        Une catégorie de mendiants est constituée de parents 
        irresponsables. Une mère accompagnée de 5 à 6 enfants en bas âge s’assied à un 
        carrefour. Elle pose devant elle un écriteau qui dit : « Je suis veuve, s’il 
        vous plait ayez pitié de ces enfants ». Le message de la pancarte peut 
        varier d’un jour à un autre. Il y a également l’enfant guide d’aveugle qui 
        attend ses clients au niveau des feux de signalisation. Dès que le feu passe au 
        rouge, il tient son père d’une main, une assiette de l’autre main et demande 
        l’aumône aux passagers des véhicules. Certains couples s’installent au bord 
        d’une route et envoient leurs enfants mendier. Une fois que l’enfant reçoit de 
        l’argent, il vient le remettre à ses parents et repart chercher de nouveaux 
        donateurs. 
         
        Certains mendiants sont plus subtils. Ils forment un groupe de 3 à 4 personnes 
        et commencent à boucher les nids de poule qui sont si nombreux sur nos routes. 
        Pendant ce temps, ils dressent une barrière. A chaque conducteur de véhicule qui 
        passe, ils disent : «  grand encouragez nous, on arrange la route pour vous ». 
        Une fois la journée terminée, ils débouchent les trous qu’ils ont faits semblant 
        de boucher durant la journée et le lendemain, ils cherchent une autre route 
        impraticable avec des trous à boucher. 
         
        La mendicité est un phénomène qui a pris de l’ampleur au Cameroun. Dans cette 
        activité, les enfants sont de plus en plus utilisés comme appâts, au vu et au su 
        des autorités nationales. Ces enfants sont sortis très tôt du système scolaire 
        pour arpenter les rues à longueur de journée. Le risque qu’on court est de se 
        retrouver dans quelques années, avec une génération de jeunes non scolarisés, 
        mal socialisés et n’ayant pas intégré en eux la notion de travail ou de 
        débrouillardise. 
  
                                                												
                                                
  
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