En marge des célébrations du cinquantenaire de l'indépendance camerounaise, plusieurs chefs d'Etas africains étaient présents à Yaoundé pour une conférence baptisée Africa21 ayant lieu les 18 et 19 Mai 2010.
Ali Bongo (Gabon), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Fradique de Menezes (Saom Tomé et Principe), Boutros Boutros Ghali, Koffi Annan (anciens SG ONU) et beaucoup d'autres personnalités étaient réunies à Yaoundé pour la conférence qui avait pour but de faire le bilan des réalisations depuis les indépendances africaines et de jeter un regard sur les défis attendant l'Afrique pour les années, voire décennies à venir.
Dans son discours d'introduction, le président de la République camerounaise a invité l'assemblée à jeter un regard introspectif sur les 50 années passées, 1960 correspondant à la date à laquelle une très grande partie de pays africains ont obtenu leur indépendance.
D'après l'hôte de la conférence, l'heure n'était pas à analyser le bien-fondé de ces fameuses indépendances, ni de savoir à qui, à l'Europe ou à l'Afrique elles avaient profité. Un retour en arrière étant impossible, l'indépendance est aujourd'hui impossible selon Paul Biya, et donc un état de fait avec lequel il faut composer et dont il faut essayer de tirer le meilleur parti possible sans parler de Françafrique ni se demander de quelle volonté a émané l'évolution politique des états africains.
Dans le bilan dressé par Paul Biya, qui a considéré le Cameroun comme un aîné, le pays de Roger Milla étant en effet le 1er à avoir obtenu son indépendance en 1960, le chemin parcouru, s'il est insuffisant, est largement appréciable au vu de la situation de départ, où il a fallu bâtir à partir de rien et avec des ressources humaines et intellectuelles limitées, dans une conjoncture globale pas forcément favorable ; dans ce contexte, le Cameroun a réussi à faire en quelques années ce qui a nécessité beaucoup plus chez d'autres : le multipartisme, une stabilité politico-sociale, et un système éducatif.
Pourtant, malgré le discours et la présence de nombreux décideurs français, Africa21 n'a pas séduit au Cameroun, où on a vu d'un mauvais œil la présence de Michel Rocard, Alain Juppé, et d'autres accusés d'avoir bâti cette Françafrique que Paul Biya a choisi d'ignorer dans son discours. Un avis bien illustré par Pius Njawé, directeur de publication du Messager qui a déclaré que Africa21 n'était qu'une façon de plus de se donner bonne figure auprès de l'Occident, et non pas une volonté de mettre le Cameroun et l'Afrique face aux challenges qui les attendent.
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