Selon les informations recueillies à la brigade de gendarmerie de Mendong, cinq
cas d'inceste ont été enregistrés durant l'année 2007. Ici comme au commissariat
de Mokolo, les cas notés sont à la base des viols impliquant un membre de la famille.
Jean Pierre Edjoa, le délégué provincial des Affaires sociales pour le Centre estime
à 20, le nombre de cas d'inceste enregistrés en un an dans ses services : " Ce chiffre
est largement inférieur à la réalité si l'on considère que la plupart des cas d'inceste
ne sont pas signalés. De plus, ces 20 cas sont ceux impliquant les enfants, car
nous sommes responsables de la protection de l'enfance ", explique -t-il.
Si le phénomène de l'inceste reste un tabou, certains protagonistes et victimes
osent en parler. Ainsi après plus de cinq années de silence, Alice (prénom d'emprunt,
ndlr) a eu le courage de confier à sa sœur que pendant deux ans, elle
a entretenu des rapports intimes avec son frère aîné, à l'insu de tous. " Mon attirance
pour mon frère a été plus forte que l'interdit ", a-t-elle avoué. En avril
dernier, une fillette de 9 ans a été transportée aux urgences de l'hôpital Central
de Yaoundé par ses parents. Elle avait été violée par son oncle maternel âgé de
18 ans, au quartier Mballa II. Selon nos informations, la fillette avait, par le
passé, plusieurs fois, accusé son oncle d'attouchements sexuels. Mais sa mère l'a
battue, lui attribuant des pensées " diaboliques ".
Le problème de l'inceste se vit douloureusement dans les familles qui, au départ,
ont souvent du mal à l'accepter. Selon les psychologues, cette douleur peur entraîner
des traumatismes et des névroses chez la victime, aussi bien que chez les témoins.
Aussi développent-ils souvent des stratégies pour pouvoir assimiler cette réalité,
la négation étant la première réaction et l'évocation du mystique la seconde. En
général, " les familles préfèrent gérer le problème elles-mêmes, ne pas ébruiter
l'affaire, au risque de jeter l'opprobre sur elles. Aussi, les rares cas portés
à notre connaissance le sont par des tiers extérieurs à la famille. Ce silence est
d'ailleurs l'un des plus grands obstacles à notre combat contre l'inceste
", explique Jean Pierre Edjoa.
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