« La
démocratie, c’est aussi la préservation de la fortune publique. C’est pourquoi
nous avons entrepris de lutter sans merci contre la corruption. Qu’on ne
s’attende pas à ce que nous nous arrêtions en chemin. Nous irons jusqu’au bout,
quoi qu’en disent certains ».
Hier en fin de matinée au Palais de l’Unité, au cours de la cérémonie de
présentation des vœux des différents corps constitués nationaux, évènement qui a
succédé à celle du corps diplomatique, cette phrase du message a pris toute sa
dimension. Aux aurores de ce 6 janvier 2010, Paul Biya est passé aux actes.
Haman Adama et Ntongo Onguene, respectivement ex-ministre de l’Education de base
et ex-directeur général des Aéroports du Cameroun (ADC) ont été cueillis par les
forces de l’ordre.
Les éléments de la Direction de la police judiciaire du centre se sont présentés
au domicile de madame Haman Adama au quartier résidentiel du Lac aux environs de
5h30. Malgré l’heure matinale, la maîtresse des céans était réveillée et avait
même déjà fait sa prière selon nos sources il semblerait même qu’elle
s’attendait à cette visite depuis quelques mois. Et davantage après le message
de Paul Biya évoqué plus haut.
Presque à la même heure, des éléments du
groupement spécial d’opérations (GSO) de la police armés jusqu’aux dents se
pointaient au domicile de Ntongo Onguene, l’ex-directeur général des Aéroports
du Cameroun situé à l’autre bout de la ville, au quartier Odza, dans la banlieue
de Yaoundé, non loin du lieu dit Club BEAC. Le patron des lieux qui s’y
trouvait, a été prié de suivre les policiers qui l’ont conduits à la Direction
de la police judiciaire au quartier Elig Essono où il a retrouvé madame Haman
Adama.
Pour le moment, il est encore très tôt pour savoir avec exactitude ce que la
Justice leur reproche. « Ordre
a été donné par le procureur de la République de les interpeller. Nous avons
fait le travail et attendons le signal du parquet qui peut à tout moment
demander qu’ils soient déférés », a lancé un officier de police en
direction d’un des avocats qui voulait en savoir davantage. Toutefois, il est
évident que leur arrestation est liée à la gestion des structures dont ils
avaient respectivement la charge (voir encadrés). Mais il ne s’agit encore là
que de conjectures de journaliste. Pour être définitivement fixé, il faudra
attendre la fin des enquêtes préliminaires et éventuellement de l’instruction
judiciaire.
La manière avec laquelle dont les deux personnalités ont été arrêtées indique
qu’elles ne rejoindront pas de sitôt leurs domiciles respectifs. Par
ailleurs, elles ne seraient pas les seules proies du rapace. Des sources
policières, plusieurs de leurs collaborateurs directs (il est difficile de
déterminer le nombre. On parle d’une dizaine ou d’une quinzaine) ont été aussi
arrêtés à la suite de Haman Adama et Ntongo Onguéné. Des sources non officielles
proches du sérail parlent d’une liste de 19 hautes personnalités (dont trois
ministres encore en fonction) qui pourraient être interpellées dans les
prochains jours. A suivre donc.
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