Les opérations de contrebande gagnent en puissance
13 milliards de Fcfa : c’est la somme que perdent les
caisses de l’Etat camerounais chaque mois du fait de la contrebande. Information
révélée lundi 27 octobre 2008 par le responsable d’une mission d’exploration de
la lutte contre le commerce illicite du Groupement inter patronal du Cameroun
(Gicam) dans les trois provinces septentrionales. Courant août 2008, Mme Minette
Libom Likeng a effectué une descente sur le terrain dans cette partie du
Cameroun. Après avoir parcouru cette région, elle a pu prendre la mesure des
difficultés qui handicapent le bon fonctionnement de ses services que sont les
secteurs, les bureaux principaux, les bureaux secondaires, les brigades mobiles
et les postes de douane. La directrice générale des douanes n’a pas manqué de
saluer les performances des unités en matière de recouvrement des recettes
douanières. Au regard du manque à gagner signalé par le Gicam, l’on peut
valablement soutenir que les droits de douane effectivement payés par les
importateurs dans cette région du Cameroun auraient pu être plus consistants,
n’eut été la contrebande.
Que fait donc l’administration douanière pour rendre plus efficace le
recouvrement des droits de douane dans le septentrion ? Pas grand chose si l’on
s’en tient aux conclusions de la mission d’exploration. D’ailleurs, un
inspecteur des douanes sous le saut de l’anonymat indique que tout se passe
comme si en dehors des secteurs de douane du Littoral I et II, des aéroports de
Douala et de Yaoundé les autres services extérieurs n’existent pas. “ On note
l’insuffisance de personnel de moyens matériels, la vétusté des locaux dans
certaines localités, l’insuffisance de personnel de terrain d’où une certaine
démobilisation et une démotivation des agents… ” Le déséquilibre entre les
moyens et les conditions de travail des douaniers sur le terrain concoure à la
démotivation de certains agents qui glissent rapidement vers des actes
répréhensibles tels la corruption, le racket des commerçants et la protection
des contrebandiers. La mission d’exploration va dans le même sens et note que
plusieurs unités actives ne disposent pas de véhicules ni de motos appropriés.
Moyens humains et matériels
Pourtant, les résultats de ces services auraient pu être meilleur si les
gabelous en activité dans cette région avaient les moyens de leur politique.
Illustration : En décembre 2007, la direction générale des Douanes institue dans
le grand Nord une équipe dénommée Task Force dotée des moyens humains et
matériels. “ Les résultats de cette Task Force ont été édifiants. Les recettes
du grand Nord ont été quadruplées, preuve que la dotation des unités actives en
moyens financiers et humains aboutiraient à de bonnes performances… ”
Et à la
subdivision active de Kousseri, l’on souhaite que ce dispositif soit permanent.
Pour mesurer l’archaïsme du fonctionnement des services de la douane dans la
province de l’Extrême nord, l’on apprend que la méthode d’évaluation des droits
douaniers est bien différente des procédures usitées dans les secteurs du
Littoral I et II pour ne citer que ceux-là. “ L’unité d’évaluation des
marchandises est le moyen de transport : pick-up, camion de 6 roues, camions de
10 roues, semi remorques. Quelle que soit la nature des marchandises contenues
dans ces véhicules, il n’est pas envisageable de les fouiller. Et ce sont des
dizaines voire des centaines de millions de Fcfa qui échappent à la Douane… ”
Note Abraham Kuate, responsable de la lutte contre le commerce illicite du Gicam.
La police et la gendarmerie, chargées de prêter main forte n’agissent qu’en cas
de réquisition expresse des autorités administratives. Et dans certains cas,
certains contrebandiers jouissent d’une protection dans les hautes sphères de
l’appareil étatique. En conclusion, améliorer les recettes douanières dans la
partie septentrionale du Cameroun, combattre durablement la contrebande
reviendrait simplement à apporter des réponses idoines aux problèmes relevés sur
le terrain par la mission d’exploration du Gicam et quelques douaniers
rencontrés par le reporter. Source : Le Messager
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