Manque de cohésion dans la populatiopn des moto taximen
" Celui qui va ramener l'ordre dans les rangs des Benskineurs n'est pas encore
né. Nous ne nous reconnaissons pas dans les propos des soi-disant président de
syndicat ". Cette déclaration d'un conducteur de moto taxi renseigne sur
l'ambiance bruyante qui régnait hier, mercredi 7 janvier, à l'esplanade du stade
omnisports de Bépanda à Douala. Le vacarme des klaxons de motos couvrait à peine
celui des voix des deux cents conducteurs ayant répondu à l'appel lancé par
Fongang Sagbang, président d'un des nombreux syndicats de conducteurs moto
taximen.
D'après la banderole brandie par les motocyclistes, la cette mobilisation avait
pour but de formuler des doléances au Premier ministre pour la révision du
décret réglementant leur activité. Avant de débuter leurs assises, ils ont
éloigné les confrères de Canal 2 International et de Cameroon radio television
(Crtv). Les premiers, disent-ils, rapportent que les " Benskineurs " gagnent
cinquante mille francs Cfa par jour et les seconds sont des émissaires du parti
au pouvoir.
Dans le brouhaha des conversations, on retient que les conducteurs de motos
taxis protestent les nouvelles mesures réglementant leur activité. " Nous sommes
d'accord pour payer l'impôt libératoire, la vignette, l'assurance. Mais pas
question de payer toutes les taxes supplémentaires que le Premier ministre a
ajoutées à la liste. D'ailleurs, à la mairie de Douala Ier, l'impôt libératoire
s'élève à 2.500 Fcfa, dans certaines communes, il coûte 2.000 francs Cfa. Est-ce
à croire que ce prix varie d'une mairie à une autre ?", s'interroge un
motocycliste, sous le soleil pointant de l'esplanade Omnisports.
Dans la foulée, un autre pense que toutes les mesures du Premier ministre visent
simplement à éradiquer le phénomène " Ben skin " au Cameroun. " Ils n'ont qu'à
nous trouver des emplois. Au lieu de nous charger des contraintes qu'on ne
pourra pas respecter faute de moyens financiers ", déclare t-il avec énergie.
En effet, un récent décret du Premier ministre, Inoni Ephraïm, fixant les
conditions et modalités d'exploitation des motocycles à titre onéreux, stipule
entre autres que " l'accès à la profession de moto-taxi est subordonnée à la
détention d'un certificat de visite technique et d'une police d'assurance en
cours de validité ". D'autre part, "toute moto-taxi doit disposer d'un casque
pour le conducteur et d'un autre pour le passager ".
Pour crier leur exaspération, chaque conducteur s'improvisait orateur. Les
pose-pieds de motocycles servaient ainsi de tribune à qui voulait prendre la
parole. Lorsque les déclarations d'un orateur ne vont pas dans le sens des idées
de ses interlocuteurs, celui-ci était prié de descendre de son piédestal. "
Tu
ne dis rien, descends ", pouvait-on entendre de temps en temps. Ainsi, les
apprentis leaders se sont succédé. Même M. Fongang, qui a convoqué ses
camarades, n'a pas trouvé de mots pour venir à bout de la cacophonie ambiante.
Une heure plus tard, la réunion des "Benskineurs " s'achevait en queue de
poisson.
Source :
Mutations
|