Paul Biya, président du Cameroun
Dieu n’oublie personne. La nomination de Joseph Fofe Tapydji au poste d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Cameroun en République centrafricaine avec résidence à Bangui, en est une preuve. Dix ans après l’avoir limogé du gouvernement, le 7 décembre 1990 de retour du mondial italien où les Lions Indomptables se faisaient éliminer en quart de finale par l’Angleterre. Pendant que tout le monde entier célébrait cette performance héroïque, le ministre camerounais de la Jeunesse et des sports, Joseph Fofe Tapydji, payait les frais d’un scandale financier qui avait émaillé cette expédition italienne.
Le bonheur appartenant à ceux qui savent l’attendre, Joseph Fofe Tapydji, ancien compagnon de vélo de Paul Biya vers les années 1975, a rongé ses freins jusqu’à épuisement avant de retrouver son sourire aujourd’hui. «Chaque fois que je me lève le matin, je regarde du côté du palais de l’Unité, espérant que le président m’appellera un jour », avait confié Joseph Fofe Tapydji à la Crtv-Télé, il y a quelques années. Ce jour est donc arrivé pour ce cadet de Paul Biya dont il fait la connaissance au Lycée général Leclerc de Yaoundé entre 1949-1956. Mais pour y arriver, il a fait feu de tout bois. Joseph Fofe Tapydji s’était rendu en août 1992 à Mvomeka’a aux obsèques de Jeanne Irène Biya où il a pleuré plus que le chef de l’Etat affligé. Mais il n’avait pas eu ce qu’il escomptait. Sans se décourager, ce fils des Bamboutos né novembre 1936 à Dschang était presque devenu la mascotte du Rdpc dans tous les combats dans sa région natale.
Le grand sursaut
Mais la traversée du désert restera rude pour ce conseiller médical à l’hôpital central de Yaoundé (1983-1984), fait ministre du Travail et de la prévoyance sociale du 4 février 1984 au 24 août 1985 et ministre de la Jeunesse et des sports du 21 novembre 1986 au 7 décembre 1990. Il avait pourtant entamé une belle carrière dans les hôpitaux depuis son retour au Cameroun en 1966 à 34 ans, après son diplôme d'Etat de chirurgien-dentiste à la Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Nantes en France.
Le dernier grand sursaut de Joseph Fofe Tapydji remonte à juillet 2007. C’était le jour des élections couplées municipales et législatives. Comme tous les barons du Renouveau résidant à Yaoundé, l’ancien ministre de la Jeunesse et des sports s’est rendu à l’un des bureaux de vote à l’Ecole publique de Bastos. Mais à la différence des autres qui votaient et repartaient, Joseph Fofe Tapydji était resté à l’annonce de l’arrivée de Paul Biya. Comme aussi tous les courtisans de la cour, les ministres en fonction et directeurs généraux des sociétés publiques et parapubliques avaient formé une haie d’honneur pour attendre le chef de l’Etat. Joseph Fofe Tapydji, se sentant dans la peau d’un ministre, les y a rejoints mais a aussitôt été isolé. Il prit son courage et rejoignit des journalistes qui devisaient non loin de là. L’arrivée de Dieudonné Oyono en ces lieux lui procura une joie de courte durée, puisque le directeur du Programme national de gouvernance le quittera aussi après l’avoir entretenu pendant quelques minutes.
Comme Zachée sur le sycomore
A l’arrivée du cortège présidentiel, le protocole empêcha Joseph Fofe de saluer son « ami » de président. Après le vote du couple présidentiel, le même scénario s’étant reproduit, Joseph Fofe Tapydji a repris sa route. Mais il a été rattrapé par des clameurs, Chantal Biya ayant imposé un bain de foule au protocole d’Etat. Cet ancien dirigeant sportif (président de la Fédération camerounaise de boxe …) a remis ses jambes au cou et revient sur les lieux. Mais comme Zachée, chef des Publicains, Joseph Fofe Tapydji se dirigea vers le véhicule du chef de l’Etat et resta collé près de la portière. Paul Biya l’a trouvé là, lui a serré la main et s’en est allé non sans lui avoir posé la question : « Joseph ça va ? » Et Joseph Fofe Tapydji en est parti très fier. Il avait réussi à jouer son coup : que Biya le voie au moins.
A 72 ans, le soleil a encore brillé sur le toit de Joseph Fofe Tapydji appelé à remplacer à Bangui Christopher Nsahlaï décédé il y a quelques semaines. Il n’y va certainement pas pour se tourner les pouces. Il aura à gérer le flux des jeunes Camerounais en quête du savoir et d’une vie meilleure en République centrafricaine. En 2003, seuls 80 Camerounais figuraient sur la fiche d’enregistrement à l’ambassade. La plupart des Camerounais en Rca évoluant dans l’informel préfèrent changer de nationalité. L’une des tâches les plus urgentes qui attendent le nouvel ambassadeur c’est l’humanisation des services de l’ambassade qui, en 2005, n’employait que 3 cadres ayant le statut de diplomates.
Source: Le Messager
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