Rechercher
Rechercher :
Sur bonaberi.com   Google Sur le web Newsletter
S'inscrire à la newsletter :
Bonaberi.com
Accueil > News > Clin d'oeil
Cameroun : Au marché de bili-bili de Melen à Yaoundé
(20/09/2009)
La consommation de cet alcool local ne se fait pas sans risques ni pour les vendeuses qui reçoivent parfois des coups, ni pour les clients qui se font dépouiller de leur argent une fois qu’ils sont ivres.
Par Redaction Bonaberi.com (Anne Mireille Nzouankeu)

Ce 17 septembre, Sylvie W. la trentaine passée, se sert d’une éponge pour nettoyer deux grands récipients de 50 litres chacun. Dans un seau à côté d’elle, se trouvent des calebasses qui baignent dans de l’eau. Dans les récipients, apparaît tout d’abord de la mousse puis un liquide jaunâtre : c’est du bili-bili, une boisson alcoolisée locale fabriquée à base de maïs et de mil. Sylvie est vendeuse de bili-bili et vend une fois par semaine au marché de bili-bili du quartier Melen à Yaoundé.

100 Fcfa pour une calebasse de bili-bili


Le bili-bili est une boisson très prisée notamment pour sa forte concentration en alcool. « Quand tu bois une calebasse de bili-bili, c’est comme si tu as bu trois bouteilles de bière », confirme Ina, une cliente rencontrée à la buvette de bili-bili. Il y a tout un rituel pour boire le bili-bili qui se boit toujours dans une calebasse. A l’approche d’un client, Sylvie lui sert une portion de bili-bili : il s’agit de la dégustation. Si le client apprécie cette manière de fabriquer le vin, il achète la quantité qui lui plaît, à raison de 100 Fcfa la calebasse. Sinon il déguste ailleurs. En fait, la manière de fabriquer le bili-bili diffère d’une tribu à l’autre, la couleur aussi. Le bili-bili se présente sous la couleur ocre rouge lorsqu’il est fait à base de mil rouge et jaune lorsqu’il est fait avec du mil jaune. A Yaoundé, trois principales tribus se partagent le marché du bili-bili. Les Moundang qui se regroupent au quartier Melen, les Toupouri à Mokolo et les Guizigui au centre-ville. Les femmes ici se partagent les jours de vente. Tout simplement parce que la fabrication du bili-bili est longue et le point de vente doit toujours être approvisionné.





Une activité à risque

La fabrication et la vente de bili-bili ne sont pas des activités de tout repos. Lorsque le bili-bili passe la nuit sans être vendu, il faut le verser car il aura tourné, à l’exemple du lait qui devient acide après un certain temps. Alors, lorsqu’il pleut, les vendeuses courent le risque de perdre leur marchandise. « On se sent fiévreux lorsqu’on boit le bili-bili quand il fait froid. Le bili-bili se boit idéalement en période de grosse chaleur », explique Sylvie W. En plus de pouvoir perdre sa marchandise à tout moment, les vendeuses de bili-bili sont confrontées à la violence. Lorsqu’une bagarre éclate entre deux ou plusieurs clients éméchés, la vendeuse court le risque de voir sa marchandise détruite, à défaut de recevoir des coups perdus. « On supporte seulement. L’essentiel pour nous est qu’à la fin de la journée nous puissions vendre tout le vin afin de récupérer les fonds investis », dit Sylvie d’un ton résigné. L’autre danger est celui des « serial goûteurs ». Des petits malins qui passent de buvette en buvette pour déguster le bili-bili et partir sans payer sous le prétexte que le vin ne corresponde pas à leur goût. Certains clients se laissent aguicher par des prostituées qui rôdent autour des buvettes de bili-bili. Pendant qu’elles proposent leurs services, ces prostituées soutirent l’argent des clients ivres et disparaissent ensuite sans que les messieurs n’aient pu profiter d’elles. Il arrive alors que le client arnarqué revienne s’en prendre à la vendeuse en l’accusant d’être une complice : ce sont des histoires qui se règlent parfois au poste de police du coin. Sylvie qui exerce ce métier depuis trois ans se plaint également d’avoir de violents maux de dos depuis presqu’un an. Elle dit avoir en plus, des toux fréquentes du fait de l’inhalation des fumées et des effluves d’alcool.

Six jours de fabrication


Pour obtenir 45 litres de bili-bili, il faut du maïs pour environ 15.000 Fcfa. Du mil, de l’eau, de la levure, du bois de feu. Le maïs et le mil sont trempés et on laisse germer le mélange pendant environ trois jours. Après avoir écrasé la patte obtenue on la porte à ébullition pendant 5h de temps environ. On y ajoute de la levure et on laisse à nouveau fermenter pendant deux jours. Les fabricantes de bili-bili se servent de leur seul instinct pour la quantité de levure à incorporer. La levure conditionne le degré d’alcoolisation de la boisson. Il faut à cet effet savoir la doser pour obtenir le type de boisson que les clients apprécieront. Au sixième jour, le mélange de maïs et de mil se transforme en bili-bili : une boisson qui rivalise de notoriété avec les bières des grandes sociétés brassicoles. Le bili-bili se consomme aussi bien par les hommes que par les femmes. On est d’ailleurs surpris de trouver plus de femmes que d’hommes au marché de bili-bili de Melen ce 16 septembre.




Partager l'article sur Facebook
 
Classement de l'article par mots clés Cet article a été classé parmi les mots-clé suivants :
clins d'oeil  yaoundé  
(cliquez sur un mot-clé pour voir la liste des articles associés)
Discussions Discussion: 1 bérinautes ont donné leur avis sur cet article
Donnez votre opinion sur l'article, ou lisez celle des autres
Sur copos Sur Copos
Les vidéo clips Les vidéos clips
Récents Récents


Accueil  |  Forum  |  Chat  |  Galeries photos © Bonaberi.com 2003 - 2024. Tous droits de reproduction réservés  |  Crédit Site