La structure créée par le parti d'opposition camerounais, le SDF, comme contrepoids au pouvoir en place a dû mal à se mouvoir, faute de moyens.
Par Jean Francis Belibi
C’est à l’issue du congrès ordinaire du Social democratic front (Sdf) des 26, 27 et 28 mai 2006 à Bamenda que John Fru Ndi, le président de cette formation politique avait obtenu carte blanche pour la formation " d’un gouvernement fantôme ", calqué sur le modèle britannique. Dans ce pays de longue tradition démocratique, ce qui y est désigné comme " cabinet de l’ombre " a pour mission principale de " critiquer le gouvernement en place et d’offrir une alternative, le but étant d’avoir un gouvernement déjà prêt à prendre le pouvoir en cas de victoire électorale… ". Ce mode de fonctionnement a également pour but d’offrir une forme de sécurité aux électeurs qui ont la possibilité de voir la forme que pourra prendre le gouvernement de rechange si le parti de l’opposition est élu. En Grande Bretagne, le " Shadow Cabinet " porte le titre de " Opposition loyale de Sa Majesté ". Loyal étant pris ici comme une non remise en cause de la légitimité ni de la monarchie, ni du gouvernement en place.
" Nous avons constitué notre Shadow cabinet sur le modèle de la Grande Bretagne même s’il s’agit là bas d’une démocratie parlementaire ", nous prévient d’emblée Elizabeth Tamajong, le secrétaire général du Sdf. L’autre différence selon elle avec le modèle britannique, c’est que " l’opposition n’a pas de statut au Cameroun ". Ce qui empêche le Sdf de disposer de ressources nécessaires pour le fonctionnement de son " gouvernement de l’ombre ".
Pour le secrétaire général du Social democratic front, le " Shadow cabinet " de son parti est " une force de proposition ". Elle indique à ce sujet le plan de résorption des difficultés d’approvisionnement en eau potable dans les localités reculées du pays élaboré par le " ministre des Mines, de l’eau et de l’énergie ", Cyprian Awudu Mbaya. " Des propositions qu’avait essayé d’exploiter le gouvernement Rdpc sans succès " parce que, d’après celle qui apparaît comme le véritable numéro deux du Sdf, " le Gouvernement Rdpc n’avait pas eu l’humilité d’approcher les concepteurs du projet ".
Bénévolat
D’autres projets sont à l’étude en ce moment. Elle fait notamment allusion au plan du Sdf pour trouver des solutions au problème de la crise alimentaire à laquelle notre pays fait face. Un travail fait sous la houlette de l’honorable Nguizayi, le " ministre de l’Agriculture et du développement rural". Les résultats de cette étude, assure Elizabeth Tamajong " seront mis à la disposition du Gouvernement, du corps diplomatique et de la presse ". Le Gouvernement de l’ombre du Sdf mis sur pied en 2006 se propose également de trouver des solutions aux problèmes liés à l’insécurité dans notre pays.
Sur le fonctionnement du "Shadow Cabinet ", le secrétaire général du Sdf affirme que " les Conseils de ministres " se tiennent quatre fois par an à Bamenda. Une session de cette réunion est d’ailleurs prévue ce jour à Bamenda sous la présidence de John Fru Ndi.
L’actuel " Gouvernement de l’ombre" du Sdf compte 16 " ministres", chacun coiffé d’un " Vice-ministre ". Une équipe qui ressemble à plus d’un titre à un condensé de certains ministères dans l’équipe actuelle au Cameroun. Il en est ainsi du " ministère de l’Economie, des finances et du commerce ", du " ministère de l’Education et de la formation " ou encore du "Tourisme et de la culture ". La faible représentativité des femmes dans l’équipe, soit 3 sur 32 et à des postes marginaux s’explique selon Elizabeth Tamajong par " la crainte de la plupart de celles qui sont contactées de perdre leur poste dans l’administration publique ". On peut aisément les comprendre dans la mesure où en ce qui concerne les avantages liés à la fonction, le secrétaire général du Sdf nous avoue qu’il n’y en a pas pour le moment, les promus bénéficiant de la seule garantie " d’être réellement nommé ministre quand le Sdf accèdera au pouvoir… " Autant dire…
Composition du Shadow cabinet du Social democratic front (Sdf)
Ministre de l’Agriculture et du développement rural : Hon. Nguizayi
Ministre de la Défense et de la sécurité nationale : Hon. Emmanuel Yoyo
Ministre de l’Economie, des finances et du commerce : Hon. Nguenevit Jean
Ministre de l’Education et de la formation : Sonkin Etienne
Ministre des Affaires étrangères : Bujung James Bede.
Ministre du Genre : Mme Kambiwa Chantal
Ministre de la Santé : Hon. Edimo Oscar
Ministre de l’Information et des médias : Hon. Fopoussi Evariste
Ministre du Développement industriel : Nji Mfoundoun
Ministre de l’Intérieur : Ngwa Nick
Ministre de la Justice : Prof. N. Kofele Kale
Ministre des Mines, de l’eau et de l’énergie : Hon. Awudu Cyprian
Ministre des Postes et télécommunications : William Talla
Ministre des Travaux publics et des transports : Ambang Martin
Ministre des Sciences et développement: Wato Gabriel
Ministre des Affaires sociales, sports et du Développement de la jeunesse: Prof. Nkwi Paul
Ministre du Tourisme et de la culture : Mme. Mbouyem N. R.
Ministre de l’Urbanisme et de l’habitat : Ava Ndzié Valentin
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