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Cameroun : A la découverte de la face cachée du quartier Bastos
(05/03/2009)
Si Bastos a toujours été connu pour ses résidences cossues et les nombreuses ambassades qui lui donnent de l'éclat, certains habitants n'en vivent pas moins dans un délabrement total.
Par Rédaction Bonaberi.com (Anne Mireille Nzouankeu)
Une maison en terre battue à Bastos
Une maison en terre battue à Bastos
Bastos, l’un des quartiers résidentiels de Yaoundé est caractérisé par ses avenues propres, ses imposants bâtiments, ses luxueuses villas, les représentations diplomatiques mais aussi, ses habitations précaires qu’on ne découvre qu’une fois à l’intérieur du quartier. Le quartier Bastos doit son nom à une usine de fabrication de cigarettes qui s’y est installée au début des années 80. Au départ, cet endroit n’était qu’un coin de forêt jusqu’à ce que les populations s’y installent progressivement.

Au lieu dit Bastos Nylon, on retrouve un ensemble de maisons délabrées dont les occupants sont en majorité des immigrés venant des pays voisins. Une fois sortis de la grande route, s’orienter dans cette partie du quartier relève de l’exploit pour qui n’est pas du coin. Au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans le quartier, les voies d’accès se rétrécissent. Seuls quelques labyrinthes entre des maisons en planches ou en terre battue servent de passage. C’est qu’ici, il n’y a aucun plan d’urbanisation, les habitations ont été construites en désordre et ont finalement obstrué les principales voies d’accès au quartier. Ces maisons sont en réalités des baraques contiguës, étroites et abritant des familles nombreuses. La promiscuité y règne en maître.

Bien que Bastos soit alimenté en eau courante, ici, l’accès à ce bien se fait par l’intermédiaire des revendeurs, détenteurs de bornes fontaines payantes. «L’abonnement à la SNEC coûte plus de 30.000fcfa. Cette somme est trop élevée pour nous qui avons à peine de quoi nous nourrir. De plus, les procédures administratives sont trop longues » explique une dame trouvée à la borne fontaine. La borne fontaine est un point d’eau aménagé par un particulier. Ce particulier souscrit normalement à un abonnement auprès des services de distribution d’eau puis revend cette eau en majorant le prix de vente. Ici, 5 litres d’eau sont vendus à 10fcfa au lieu de 5fcfa. A ce prix, seule l’eau de boisson est achetée, «… pour la vaisselle, la lessive et les autres travaux ménagers, nous utilisons l’eau de pluie ou l’eau du puits » précise la dame. Pour ce qui est de l’électricité, les habitants se branchent directement au poteau électrique : cette technique est connue ici sous le nom de Nsongloulou, en rapport avec le barrage hydroélectrique qui alimente une bonne partie du pays.

En saison des pluies, les latrines mal aménagées débordent et les inondations sont fréquentes. Une technique est bien connue ici pour pallier les effets dévastateurs des inondations. Une corde est attachée à chaque pied du lit et l’ensemble est raccordé à un pieu au plafond sous forme de poulie. Dès le début des pluies, les effets précieux sont placés sur le lit et le tout est surélevé aussi haut que possible. A la fin de la pluie, les eaux sont dégagées hors de la maison, le lit est redescendu et la vie continue.



Il est plus de 9h un vendredi et l’on s’étonne de voir pleins d’enfants entrain de jouer sur un terrain tout poussiéreux. Aïssatou, une vendeuse de cacahuettes grillées satisfait notre curiosité. « Mon mari est gardien de nuit. Il gagne 25.000cfa par mois et nous avons 6 enfants. Certains voisins gagnent moins que mon mari et d’autres sont même au chômage. Nous n’avons pas suffisamment de moyens c’est pourquoi nos enfants ne vont pas à l’école » précise-t-elle. Comme quoi, lorsque la cave est maigre, le lit est fécond !

Pendant que les plus petits jouent sur un terrain vague, les plus âgés discutent de tout et de rien et refont le monde à leur façon. Lorsque la gorge est fatiguée d’avoir trop discuté, ces jeunes se retrouvent autour d’une calebasse de « bili-bili », un alcool local très concentré et fait à base de maïs fermenté. Le bili-bili a la particularité d’être moins cher pour un effet immédiat. Une calebasse coûte 100fcfa et suffit à enivrer les consommateurs moyens.

Ainsi va la vie à Bastos Nylon !

Vue aérienne de Bastos
Vue aérienne de Bastos



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