"Je suis un opposant ferme mais courtois"
Woungly Massaga, candidat en 2011
Quatre mois après être parti du Cameroun pour des raisons de
santé en France, Ngouo Woungly Massaga, qui se présente lui-même volontiers comme
" Vétéran de l’Upcet
de l’Alnk " est de retour. Lui qui reste
pourtant interdit de séjour sur le territoire français en raison d’un " arrêté d’expulsion en date du 12 février
1961 ", signé de Michel Debré, à l’époque Premier ministre de France,
a dû s’y rendre pour subir une double opération de la cataracte. " J’ai pu obtenir un visa grâce à un dossier
médical qui était inattaquable ", assure-t-il, même s’il trouve un peu
amusante la polémique qui a entouré la prise en charge de ses soins médicaux
dans ce pays.
Ngouo Woungly Massaga tient à ce propos à indiquer qu’il a bien été
pris en charge par la présidence de la République " comme d’autres Camerounais avant moi ". Pour lui,
l’acceptation de cette aide médicale ne constitue cependant pas
" un motif d’alignement derrière le ", et " le fait d’avoir été évacué vers la France n’implique pas qu’il existe
de bonnes relations entre la France et moi " prévient-il.
Il annonce par ailleurs avoir saisi le chef de l’Etat français, Nicolas
Sarkozy, pour demander la levée de cette interdiction de séjour en France. Une
correspondance qu’il indique avoir fait parvenir à son destinataire par le
canal de " quelques amis députés de
l’Ump (Union pour un mouvement populaire) ",
le parti au pouvoir en France.
Dans cette correspondance dont il indique attendre toujours la réaction du
numéro un français, Woungly Massaga, au
sujet de l’actualité au Cameroun fait notamment remarquer : "Je suis certes un opposant déclaré et ferme
mais responsable et courtois à la politique du Président Biya, toujours ouvert
au dialogue avec tous mes compatriotes… Comment ne serais-je pas un opposant
dans un des rares pays où l’on ne célèbre plus l’indépendance nationale,
aboutissement des sacrifices héroïques de notre peuple sur plusieurs
générations, mais plutôt le coup d’Etat pseudo unitaire et en réalité pétrolier
de 1972 du président Ahidjo ? … Comment ne serais-je pas un opposant dans un
pays où la corruption atteint le sommet des records mondiaux pendant qu’on
amuse la galerie avec les arrestations de quelques boucs émissaires sans
récupérer le moindre milliard sur les milliers de milliards volés par les
prédateurs locaux ? "
"Comment ne serais-je pas opposant là où on tire sur les jeunes à balles réelles ?"
Il poursuit plus loin : "
Comment ne serais-je pas un opposant, là où l’on fait tirer sur des jeunes
manifestants à balles réelles, et fait condamner des mineurs à de lourdes
peines de prison par une justice instrumentalisée, tous coupables seulement
d’avoir mis en évidence, avec leur ras-le-bol, la mauvaise gouvernance qui
affame notre peuple ? " Puis enfin : " Comment ne serais-je pas un opposant, là où l’on
fait tirer sur des jeunes manifestants à balles réelles, et fait condamner des
mineurs à de lourdes peines de prison par une justice instrumentalisée, tous
coupables seulement d’avoir mis en évidence, avec leur ras-le-bol, la mauvaise
gouvernance qui affame notre peuple ? "
Sur un plan purement interne, celui qui affirme s’être opposé au début des
années 1990 à la création d’une multitude de partis politiques, ce qui allait
conduire à une déliquescence de l’opposition, " ce à quoi on assiste aujourd’hui ", indique avoir laissé assez
de champ aux autres : "j’ai laissé
les autres faire leurs preuves. Maintenant je vais repasser à l’offensive sur
le plan politique national ". Il entend ainsi se positionner dans la
perspective de l’élection présidentielle de 2011 pour laquelle il entend mettre
sur pied "une alliance pour
l’alternance par la voie démocratique. Que Paul Biya soit candidat ou non
", précise-t-il.
A ceux qui prônent un changement par la force, il avance, un brin railleur :
" ils ne savent pas de quoi ils
parlent. Il faut se battre pour la création des conditions de transparence et
pour qu’il (Paul Biya ndlr) soit battu démocratiquement".
Mais le " Commandant Kissamba " avoue avoir également quelques comptes
à régler avec ses anciens camarades de l’Upc et
notamment " ceux qui ont essayé de
me salir à l’instar du groupe Kodock qui m’a accusé
d’être un agent du Sdece (ancien services du
contre espionnage en France ndlr)". Pour Ngouo>Woungly Massaga, il est plus que
jamais temps de lutter pour une mobilisation et une prise de conscience des
Camerounais pour que naisse un nouvel espoir en 2011.
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