Le phénomène de prise d’otages a décidément le vent en poupe dans le Grand nord. Selon des informations rapportées au quotidien Le Messager hier après midi par le sous-préfet de l’arrondissement de Mbé (situé à 70 Km de Ngaoundéré sur la Nationale N°1), Fidèle Teigni, quinze enfants d’éleveurs peuls du coin ont été kidnappés depuis le 28 juin 2008 par des individus non identifiés, armés jusqu’aux dents. Mais d’après des témoignages concordants, il s’agit des preneurs d’otages qui font rage depuis quelque temps dans la région. Les familles des otages sont dans le désarroi total et la psychose a gagné les chaumières.

Mais, à en croire le chef de terre, les populations n’ont pas arrêté de vaquer à leurs occupations. Notamment la culture de l’igname (encore appelée or blanc) et l’élevage du bétail Selon le maire de Mbé, Simon Oumarou, les ravisseurs n’ont pas encore exigé comme d’ordinaire des rançons exorbitantes. L’opération d’enlèvement s’est déroulée dans trois campements de l’arrondissement de Mbé. Un parent éploré a confié à l’édile que les malfrats ont simplement pris ses enfants avant de s’enfuir. Ils ne l’ont pas brutalisé. Ils n’ont rien emporté chez lui en termes d’objets de valeur. D’après le magistrat municipal, la forte présence du Bataillon d’intervention rapide (Bir) dans les parages ces derniers jours ne permet pas aux malfaiteurs de prendre langue avec les parents des victimes.

Aux dernières nouvelles, les preneurs d’otages (flanqués a priori de leurs victimes) jouent au jeu de cache-cache avec les éléments du Bir. L’on ignore s’ils ont déjà exécuté les otages. Le gouverneur de la province de l’Adamaoua, Enow Abrams Egbé en compagnie de son état-major, est descendu sur le terrain mercredi 2 juillet 2008. Il aurait sillonné quelques campements sinistrés. Hier, la fièvre est montée d’un cran dans les services du gouverneur de l’Adamaoua. Le début de la cérémonie officielle de lancement du programme de sécurité alimentaire et d’appui au développement (Psad) a été différé d’environ une heure. Une réunion de crise réunissant tout le gratin sécuritaire de la province s’est tenue. Selon des indiscrétions, il est question de tout mettre en œuvre pour démêler l’écheveau des preneurs d’otages. D’après le maire de Mbé, c’est la première fois qu’une prise d’otages de cette envergure se produit dans cet arrondissement.

De fait, l’on était jusqu’alors habitués à des plaintes des populations des localités telles que Ngaoui ou Bélel et celles de certains villages situés sur les axes Ngaoundéré-Tibati ou Ngaoundéré-Meiganga. Des rebelles centrafricains, tchadiens ou nigérians (en interaction avec des Camerounais) étaient toujours indexés.

Ce nouveau coup d’éclat des coupeurs de route intervient après l’appel citoyen de Guibaï Gatama (directeur de publication de l’hebdomadaire l’Oeil du Sahel) pour dire non aux coupeurs de route et aux preneurs d’otages au Nord-Cameroun. Les statistiques publiées pour motiver cette démarche donnent froid dans le dos : 600 morts environ dont 48 enfants égorgés depuis le début de l’an 2008, environ 4 milliards Fcfa de rançon versés par les populations, près de 600.000 têtes de bœufs parties au Nigeria…