Le rapt des touristes français, en plus de constituer une leçon de patriotisme de la France au Cameroun, remet au goût du jour les centaines de prises d’otages non élucidées au Cameroun.
Il n’y a qu’à voir comment le gouvernement français et ses représentations diplomatiques ont fait bloc, et continuent à se mobiliser pour retrouver leurs compatriotes enlevés à Dabanga. Une situation qui a d’ailleurs contraint les autorités camerounaises soucieuses de sauver la face, à déverser des bataillons à l’Extrême-Nord. Une question reste en suspend/ Qu’a-t-on fait de nos compatriotes pris en otages d’année en année à travers le septentrion ?
La dernière prise d’otage d’une citoyenne camerounaise remonte à la nuit du 19 au 20 février 2013 à Falkai; village de l’arrondissement de Tchéboa situé dans la région du Nord. Il est 3h environ, lorsque le patriarche Aladji Zairi Adamou est exécuté de sang froid par des assaillants armés qui convoitaient son argent. Butin caché en lieu sûr et que le « vieux » s’est interdit de révéler à ses tortionnaires jusqu’à son dernier soupir.
Les assaillants vont étendre leur besogne au village Ndengui. Là-bas, une fillette d’environ douze (12) ans est enlevée. Pour sa libération, un mot laissé par les ravisseurs commande le versement d’une rançon de 5 000 000 Fcfa. Une source policière dans le Nord confiait au Messager que ces dernières semaines (2 au 20 février 2013), «une vingtaine de prises d’otages nous ont été signalées dans les villages reculés ou frontaliers des arrondissements de Bibemi, Gaschiga, Touroua et Pitoa». Le bidasse ajoute que des sommes importantes sont versées sans que les autorités policières ne soient alertées, en guise de rançon.
Des têtes de bœufs emportées
Entre 2009 et 2011, l’arrondissement doublement frontalier de Touboro a enregistré au moins quatre cents (400) prises d’otages. Les ravisseurs en provenance du Tchad et de la République centrafricaine sont soupçonnés à l’époque de coaliser avec des coupeurs de routes installés au Cameroun. Le village Mbai-Mboum du fait de sa proximité avec la Rca en a payé le lourd tribut. Des éleveurs et commerçants (cibles principales) sont dépouillés à ciel ouvert. Les plus tenaces sont exécutés et leurs progénitures enlevés.
Certains, plus chanceux s’en sont tirés avec un bras amputé. C’est l’histoire de Guidassa Gogoy. Un villageois rencontré à Mbai-Mboum et qui a eu le malheur de rencontrer en 2009 des ravisseurs sans foi ni loi. Ce jour-là, alors qu’il se rendait à un marché dans la localité de Mbai-Mboum (entre Haidjam et Ouro Lakwe), Gidassa Goygoy fait la rencontre cauchemardesque d’un groupe de « coupeurs de route » vêtus de tenues militaires de l’armée centrafricaine- Les bandits vont le dépouiller de ses biens (motocyclette, pièces de pagnes et diverses autres marchandises), avant de cribler de balles son bras droit. « C’est comme ça qu’ils ont tiré sur mon bras ; les gars avaient des tenues militaires de la Centrafrique. Après ils ont pris ma moto avec les cartons de maggi, les pièces de pagnes, toute ma marchandise. J’ai dû faire un bandage de fortune pour éviter l’hémorragie et passé la nuit en brousse(…) on m’a amené à l’hôpital plus tard ». Du fait de la gravité de sa blessure, le bras de l’infortuné est amputé. L’intervention tardive du Bir n’a pas permis de mettre la main sur ces malfaiteurs.
Le 28 juin 2008 à Mbé dans l’Adamaoua, quinze (15) enfants sont kidnappés par un groupe d’assaillants lourdement armés. Auparavant, les ravisseurs avaient enlevé dans la même localité, Fadimatou (14 ans), Youssoufa (12 ans), Oumarou (un père de famille), le voisin d’Oumarou et son voisin. Les otages sont convoyés près du village Guidjiba. Pour ces rapts à Mbé, une rançon d’environ 1 000 000 000 Fcfa est exigée par les ravisseurs. Le déploiement du Bir a permis la libération de certains otages. L’on est toujours sans nouvelles de nombreux autres. Une situation qui n’a pas laissé indifférent Guibaï Gatama.
Le Directeur de publication de l’hebdomadaire L’œil du Sahel, qui a commis à l’époque des faits un appel national contre les coupeurs de routes. Lequel n’a pas eu l’air d’émouvoir le gouvernement camerounais. D’après les statistiques énoncées par le Dp de L’œil du Sahel, il y a eu 600 morts et environ 48 enfants Camerounais égorgés pour la seule année 2008 ; 4 000 000 000 Fcfa de rançons versées ; 6 00 000 têtes de bœufs emportées… Qu’a-t-on fait des nombreuses familles camerounaises éplorées ou endeuillées depuis lors ?
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