Quand Guy Mousseni, étudiant à l'Ecole nationale supérieure des travaux publics
de Yaoundé, raconte sa version des faits, il apparaît que ce n'est pas le
crachat que le commissaire de police Protais Ayissi Ayissi aurait jeté sur lui,
du taxi à bord duquel il se trouvait, hier peu après 7h du matin, non loin du
siège de la radio nationale, qui lui a paru le plus choquant. " Quand le taxi
s'est arrêté quelques mètres plus loin, j'ai dit : monsieur vous avez craché sur
moi…Je le lui ai dit à deux reprises. Il m'a demandé ce que ça pouvait bien lui
faire. Comme je lui demandais ce que cela signifiait de traiter les gens ainsi,
il est sorti de la voiture et m'a menacé du doigt. "
De fil en aiguille, le ton monte et les deux protagonistes en viennent à
s'empoigner. Le seul point d'accord sur les deux témoignages tient en une ligne
: Guy Mousseni a dit au policier que son attitude rappelle celle de quelques
personnes qui se font battre devant leurs propres enfants… " Vous imaginez cela
! Parce qu'on aurait craché sur vous, vous agressez un monsieur, de surcroît
devant ses enfants ", se plaint M. Ayissi Ayissi qui fait alors appel à des
policiers qui passent par là pour interpeller l'étudiant qui, lui, maintient que
c'est le policier qui a mis le feu aux poudres en le menaçant du poing après lui
avoir craché dessus.
Au commissariat central n°1 situé à deux pas de là, Guy Mousseni se retrouve
donc entre les mains des policiers qui lui font, selon son témoignage, le
reproche d'avoir " insulté et exercé des voies de fait " sur leur collègue. "
Ils m'ont battu avec une matraque ", dit le jeune homme qui se déplace sur la
pointe des pieds et montre les ecchymoses sur son corps. Un policier surnommé "
le batteur " se serait spécialement chargé de lui après que le plaignant se soit
exprimé. Mais ce dernier dément avoir influencé ses collègues : " Peut-être
sont-ce les personnes qu'il a retrouvées en cellule qui l'ont violenté ",
lâche-t-il avant de rejeter la question. "Je suis le plaignant, je ne sais pas
ce qui a pu se passer après moi ", conclut-il.
Pourtant, rajoute le commissaire de police Ayissi Ayissi, l'affaire aurait suivi
son cours s'il n'avait retiré sa plainte sur le conseil d'un " aîné commissaire
de police " qui a essayé de concilier les deux parties après avoir été informé
par la famille de l'étudiant.
Laquelle famille maintient qu'elle va porter plainte. " L'affaire n'avait même
pas été enregistrée. Où se trouvait cette plaint ?. Les responsables du
commissariat ne savaient pas qu'il y avait une telle affaire dans leurs murs ",
indique un parent de M. Mousseni. Ce dernier, assure également qu'il n'a pas été
mis dans une cellule avec d'autres suspects, mais dans un réduit isolé. Dès
lors, les plaintes que la famille Mousseni annoncent ce matin devant le
procureur et à la police des polices pourraient au moins faire connaître les
auteurs des blessures de l'étudiant à qui un médecin a ordonné 21 jours de repos
en raison de ses blessures. Mais le policier qui assure qu'il n'a rien à
craindre dans cette affaire a d'ores et déjà une ligne de défense : l'attaque. "
Avez-vous vérifié qu'on a craché sur lui ? Ce n'est pas parce que nous sommes
des policiers que nous devons nous laisser traiter n'importe comment. Les hommes
en tenue ont aussi des droits… ", a notamment expliqué M. Ayissi Ayissi.
Source :
Mutations
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