Le parc national de
Waza a été sous le choc samedi dernier en fin d’après-midi. Une bande armée
composée de 25 éléments environ a fait irruption dans le campement d’éleveurs
Mbororo situé à Bloho, à une dizaine de kilomètres de la route nationale N°1. Un
campement qui regroupe une dizaine de familles en transhumance, à la quête des
pâturages pour le bétail. Lesdites familles qui avaient reçu la visite quelques
jours plus tôt des éclaireurs de ces bandits.
Selon un responsable des services de sécurité de la région de l’Extrême Nord
dépêché sur le terrain, «apparemment, ils étaient passés pour leur demander de
préparer leur part d’argent. Quand ils sont arrivés samedi vers 16h, les
ravisseurs ont intimé l’ordre aux personnes qui étaient dans le campement de
donner ce qu’ils ont comme argent. Ils ont tenu à fouiller les gens. Les
éleveurs se sont opposés et ils ont ouvert le feu. C’est du moins ce que les
blessés graves et les familles nous ont raconté.»
Une scène qui a laissé sur le carreau cinq personnes, mortes sous le coup des
armes. Mais aussi quatre blessés graves qui sont sous soins intensifs. Ce, aux
côtés d’autres personnes dont les jours ne sont pas en danger selon les
responsables de l’hôpital de Kousseri. Les assaillants ont pour l’essentiel
emporté quelques billets de banque qu’ils ont collectés ici et là auprès des
familles installées dans le campement. De nombreux bœuf et moutons ont aussi
reçus des balles.
Les éléments de la légion de gendarmerie de l’Extrême Nord, mobilisés pour
intervenir, sont arrivés dans la nuit de samedi sur les lieux du carnage. Mais
ils peinent, d’après nos sources, à circuler dans le parc, faute de moyens
logistiques, le camion mis à leur disposition ne pouvant effectuer des manœuvres
à l’intérieur du parc de Waza. Ce qui rend visiblement illusoire la traque de
cette bande armée qui écume la frontière tchado-camerounaise sans être
inquiétée. Surtout que cette attaque intervient quelques jours seulement après
l’opération de sauvetage des otages dans l’arrondissement de Zina (localité
attenante au parc de Waza), où il a fallu réquisitionner un hélicoptère pour
retrouver quatre otages alors même que l’un d’entre eux avait été abattu par les
ravisseurs.
Un indicateur de ce que la lutte contre le grand banditisme restera inopérante
dans cette partie du Cameroun, si des moyens conséquents ne sont pas consentis.
Les assaillants ont donc sans doute voulu prendre au mot le ministre d’Etat
Marafa Hamidou Yaya au terme de la réunion de sécurité organisée vendredi
dernier à Maroua, en marge des travaux de la commission mixte de sécurité
Tchad-Cameroun.
Le ministre de l’Administra-tion territoriale se félicitait en effet de ce que
les forces de défense avaient réussi à circonscrire le phénomène du grand
banditisme dans la région de l’Extrême-Nord et que, les attaques révélées par la
presse ces derniers temps n’étaient que «des cas isolés». Un bien vain propos.
Source : Mutations
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