A l’origine, une
discussion houleuse entre deux élèves de la classe de 5ème au collège Cheik
Hamdam. Nana camerounais et son camarade Moubarack tchadien. Très vite, les
discours cèdent la place aux injures et aux coups de points. Dans l’euphorie de
l’action, Nana sort son couteau et poignarde sauvagement Moubarack au dos. Le
sang gicle alors de cette entaille du dos du jeune garçon, qui est est par
ailleurs étouffé par ses sanglots.
Le blessé est secouru par quelques enseignants et ses frères tchadiens.
Puis il est transporté aussitôt à l’hôpital régional de Ngaoundéré. Dans le même
temps quelques élèves camerounais érigent un corridor humain pour protéger le
jeune Nana. La police est tout de suite alertée et arrive sur les lieux. Les
étudiants tchadiens présents dans la cour et témoins de la scène lancent «nous
jurons que nous allons nous venger». Sur ces slogans haineux la police disperse
les belligérants. Le lendemain matin, les tchadiens tiennent parole. En tenues
de classes et en civils pour certains, ils convergent vers l’établissement.
D’autres viennent même du collège Saint Eugène de Mazenod et ont séché les cours
pour laver l’affront de Nana. Le petit groupe est entre temps attendu de pied
ferme par certains élèves camerounais au parfum de la situation.
La police est une fois de plus alertée. A son arrivée les échauffourées n’ont
heureusement fait aucun blessé. Dans la foulée, 16 garçons sont interpellés et
conduits manu militari au commissariat central pour besoin d’auditions et
d’enquêtes. Selon le commissaire central Joseph Temdé «ces auditions devraient
permettre très rapidement de faire la lumière sur cette affaire et d’établir les
responsabilités des uns et des autres». Les fouilles corporelles des jeunes
interpellés tous mineurs, a permis de trouver un poignard chez le nommé Mohaman
Souleyman de nationalité camerounaise.
Même si Enow Abrams Egbé, gouverneur de la région de l’Adamaoua a promis
«s’impliquer personnellement pour trouver une solution à ce problème», il reste
que certaines mesures devront d’ores et déjà être prises pour éviter que le sang
ne coule à nouveau dans cette école islamique.
Au chapitre des solutions qui ont été évoqué par certains enseignants du collège
Cheick Hamdam, il y a «l’interdiction d’apporter un couteau ou tout objet
tranchant ou dangereux». Relativement à cette mesure, il faut préciser tout de
même qu’une fouille corporelle et des sacs de classe devrait être systématique
pour tout élève qui franchi le portail d’entrée. Dans la même logique, il est
impératif d’imaginer une formule pour forcer les élèves camerounais et tchadiens
de cette école à s’accepter mutuellement et à cohabiter pacifiquement. Nul doute
qu’une telle cohabitation est possible, puisqu’ à l’Université de Ngaoundéré des
centaines de ressortissants tchadiens et camerounais vivent harmonieusement avec
leur différence et leur préférence. Seule bonne nouvelle, de source
hospitalière, le jeune Moubarak qui était samedi soir encore dans un état
critique est à présent hors de danger.
Source :
Mutations
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