Vanessa G.
étudiante en faculté des sciences juridiques et politiques de l'Université de
Ngaoundéré a le regard hagard dans la cour du commissariat central de
Ngaoundéré, samedi dernier. En compagnie de quelques-unes de ses camarades, elle
est dans l'expectative. Elle qui a accueilli dans sa mini cité à Dang dès les
premières heures de la matinée, les éléments des forces de maintien de l'ordre.
De sa voix tremblante, elle décrit dans une certaine anxiété les circonstances
de l'irruption des éléments de la police et de la gendarmerie : "Autour de
05h30, j'ai entendu de violents coups sur ma porte. J'ai sursauté et me suis
demandée ce qui se passait", confie-t-elle avant d'ajouter : "On m'a dit que
c'était les forces de l'ordre. J'ai ouvert ma porte. Ils avaient un mandat du
procureur. Ils ont fouillé et ont emporté mon téléviseur, ma chaîne musicale…ils
m'ont demandé de me présenter munie des pièces justificatives à la police."
Comme Vanessa, plus de 200 étudiants ont vu leurs chambres perquisitionnées dans
le secteur de Bini-Dang. Selon le commissaire central de Ngaoundéré Joseph
Temdé, cette opération a permis de mettre la main sur plus de 75 téléviseurs,
une trentaine d'ordinateurs, de nombreux appareils électroniques, des bouteilles
à gaz… "Ces appareils ont été saisis dans les chambres des étudiants. Et pour la
plupart, ils ne détenaient pas de facture", a-t-il confié. Dans le cadre de
cette opération, le commissaire central précise que 28 personnes ont été
interpellées. Il s'agit de 18 étudiants libérés après un bref séjour dans les
cellules du commissariat central, sur présentation des quitus de paiement des
droits universitaires, des cartes d'étudiants…10 autres personnes interpellées
ne justifient pas de la qualité d'étudiants et sont en cours d'exploitation.
Parmi eux, 5 jeunes garçons de nationalité tchadienne.
Le commissaire central fait par ailleurs remarquer qu'au cours de cette
opération d'envergure, quatre personnes à la moralité douteuse ont pris la
poudre d'escampette, à la seule vue des forces de l'ordre.
"Ils ont abandonné quelques matelas, des bouteilles à gaz…" Au terme de cette
opération, quelques appareils ont été restitués, sur présentation des
justificatifs de propriété. Cette perquisition grandeur nature intervient au
lendemain de la réunion de crise présidée en fin de semaine dernière par le
Gouverneur de la Région de l'Adamaoua. Enow Abrahams Egbe à la suite des
multiples cas de braquages survenus dans la ville, a envisagé, avec les forces
de maintien de l'ordre des actions destinées à faire écran à ce phénomène. Le
village universitaire de Dang étant présenté comme un débouché pour les produits
volés dans la région, " il était impérieux d'y mener des actions de poigne ".
Reste donc à assurer la régularité de l'opération. Mais aussi à l'inscrire dans
le respect strict des libertés individuelles.
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