La pornographie gagne les rues au Cameroun
Ambiance de foire ce lundi de fin de journée au Carrefour Ecole publique. Des vrombissements de moteurs et autres klaxons assourdissants de voitures et des motocyclettes qui se disputent la chaussée rythment la circulation. Les piétons, désormais partie prenante de ce spectacle à cette heure de la journée se faufilent dans tous les sens. Wilfried, 19 ans, adossé contre un véhicule à quelques pas de son présentoir, échange avec deux autres jeunes qui comme lui, sont vendeurs de Cd, Vcd, et Dvd contrefaits.
Après l’un des multiples regards furtifs qu’il jette de temps à autre sur son étal paré de vidéodisques, il s’écrie soudainement : « Oh, petits ! Vous regardez quoi ? Dégagez vite de là! ». Puis se retournant, il ramasse un caillou qu’il lance en direction des trois enfants qui s’enfuient en riant. Vendeurs ambulants de citrons et de kolas, ces enfants regardaient les étuis des Vcd et Dvd pornos exposés sur l’un des nombreux présentoirs qui encombrent ce carrefour.
Ces scènes se multiplient ainsi à longueur de journée, selon ce vendeur qui n'est visiblement pas à ses premiers pas dans ce commerce. A l'exemple des autres passants, les enfants ont été attirés par des posters obscènes grossièrement affichés sur les présentoirs. "Les clients aiment beaucoup ça (ndlr, les films érotiques) Et si on ne les affiche pas, ils vont croire qu’on ne les a pas, et ils vont aller acheter ailleurs », justifie Wilfried. "C’est ce qui attire le plus les clients. Quand ils voient les photos sur les pochettes, Cela leur donne l'envie d'acheter ensuite le CD afin d'aller y découvrir en grandeur nature les images et les scènes qui s’y cachent", renchérit Cédric, un autre vendeur
Situation identique dans les principaux carrefours de Douala et des principales villes du pays. Les vendeurs de vidéodisques exposent davantage sur leurs présentoirs des Vcd et Dvd des films érotiques. Les pochettes agressives de ces films ne laissent généralement pas les passants indifférents, surtout les plus jeunes, cible privilégiée des vendeurs "De nos jours, explique Bernard, vendeur de Cd, tout le monde, y compris les enfants, connaissent ces choses là. Même en cachant les X (ndlr, appellation des films érotiques), on perd le temps et on perd aussi les clients". Les mordus des vidéodisques semblent ne guère s’offusquer de la stratégie des vendeurs. "Moi particulièrement, ça ne me pose aucun problème qu’ils les exposent ou pas. Ils sont libres de faire leur commerce comme ils l’entendent", confie sous anonymat un client.
Un avis que ne partagent pas les parents qui pensent plutôt qu'exposer des Cd pornos qui laissent voir en plus des affiches de femmes nues ou des couples qui simulent l'acte sexuel choque. "Autrefois, témoigne Eric Njanga, un père de famille, les vendeurs de CD porno les cachaient et ne les vendaient qu'en cachette. Aujourd’hui, c’est devenu monnaie courante. Ces vendeurs nous donnent l’impression que même les enfants ont désormais le droit de connaître ça. Et c’est dommage parce que cela se répercute dans la vie sociale des enfants". Il milite par ailleurs pour l'interdiction de l'exposition et de la commercialisation des supports pornos dans les milieux publics. Pour le moment, les autorités chargées de réprimer cette violation de la loi semblent fermer les yeux.
Source : Jade Cameroun
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