Marie est une folle bien connue du public au centre ville de Mbouda dans le
département des Bamboutos. Au quotidien, en compagnie de son fils qu’elle porte
sur la hanche, elle bat le pavé. L’enfant dont l’âge oscille entre 7 et 8 mois,
est nu malgré le froid qui sévit en cette période de saison des pluies.
Elle-même le torse nu, la malade mentale arbore toutefois une étoffe nouée
autour des reins. Souvent, on peut apercevoir l’enfant agrippé sur l’un de ses
seins flasques en train de téter. Pour le reste, les autres repas du nourrisson
sont constitués des restes d’aliments que la maman prélève dans les poubelles
devant des restaurants. Parfois, le bambin bénéficie de la générosité de
quelques passants qui lui tendent alors souvent des bouts de pain et autres
comestibles dont se gave aussi sa mère pour survivre.
Ce genre de scènes est légion à Mbouda. Illustration. Gare routière, ce 20 août
2008. Sur la terrasse d’un bar dancing, une autre malade mentale, assise à même
le sol, les jambes allongées, soliloque. Indifférents à cette scène de détresse,
des passants vont et viennent. Tout à côté, l’enfant de la folle en guenilles,
environ 4 à 5 ans, exécute un numéro plusieurs fois répété. Les yeux larmoyants,
il demande inlassablement l’aumône aux passants qu’il hèle. Singulier pour un
étranger, le spectacle est une routine. Les plus compatissants font le geste,
pas toujours contents. Comme ce monsieur qui, après un regard entendu vers la
maman, finit par fouiller ses poches d’où il sort une pièce d’argent qu’il jette
dans la petite main tendue.
L’enfant la contemple, affiche un sourire furtif et se dirige vers sa génitrice
à qui il remet le produit de sa mendicité. Avant de recommencer son manège.
Quiconque passe par-là est aussitôt entraîné dans un concert de suppliques. Le
résultat des courses de l’enfant est à la mesure de la peine : pièces d’argent,
bâtons de manioc, bouts de pain, beignets, doigts de banane, etc. Ces pièces et
ces vivres assurent l’essentiel de la pitance journalière des deux infortunés.
Ainsi, au quotidien, à longueur de journée, l’enfant mendie pour assurer leur
survie. La nuit tombée, ils recherchent un abri de fortune pour dormir.
Mais avec qui ces femmes tourmentées font-elles ces enfants ? Et pourquoi leurs
pères ne s’en occupent-ils pas ? Certaines indiscrétions, les enfants des folles
sont le fruit des relations furtives des mères avec des racoleurs nocturnes,
certains adeptes de pratiques occultes sans foi ni loi, des gens ayant leur
propre famille et qui parallèlement entretiennent des relations suivies avec ces
femmes malades. A la délégation départementale des Affaires sociales, le N°1 des
lieux, Joseph Mboutchouang déclare que la prise en charge des enfants des folles
doit être assurée par les familles respectives de leurs géniteurs. “ Pour
l’heure, je suis en train de les repérer, afin de leur confier ces enfants ”,
dit-il.
Toutefois, il faut relever que, selon une source crédible qui a requis
l’anonymat, “ avant de repérer les familles des géniteurs de ces enfants en
détresse, grâce aux aides octroyées par l’Etat aux responsables des délégations
des Affaires sociales, ceux-ci doivent protéger ces enfants à travers des œuvres
sociales (orphelinats) qui reçoivent souvent, en fonction de leur capacité
d’accueil des subsides. ” Source : Le Messager
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