Lauren Etame, l'un des meilleurs ailiers de l'histoire
A bien y regarder l'équipe nationale du Cameroun, au delà de ses nombreuses carences ou qualités, un fait singulier déjà soulevé il y a quelques mois étonne : l'absence totale d'ailiers dans les 23 retenus par Paul Le Guen, et plus généralement parmi les joueurs sélectionnables.
Pourtant, les lions indomptables ont toujours eu des ailes vivantes qui ont fait leur succès : de 1998 à 2002, Salomon Olembé et Lauren Etame Mayer ont collectionné les kilomètres parcourus sur les côtés et délivré de nombreux centres pour le plus grand bonheur de Samuel Eto'o et Patrick Mboma, soutenus par des latéraux de métier : Pierre Womé et Geremi Njitap, deux joueurs peu avare en courses.
En coupe des confédérations, si l'effectif a été revu quasiment de fond en comble, Achille Emana, Valéry Mézague, Ngom Komé, Idrissou et Timothée Atouba assurent l'intérim et impressionnent, donnant aux lions ce jeu rapide toujours passant par les côtés. Mboma n'étant pas là, la finition n'est pas toujours au rendez-vous mais la fluidité du jeu reste.
En 2004, Lauren n'est plus là et Salomon Olembé n'est pas à son meilleur niveau : le jeu des lions s'en ressent et il faut presque exclusivement se remettre au talent de Patrick Mboma pour marquer des buts. Le Cameroun sort en quarts de finale sans avoir impressionné.
Deux ans plus tard, Arthur Jorge réveille les ailes camerounaises en changeant le légendaire 4-4-2 pour un 4-3-3 où il place Samuel Eto'o et Rudolf Douala sur les côtés : le résultat s'en fait sentir, le Cameroun échoue à un but du mondial et fait une très bonne CAN, éliminé par une Côte d'Ivoire qui a largement profité du manque de sévérité de l'arbitre.
Malheureusement, Douala débarqué à Tottenham puis à Saint-Étienne, s'éteint complètement et est écarté des lions indomptables. Joël Epalle, Emana qui a pris une dizaine de kilos de muscles depuis 2003, Idrissou qui a perdu de la vitesse sont utilisés sur les côtés mais ne rivalisent pas avec ceux cités précédemment. Geremi, et Atouba ont eux aussi perdu de la vitesse et ne peuvent plus assurer le relai. Le Cameroun est à la peine, corrigé d'entrée par l'Égypte avec des ailes complètement vides ou presque, et arrive en finale clopin-clopant dans un 4-4-2 qui ne séduit plus.
En 2010, les ailiers ont disparu de la circulation. On utilise un 4-3-3 avec des attaquants axiaux, avec un succès modéré. Les attaquants qui peuvent prendre les couloirs comme Ngom Komé, Joseph Job, Alo'o Efoulou ou Somen ne sont pas appelés. Le jeu s'en ressent, et les lions n'arrivent pas à apporter le danger face aux buts adverses. Cette impression aura été grandement renforcée face aux Pays-Bas et à l'Egypte : malgré une domination nette et un jeu plutôt fluide, le Cameroun se sera procuré très peu d'occasions réelles de but face à des équipes regroupées.
Un constat encore renforcé par les matchs amicaux, puisque les 5 buts des Camerounais auront été inscrits sur des centres venus de côtés qu'on a trop négligé depuis quelques années, faute de joueurs adéquats ou de choix tactiques. Assou-Ekotto majoritairement a démontré l'importance des latéraux et des ailiers avec trois passes décisives pour Webo et Eyong Enoh.
Si ceci n'explique pas forcément cela, et qu'on ne peut imputer les mauvaises performances camerounaises aux seules défaillances des ailes, il apparait clair que le Cameroun a souvent dépendu d'une capacité de percussion sur les côtés plus que d'un milieu de terrain d'une fluidité certaine. Plus généralement, cette explosivité a été la qualité première du Cameroun qui a rarement joué avec la maîtrise du ballon face à l'adversaire, même dans les années 2000 où les lions ont tout gagné.
On peut donc comprendre un peu mieux pourquoi les lions qui ont souvent eu le ballon ont souffert et parfois mis en place une domination stérile malgré des attaquants de grande classe comme Samuel Eto'o, ou Webo dans une certaine mesure.
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