Achille Emana, tous sourires lors d'une conférence de presse le 17 Juin 2010
Samuel Eto'o et Achille Emana ont « fait la paix ». C'est en tout cas ce qu'on peut retenir d'une conférence de presse donnée hier par le milieu de terrain du Betis Séville.
Interrogé sur une éventuelle animosité avec le capitaine des lions indomptables, l'ancien joueur et capitaine du Toulouse FC a répondu par la négative, disant qu'il n'avait aucun problème avec Samuel Eto'o et que ce dernier n'avait pas non plus de problème avec lui.
C'était en tout cas une conférence de presse très show, strass et paillettes. Interrogé, Achille Emana a répondu le sourire aux lèvres, comme pour rassurer et convaincre que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes pour la meilleure équipe en Afrique du Sud.
A la limite de la surprise face à la question, comme s'il n'y avait jamais eu un zeste de tension entre les deux stars de l'équipe, Achille Emana s'est voulu très relâché et amical. Une impression renforcée par l'intervention d'Eto'o, ironique, qui a interrompu son coéquipier : « Hé Achille, je suis là ! ».
Samuel Eto'o lors d'une conférence de presse donnée par Achille Emana le 17 Juin 2010
Dans un coin, le capitaine tous sourires envers son coéquipier, lance une note d'humour comme pour faussement menacer son coéquipier de ne pas casser du sucre dans son dos. L'assemblée, prise au jeu, rit sous la bonne performance quasi théâtrale des deux joueurs.
Pour en rajouter une couche, il s'agit maintenant de prendre la pose ensemble pour le plaisir des photographes dont les flash crépitent.
On est bien loin du discours très dur de Samuel Eto'o envers Paul Le Guen, ou de la tirade de Stéphane Mbia. En effet, Paul Le Guen aurait demandé au lendemain de la défaite face au Japon si quelqu'un voulait parler au groupe, et le défenseur de Marseille, pas connu pour sa langue de bois a pris la parole et encouragé ses coéquipiers, glissant au passage que pour une victoire il fallait que les meilleurs jouent, et à leurs postes.
On est tout aussi bien loin du match face au Japon où on a cru voir 11 individualités sur le terrain, chacun y allant de sa tentative d'exploit personnel.
La conférence de presse d'hier, si elle n'a pas été réellement crédible et rassurante, confirme du moins que peu de choses vont dans l'équipe du Cameroun sur laquelle les rumeurs les plus folles courent : le clan Song mis de côté par le capitaine, mésentente entre Eto'o, Alexandre Song et Achille Emana, des pressions mises pour faire jouer Geremi...
Samuel Eto'o et Achille Emana le 17 Juin 2010
Si on ne peut accorder du crédit à tout ce qui est dit, on peut tout de même être amené à penser que l'équipe nationale n'est pas harmonieuse et est victime du symbole des « jeunes premiers », le même qu'a connu la France cette année et en 2004.
En effet, lorsqu'une équipe regorge de talents évoluant dans les meilleurs clubs – les jeunes premiers -, l'égo et le manque de maturité peuvent réellement agir négativement sur la cohésion de l'équipe.
Pour prendre l'exemple de la France, Pirès, Henry, Wiltord et Vieira en 2004 avaient souvent rouspété pour des problèmes de postes, poussant Zidane à évoluer à quatre postes différents lors de l'Euro de cette année. Les bleus ont vécu la même chose cette année, avec les cas Ribéry, Anelka, ou encore Malouda.
Au Cameroun, le syndrome semble être le même et les lions sont victimes de leurs stars. Achille Emana qui joue trop perso, Eto'o voulant jouer dans l'axe, Stéphane Mbia pas content de jouer milieu... Les joueurs évoluant dans les meilleurs clubs sont malheureusement aussi ceux qui posent problème. On est bien loin des années 2000, où Patrick Mboma avait joué numéro 6 au mondial en France après la blessure de Foé, ou des Lauren, Geremi, Olembé, alternant souvent en club comme en sélection entre le milieu de terrain et la défense.
Difficile dans ces conditions d'être optimiste. A l'image de la défaite de la France hier face au Mexique, le Cameroun n'est pas loin de l'élimination et doit avant tout se créer un collectif uni et cohérent. Car il faut le reconnaître, quel que soit le dispositif utilisé par Paul Le Guen ou les joueurs titularisés, tout se passe sur le terrain et sur la complémentarité – voulue ou forcée – entre les onze sur le terrain.
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