Lord Avebury
Une délégation du Commonwealth, le " Club des gentlemen ", est attendue dans les
tout prochains jours à Yaoundé. L’information a du reste été confirmée par les
sources officielles, en particulier le ministre délégué auprès du ministre des
Relations extérieures en charge du Commonwealth dont l’un des proches
collaborateurs précise, “probablement en fin de semaine”. Cette délégation
arrive à Yaoundé dans le cadre des concertations du groupe de travail
Commonwealth-Etat du Cameroun. Et devrait conduire, selon l'agenda prévisionnel,
des entretiens avec les autorités camerounaises sur des sujets bien précis, au
moment où viennent d'être mis en place le Conseil électoral et de la direction
générale des Elections de Elecam par le président de la République. Des actes du
chef de l'Etat qui n'ont pas manqué de susciter une certaine émotion au sein
d'une partie de l'opinion nationale, au regard de la provenance de la plupart
des personnes désignées, hauts cadres du parti au pouvoir, le Rdpc. Une attitude
de l'opinion à laquelle le Commonwealth qui s'est montré très actif dans la mise
en place d'" un organisme indépendant chargé de l'organisation, de la gestion et
de la supervision de l'ensemble du processus électoral et référendaire ".
D'une certaine manière, cette visite n'est pas fortuite puisque annoncée de
longue date et devrait permettre, dans cet agenda préétabli, de s'assurer du
volet additionnel de la mise en place de Elecam. Un volet qui prévoyait deux
éléments fondamentaux : la formation des cadres et du personnel de Elecam à la
conduite transparente d'un processus électoral et l'appui logistique, notamment
à travers une information totale de l'outil de fonctionnement de Elecam.
Mais ces éléments semblent avoir été aujourd'hui débordés par l'actualité
puisque la délégation du Commonwealth, selon nos informations, devra d'abord, à
travers les échanges qu'elle aura avec les autorités camerounaises, se faire une
idée sur la bonne foi du Cameroun dans le respect des grands principes arrêtés
d'accord partie dans le cadre du groupe de concertation et donner une position
officielle sur les derniers actes pris par le chef de l'Etat. Ce qui permettra
de savoir de manière claire si ce processus sera poursuivi ou s'il faudra y
mettre un terme.
Une position d'autant plus attendue que la nomination des membres du Conseil
électoral et de la direction générale par le président de la République était
apparue comme avoir été faite au forceps, après les réserves formulées le 24
décembre 2008 à Yaoundé par Javier Puyol. Intervenant au cours des travaux de la
2ème session du Dialogue politique Cameroun-Union Européenne, le chef de la
délégation européenne au Cameroun avait indiqué les inquiétudes de l'organisme
qu'il représente à Yaoundé sur le retard qu'avaient pris les autorités
camerounaises dans la mise en place de ces organes. Un retard qui, d'après
Javier Puyol, faisait perdre à notre pays, la dotation de 15 millions d'euros
(près de 10 milliards de francs Cfa) programmée par l'Ue au cours de l'année
2009 pour le volet additionnel de la mise en place mentionnée plus haut.
Une désignation de membres de Elecam qui a quelque peu soulevé l'ire de Lord
Avebury, Chairman du Cameroon Campaign Group au sein du Commonwealth, qui, en
raison de ce qu'il a considéré comme une forte représentativité du Rdpc au sein
de Elecam, a demandé au président Paul Biya, dans le souci de parvenir à une
liste plus équilibrée, de revoir la composition du Conseil électoral. Il
s'inquiétait par ailleurs de la désignation à la tête du Conseil électoral, d'un
homme qui était fortement soupçonné dans une affaire de faux documents. Lord
Avebury avait ainsi indiqué dans son communiqué que le Commonwealth allait
demander à l'Union européenne de suspendre son appui au Cameroun dans le cadre
de la mise en place de Elecam. Une position qui n'était pas celle officielle du
Commonwealth qui devra être indiquée aux termes des échanges de Yaoundé, les
membres du " Club des gentlemen " n'ayant cependant pas caché qu'ils restent
très sensibles aux réactions de l'opinion publique nationale.
En vue de l'arrivée imminente de la délégation du Commonwealth et dans le but
vraisemblablement de coordonner leurs positions, était prévue hier mercredi 14
janvier 2009 au ministère des Relations extérieures (Minrex), un échange entre
Joseph Dion Ngute, le ministre délégué auprès du Minrex en charge du
Commonwealth et les membres du Conseil électoral de Elecam. Si des sources
généralement bien informées ont pu nous confirmer que Joseph Dion Ngute a reçu
beaucoup de journalistes hier, de la presse officielle comme de quelque journal
privé, elles n'ont cependant pas pu confirmer les échanges avec les membres de
Elecam, qui étaient cependant dans l'agenda du ministre délégué.
Tout comme il est difficile de savoir si la délégation du Commonwealth sera
reçue par le président de la République. Au-delà de la délicatesse et de
l'embarras du contexte de cette visite, Paul Biya lui-même devrait se rendre dès
samedi prochain Washington où il devra prendre part, mardi le 20 janvier, à la
cérémonie d'investiture du premier président noir de l'histoire des Etats Unis,
Barack Obama.
Source : Mutations
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