On ne peut plus parler qu'au passé de la petite Thérèse Gnintedem, âgée de 17 ans à peine. Elle aura connu trois problèmes dans sa vie. Premièrement, elle était très belle. Trop belle pour laisser indifférents les hommes épris de chair fraîche. Ensuite sa famille très pauvre et incapable de lui assurer une bonne scolarité. Ce qui l'obligera à interrompre ses études pendant plus de deux ans après l'obtention de son Bepc en 2005. Son troisième malheur était d'avoir une famille séparée, son père ayant abandonné femme et enfants pour faire foyer à part.
Tous ces facteurs ont finalement joué contre Thérèse et ont déjoué tous les bons pronostics qui semblaient militer pour un nouveau bon parcours de sa vie scolaire qu'elle avait reprise en beauté cette année scolaire 2008-2009, au collège Ste Marthe de Douala. En effet, malgré le temps mis loin des bancs, elle s'est révélée dès la première séquence de ce premier trimestre comme non seulement la meilleure élève de sa classe de seconde A4, mais de tout l'établissement, avec une moyenne de 17/20. Malheureusement, tous ces points sombres de sa vie, l'attendaient au tournant de son destin, pour le noircir à jamais. Comme ce mauvais garçon dont on ne connaîtra jamais la véritable identité, qui l'a engrossée et l'a aidée ensuite à quitter précipitamment et tragiquement la vie.
Ce n'est que le samedi 25 octobre 2008, que ses parents ont été au courant qu'elle portait une grossesse de quatre mois. Ce jour-là, elle a confié son lourd secret qui lui pesait déjà, à sa sœur aînée. Grande a été la surprise de cette dernière qui croyait comme leur maman avec qui elles vivaient seules depuis le départ du père, que la petite était encore ingénue. Pressée de dire qui était le père de son futur bébé, la fille se contentera juste d'avancer un prénom : Cédric.
Elle promet à sa sœur d'aller le chercher le lendemain et le présenter à sa maman. Lundi 26 octobre 2008, elle est partie très tôt de la maison. Son intention était de faire un crochet chez l'homme connu d'elle seule pour lui signifier son désir de l'amener chez ses parents, avant de se rendre en classe. Seulement, elle n'arrivera jamais à l'école, ni ne retournera plus à la maison, puisque c'est la mort que ce dernier après la grossesse, va lui infliger, dès qu'elle se sera rendue chez lui.
On ne sait pas exactement comment la chose s'est réellement produite chez ce quidam, la petite ayant seulement été retrouvée mourante, incapable de raconter quoique ce soit. On suppose qu'à son arrivée chez son homme, celui-ci aurait pris peur, après avoir appris qu'il avait été dénoncé. Mais comme il se savait ni vu ni connu, il a pensé que le meilleur moyen d'échapper, était de se débarrasser une fois pour toute de son amante devenue gênante. Pour cela, il va lui faire avaler une potion toxique qui l'a terrassée sur le coup. On ne sait pas si l'homme a réussi à convaincre la fille que la potion devait l'aider à se débarrasser de l'enfant ou s'il lui a tout simplement fait ingurgiter une boisson contenant du poison.
Toujours est-il qu'après son coup, il fera transporter sa victime inconsciente, dans un centre de santé du coin, où elle sera abandonnée. Se faisant passer pour un bienfaiteur, il va alerter la maman de Thérèse depuis un call box avant de fondre pour de bon dans la nature. La pauvre n'a plus eu que ses yeux pour pleurer et pour voir enterrer sa fille qui a été inhumée ce week-end du 1er novembre 2008 à Baleveng, dans l'arrondissement de Nkong-Ni.
Source : Mutations
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