Arrestation de deux prêtres à Douala
Le clergé catholique et les forces de l'ordre fument le calumet de la paix
depuis hier, mardi 09 décembre. Et pourtant, les relations entre les deux corps
ont pris un coup de froid la veille après une altercation qui a opposé deux
prêtres aux éléments du commissariat de police du 1er arrondissement de Douala.
La scène s'est déroulée sur le pont Joss de Bonadibong, dans l'après-midi de
lundi 08 décembre dernier. Les policiers ne souhaitent plus en parler
officiellement avec la presse. L'accès au bureau du commissaire Elisabeth
Moussome a d'ailleurs été interdit à Mutations par son secrétariat. D'après
certaines indiscrétions cependant, il se trouve que le jour de l'empoignade, le
Premier ministre Ephraïm Inoni revenait d'un séjour à Limbe.
De fait, les axes routiers que devait emprunter le cortège avaient été pris
d'assaut par les forces de l'ordre, afin de rendre la circulation fluide et
faciliter ainsi le passage du Pm. L'abbé Michel Kilama, par ailleurs aumônier de
la paroisse Saint François d'Assises d'Oyack, se rendait à la célébration d'une
messe et devait emprunter la voie sollicitée par la suite du Premier ministre.
Une source policière affirme que le prélat a ralenti son véhicule sur
l'échangeur du pont Joss afin de discuter avec un de ses confrères, l'abbé
Gustave Mohomhye, qui roulait en sens inverse. La petite causerie entre les deux
hommes d'église aurait, selon les policiers en service au 1er arrondissement,
ralenti la circulation. Ce qui a eu pour effet d'attirer l'attention du
commissaire de police Elisabeth Moussome qui officiait par-là. Interpellation !
Altercation
S'en est suivi un violent échange entre L'abbé Kilama et les policiers. D'après
nos sources, la dispute aurait été meublée de propos injurieux et d'un
accrochage physique entre les deux camps. Au cours de l'altercation, les
vêtements du prêtre ont notamment été déchirés, et les galons (quatre étoiles)
de la commissaire arrachés. La lèvre inférieure de l'abbé Gustave Mohomhye de la
paroisse Saint Paul de Nylon a par ailleurs écopé d'une boursouflure
manifestement causée par un coup de poing d'un policier. Durant l'altercation,
certains témoins affirment que les policiers ne savaient pas que les personnes
interpellées étaient des prêtres. Car, apprend-on, l'abbé Kilama et son confrère
auraient refusé de se faire identifier. Ils ont donc été embarqués manu
militari, comme de vulgaires hors-la-loi.
"J'ai
sorti mon téléphone portable et les policiers ont pensé que j'avais filmé la
scène. Ils me l'ont saisi et m'ont promis de me le rendre au bureau du
commissaire. C'est ainsi que mon confrère et moi avons tous les deux été
embarqués",
raconte L'abbé Kilama. Parvenus dans les locaux du commissariat du 1er
arrondissement, les deux prêtres seront gardés à vue sans autre forme de
confession. Et passeront ainsi près de sept heures en cellule jusqu'à leur
relaxe tard dans la nuit de lundi sur instruction, dit-on, du commissaire
central N°1. Entre-temps, le vicaire général du diocèse de Douala, faisait des
allers et venues dans l'enceinte du commissariat. On apprend par ailleurs que le
cardinal Christian Tumi aurait passé plusieurs coups de fil aux autorités
administratives de la ville de Douala, pour les mettre au courant de cette
situation. Après l'élargissement des abbés gardés à vue, tout semble cependant
être revenu dans l'ordre. D'après certaines sources, les deux parties se
seraient mutuellement demandé pardon.
Source : Mutations
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