M. Zacharie Mveng, artisan vannier au Cameroun
Chaque jour, sauf le dimanche, entre 8h et 18h, M.
Zacharie MVENG fait le même rituel. Il passe sa journée à manipuler le bambou
de chine au tunnel MBOPPI à Douala. La finalité de cet exercice de tous les jours, c’est d’obtenir des meubles et objets divers.
Ce quinquagénaire, après avoir acheté
la matière première qui provient des environs de Pouma et Kribi, planifie
son travail en trois étapes essentielles : En premier lieu,
le raclage et le nettoyage des rotins et des bambous de chine. Vient
ensuite le séchage, qui peut durer de 2 à 4 jours en fonction de l’intensité du
soleil. Pour finir, il passe à la phase de coupure et de fabrication du meuble
proprement dit, dernière étape de la confection qui lui prend en général un à cinq jours, en fonction du type et de la complexité
du meuble à fabriquer.
Depuis 30 ans, cet homme originaire du centre du Cameroun, à qui la vie n’a pas fait de cadeau – veuf, il a perdu deux enfants - a fait de la vannerie son gagne pain quotidien : « c’est grâce au rotin que j’ai pu fonder une petite famille. Malheureusement, j’ai perdu il y a quelques temps ma femme. Ensuite sur mes 4 enfants, le Seigneur en a rappelé deux, et parmi les deux restants, un travaille avec moi depuis déjà deux mois. », affirme laconiquement ce travailleur infatigable. Le premier emplacement principal où M. Mveng a commencé à travailler le bambou, c'était au niveau du carrefour
« AGIP ». Malheureusement, pour des raisons commerciales évidentes, il a préféré s’installer plus tard 100 mètres
plus loin, au niveau du tunnel de Mboppi.
Paul Mballa, le fils de Zacharie Mveng, 21 ans, s'est mis à la vannerie comme son père
M. Zacharie Mveng se présente comme le doyen des vanniers. Tout d’abord parce que beaucoup ont jeté l’éponge car c'est une activité difficile et éprouvante, mais aussi parce que sa passion pour cette activité a toujours brûlé en lui, aussi loin qu’il puisse s’en souvenir.
Cette passion, il a su la transmettre à son fils,
Paul Mballa, qui, à 21 ans,
est déjà fasciné lui aussi par la vannerie.
Si ce métier comble Zacharie Mveng au plus haut point, cela ne l’empêche pas de nourrir quelques inquiétudes quant à la protection et aux possibilités d'évolution de la profession. Car malgré le nombre croissant de personnes engagées dans ce métier (27 au total au tunnel Mboppi et 6 au carrefour AGIP), il n’existe pas de syndicat digne de ce nom capable de mettre de l’ordre dans ce secteur d’activité et de réguler les activités des uns et des autres en plus d'intercéder au nom des artisans lors des litiges avec l'Etat. Raison pour laquelle certains ambitieux comme lui ont souhaité mettre sur pied une structure légale et fiable pour aider l’activité à grandir, et par ricochet proposer une solution contre le chômage.
Malheureusement, comme c’est souvent le cas au Cameroun en ce qui concerne les initiatives citoyennes, Zacharie et ses collègues sont confrontés à de sérieux problèmes de financement et, lorsque des solutions sont trouvées, se place alors en obstacle la malhonnêteté des uns et des autres :
« un organisme au nom de l’A.C.E.P,
il y a quelques temps, s’est intéressé à nous. Certains collègues dont on croyait qu'ils parlaient en notre nom, s’en sont mis plein les poches avec les retombés des accords que nous
avons signés avec cette ONG. Voilà pourquoi le gouvernement devrait nous écouter
et surtout nous aider à sortir de l’informel. »
, regrette Zacharie.
Quelques meubles fabriqués par les artisans vanniers de Mboppi
C’est presque le même
sentiment partagé par
Jean DEIDO, un autre artisan installé au carrefour « AGIP » depuis
1978 et qui s’insurge contre
les autorités municipales qui sont jusqu’ici restées sourdes à leurs doléances pourtant
simples. Les artisans souhaitaient en effet être casés quelque part à l’abri des intempéries et étaient prêts à verser des taxes afférentes, car le fait d’être installé à ciel ouvert aux bords de la chaussée constitue
un grand frein à l’émergence d’une activité marginalisée qui, en plus d’avoir un
potentiel de contribution non négligeable à la plus-value de ce pays, est aussi
l’un des garants de la promotion de l’art et de la culture camerounais.
Quoi qu’il en soit, la vannerie, métier relativement méconnu des Camerounais, peut permettre à des milliers des jeunes vagabondant
dans les rues des villes africaines de s’occuper utilement. L’apprentissage de la
confection des meubles et des objets divers à partir du rotin et du bambou de chine
n’est pas difficile et son apprentissage peut prendre moins de trois mois lorsqu’on s’y met sérieusement.
Il suffit que les décideurs tendent une oreille attentive aux doléances des amoureux
de ce secteur : mettre de l’ordre et réguler le milieu. Le rêve de Zacharie pourrait
ainsi être exaucé. Il motivera deux fois plus d’autres jeunes comme son fils Paul afin
qu’ils perpétuent le métier d’artisan vannier au Cameroun en particulier et dans
tout le continent africain en général
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