Cameroun - Call box : un métier qui nourrit son homme
(02/02/2009)
Comme sur un ring de boxe, Pierre, gérant d’une cabine téléphonique publique se bat au quotidien pour réaliser ses rêves.
Par Rédaction Bonaberi.com (Anne Mireille Nzouankeu)
Pierre est un brave gérant de Call Box
Une
table, des tabourets, un parasol, un téléphone portable : le « bureau » de
Pierre est planté. La trentaine bien entamée, ce jeune camerounais est un
propriétaire de « call box ». Il s’agit pour lui de proposer des appels
téléphoniques à partir d’un téléphone portable et surtout à bas prix.
Pierre a ouvert son « entreprise » après s’être essayé à plusieurs autres petits
métiers. «… lorsque j’ai eu un peu d’argent, j’ai pensé à ouvrir un call box
que je vais gérer moi même pour pouvoir gagner ma vie » se souvient-il. Comme
dénomination pour son entreprise, il a choisi le nom « call box l’Avenir ». Pierre résume l’essentiel de son
activité en quelques phrases. «
Les clients appellent à partir de mon téléphone. La minute d’appel coûte
100 Francs CFA. Je vend également des cartes de recharges téléphoniques et je fais des
transferts de crédits d’appel de mon téléphone vers celui du client »
explique – t-il.
Pour
une durée équivalente, un appel passé à partir d’un téléphone classique coûte
entre 150fcfa et 250fcfa en fonction de l’opérateur et des options d’appel
choisis.
Pour
pouvoir pratiquer de tels tarifs, Pierre comme d’autres gérants de call box
achète
des cartes téléphoniques à des prix préférentiels et bénéficie ainsi de minutes
de communications gratuites. Pour un crédit de communication de 5.000fcfa
acheté, il reçoit l’équivalent de 9.000cfa : pas besoin d’être mathématicien
pour faire un rapide calcul et dégager une probable marge bénéficiaire.
L’investissement de Pierre porte des fruits.
Même s’il n’a pas voulu nous donner les chiffres exacts, l’on apprend que les
bénéfices tirés de cette activité lui permettent de se loger et de payer les
frais de scolarité de sa fille et de ses frères?
L’activité de ce jeune nécessite toutefois de l’endurance et de la patience :
« je travaille tous les jours de 7h à 21h parfois 22h. Je peux même dire
que je ne me repose pas vraiment car même à la maison, mes voisins viennent
cogner à ma porte après 22h pour passer des appels urgents » précise Pierre.
La gestion des humeurs des clients pose également problème. Un « call boxeur »
voit de toutes les couleurs : les clients qui, à la fin de leurs appels se
rendent compte qu’ils n’ont pas suffisamment d’argent pour régler leur facture,
ceux qui refusent de payer parce que l’appel a été transféré sur un répondeur,
ceux pour qui le gérant est responsable des problèmes de mauvaises
communication, ceux qui composent un mauvais numéro de téléphone et refusent de
payer cette communication làet même
ceux qui tentent de s’enfuir avec le téléphone d’autrui. Dans un cas comme dans
l’autre, Pierre utilise tous les moyens possibles pour rentrer en possession de
son argent : y compris ses poings.
Ces difficultés ne découragent pas Pierre qui garde la foi en l’avenir. Il
espère agrandir son affaire, diversifier ses activités et surtout se construire
une belle et grande villa comme celles qu’il voit à télévision. D’ici que son
rêve se réalise , il attend patiemment que ses clients viennent faire des appels
et remplir sa caisse qui pèsent de plusen plus lourd.
L’Agence de Régulation des Télécommunications a récemment annoncé qu’environ 5
millions de camerounais ont accès au téléphone pour une population évaluée à
près de 17 millions de personnes. C’est dire que le call box a encore de beaux
jours devant lui.