Eyebe Ayissi, ministre des relations extérieures
La diplomatie n'est pas la " Grande Muette ", mais le personnel du ministère des
Relations extérieures n'est pas réputé bavard. Hier dans les locaux situés au
quartier Nlongkak, à côté de la direction radio de la Crtv, on n'observait aucun
signe perceptible de quelque tension, comme quelques jours plutôt à la
délégation générale à la Sûreté nationale. Tout juste une démobilisation due
probablement à l'absence du maître des lieux, le ministre Henri Eyebe Ayissi,
actuellement en mission en Europe et attendu au bureau pas avant le début de la
semaine prochaine.
Dans toute l'allée du rez-de-chaussée du bâtiment situé juste derrière le
bâtiment principal, les différents bureaux de la Direction de l'Administration
centrale ne renseignent sur rien de particulier. Les portes et fenêtres n'ont
aucune trace d'effraction et les bureaux sont toujours aussi soigneusement
rangés. Pourtant, il y a bien eu cambriolage dans ce ministère dans la nuit de
lundi à mardi, même si le secret semble avoir été soigneusement respecté.
Particulièrement ciblés par les cambrioleurs, le bureau du Dag et son
secrétariat, le bureau du sous directeur du Budget et son secrétariat, la
cellule informatique. Quelques autres bureaux dans le voisinage ont également
reçu la visite de ces individus en pleine nuit, en passant dans certains cas,
par les toilettes.
Selon les premières informations glanées sur les lieux, la recherche de l'argent
serait le principal mobile de ce cambriolage. En effet, le début de la semaine a
coïncidé avec la paie des agents temporaires dudit ministère. L'information a
rapidement circulé et certains agents temporaires, alertés alors qu'ils étaient
déjà rentrés, sont revenus au bureau pour récupérer leur pécule, et en confier
la garde à tel ou tel responsable, dans une pratique que l'on dit courante dans
ce ministère. Les premières estimations faites semblent confirmer cette thèse,
puisque, de mémoires, des sources indiquent que près de trois millions, en
espèce, auraient disparu.
En revanche, selon les mêmes sources, les documents (compromettant ou non)
n'étaient pas la préoccupation première de ces visiteurs de nuit car,
indique-t-on, " dans la plupart des bureaux en question, on a retrouvé les
documents intacts. Dans certains cas mêmes, des bons de carburant, pourtant mis
en évidence, n'ont pas été emportés".
Les policiers et militaires remis en question
Cette thèse est cependant contestée par des agents rencontrés hier au Minrex,
qui rappellent que ces cambriolages sont devenus tellement monnaie courante
qu'il faut se poser la question de savoir qui se cache derrière et ce qu'on veut
vraiment. " Mardi matin, nous avons trouvé notre bureau avec des papiers qui
traînaient partout. On a certes cherché de l'argent, mais des documents aussi.
Ces gens sont passés par les fenêtres vitrées, que nous avons trouvé ouvertes,
et qui sont pourtant fermées de l'intérieur. Et le scénario était le même dans
tous nos bureaux ici. Des documents ont été emportés, même si on ne sait pas
encore lesquels. Et on s'étonne toujours que la situation se produise et que les
enquêtes n'aboutissent à rien. Jusqu'au prochain cambriolage. Je commence par
avoir peur ", nous a confié un agent rencontré sur les lieux.
Une peur d'autant plus justifiée que, comme le note ce cadre, " il y a la police
et les militaires à l'entrée. Des gens sont entrées par les fenêtres qu'ils ont
parfois cassées et sont repartis sans qu'on ne retrouve leur trace. A quoi donc
servent-ils ? " Le directeur de l'Administration générale et le sous directeur
chargé du Budget, principalement "touchés " par ce cambriolage, ne se trouvaient
pas dans leurs bureaux lors de notre passage. Et toutes nos tentatives de les
relancer au téléphone en fin d'après midi sont restées vaines. Mais en se
produisant pratiquement quelques jours seulement après le cambriolage de la
délégation générale à la sûreté nationale (qui est à un jet de pierre de là),
l'opération du Minrex suscite déjà toutes sortes de commentaires. Même sous
forme de murmures, dans ce ministère où on élève rarement la voix.
Source : Mutations
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