Le président du Cameroun Paul Biya a engagé un bras de fer avec son homologue équato-guinéen.
Mercredi 19 août 2009. Les passagers de la compagnie équato-guinéenne, CEIBA, embarquent à Malabo. Destination, Douala. Ils ont quelques soucis, parce que l’appareil tarde à s’envoler.
Pendant ce temps, ils sont plutôt surpris qu’une voix leur annonce que le vol vient d’être annulé. Tout naturellement, ils pensent à quelques problèmes techniques. Comme cela arrive régulièrement. Seulement, ils ne sont pas au bout de leur surprise, lorsqu’ils sont invités à retirer leurs bagages des soutes de l’appareil. Et surtout, à passer au guichet se faire rembourser les frais d’achat de leur ticket de voyage. C’est le désarroi parmi les passagers qui ne rencontrent pas d’oreille attentive du côté des autorités de l’aéroport de Malabo pour leur donner plus d’informations. Ils doivent se résoudre à se débrouiller. D’après les informations recoupées de bonnes sources, l’affaire est plus sérieuse et épouse des contours qui vont au-delà d’une simple question de vol.
Après quelques vols commerciaux de la compagnie de navigation aérienne du Cameroun, Air Leasing, appartenant au Camerounais Yves Michel Fotso, le gouvernement d'Obiang Nguema Mbasogo a subitement interdit à cette compagnie de desservir son pays le 17 août dernier. Aucune raison officielle n’a été donnée à ce volte face.
Pourtant, selon un proche de la compagnie camerounaise que la Nouvelle Expression a contacté, la compagnie remplissait toutes les conditions d’exploitation de ses lignes dans ce pays de la sous-région, à raison de trois rotations par semaine. Depuis plusieurs mois, elle y avait ouvert ses bureaux, recruter du personnel et engager une vaste campagne de publicité sur ses activités. Elle avait, de ce fait, reçu toutes les autorisations pour se poser sur tous les aéroports équato-guinéens, à compter du 1er août 2009. Tout était donc bien parti dans la sérénité. Le gouvernement camerounais a attendu, en vain, quelques temps pour voir si son voisin allait revenir à de meilleurs sentiments. Mercredi denier, Yaoundé, en vertu du principe de la réciprocité, a pris des mesures de rétorsions, en interdisant aussi l’atterrissage des avions équato-guinéens au Cameroun. Particulièrement les avions de sa compagnie phare la CEIBA.
Désarroi des passagers
Selon des informations introduites, les autorités équato-guinéennes ignoraient que cette nouvelle compagnie appartenait au groupe Fotso. L’on se souvient que par décision de la cour de la communauté de justice et d’arbitrage de l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique (Ohada), la République de Guinée équatoriale avait été déboutée dans l’affaire qui l’opposait à la Commercial Bank de la Guinée équatoriale (Cbge), une succursale de la Financial Holding qui compte entre autres structures la Commercial Bank of Cameroon dont le président du conseil d’administration est l’homme d’affaires camerounais, Yves Michel Fotso. Le pays de Obiang Nguema Mbasogo était condamné à payer la rondelette somme de 50 milliards de Fcfa à la banque du milliardaire camerounais pour les dommages à lui causés par le gouvernement équato-guinéen.
Cette décision de l’instance internationale est restée au travers de la gorge du président équato-guinéen qui, selon des sources, a même décidé de ne jamais se plier à ce verdict du tribunal arbitral international. Pour justifier l’interdiction d’exploitation des aéroports équato- guinéens par la compagnie camerounaise, certaines sources arguent que, Air Leasing vendait ses billets à 107 0000Fcfa, alors que ceux de la compagnie locale s’obtenaient à 138 0000Fcda. Ce qui constituait une concurrence déloyale. Argument battu en brèche lorsqu’on observe ce qui se passe sur le marché international. Les observateurs avertis soutiennent plutôt que la mesure du pays d'Obiang est plus politique que commerciale.
Depuis la mise en application de cette mesure, c’est le désarroi pour les passagers, aussi bien équato-guinéens qu’étrangers qui utilisent ces lignes. Il faut rappeler que le personnel des multinationales qui sont engagés par milliers dans les gigantesques chantiers de travaux publics dans ce pays, ainsi que les élites de ce nouvel el dorado pétrolier du fond du Golfe de Guinée se ravitaillent presque au quotidien à Douala. Ils sont donc en ce moment obligés de se débrouiller par les voies terrestres et maritimes. Avec tous les risques que de telles aventures comportent.
Source: La Nouvelle Expression
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