Atangana Mebara
L’ancien ministre d’Etat chargé des Relations extérieures, Jean-Marie Atangana Mebara a été entendu à la Direction de la police judiciaire (Dpj) à Yaoundé vendredi, 25 avril dernier. Selon des indiscrétions, cet ancien membre du gouvernement a longuement déposé sur l’affaire Albatros, du nom de l’avion présidentiel controversé (un Boeing 767-200) acquis en 2004. Selon des sources dignes de foi, la gestion de la Camair, notamment les opérations de location des avions et les audits du cabinet Apm, ainsi que le pilotage du dossier Albatros (remise à niveau de l’appareil), préoccupent les enquêteurs qui attendent cette semaine, l’ancien administrateur directeur général de la Camair, Yves Michel Fotso.
Dans ce même dossier, l’audition du Premier ministre (Pm) Ephraim Inoni est attendue en sa qualité d’administrateur de Apm. Le Pm est en effet soupçonné de conflits d’intérêts dans la passation des marchés par la Camair, à ce cabinet d’audit ainsi que l’a excipé M. Fotso à l’époque de sa gestion. En répondant une fois de plus à la convocation des enquêteurs de la police judiciaire ce lundi, Jean Marie Atangana Mebara pourrait être interrogé sur les suites de cette affaire. Pour autant, on fait valoir dans son entourage que ces auditions ont trait aux récentes émeutes de la fin du mois de février au Cameroun. Selon cette source, on tend à faire de M. Atangana Mebara le commanditaire des manifestations sociales sur la vie chère qui se sont officiellement soldées par quarante morts.
Quoi qu’il en soit, au mois d’avril 2004, à la suite d’une mission de prospection d’un avion présidentiel aux Etats-Unis par des agents de la Camair et de nombreux cadres de la présidence de la République, un Boeing 767-200 baptisé "The Albatros" est acquis en leasing (une location avec l’option d’un éventuel achat). Cette démarche, à en croire certains de ceux qui ont conduit cette opération à l’époque, avait pour but de dispenser le Cameroun du respect de la clause contenue dans la lettre d’intervention. Selon une source gouvernementale, la location de l’Albatros devait coûter 130 millions de Fcfa par mois à l’Etat camerounais sur une période de trois ans (soit un peu plus de 5 milliards de Fcfa). Sa remise à niveau aura cependant coûté 1,5 milliard de Fcfa.
Mais auparavant, cet appareil déjà amorti puisque construit en deux versions dont celle de base acquise par les autorités de Yaoundé. Son premier vol eut lieu en 1981. Ce qui n’était pas pour rassurer les bailleurs de fonds. Le désaccord entre le gouvernement et le Fmi survient dès le même mois d’avril 2004. En effet, une mission du Fonds survenait quelques jours seulement après "l’acquisition" de "The Albatros" par Yaoundé. Entre suspicions et tensions, les experts venus de Washington n’avaient pas fait mystère de leur "étonnement". Les émissaires du Fmi et de la Banque mondiale s’étaient émus de ce qu’un milliard et demi ait été dépensé pour les travaux de réfection de ce Boeing 767-200 manifestement en mauvais état.
Les auditions actuellement en cours sont la preuve que le communiqué du ministre de la Communication de l’époque, M. Pierre Moukoko Mbonjo indiquant que l’offre du démarcheur saoudien a été rejetée était dénué de vérité. " Un démarcheur saoudien a bien voulu proposer aux autorités camerounaises un aéronef. Cet appareil a été présenté et, les autorités camerounaises, après quelques missions d'inspection, ont indiqué qu'elles n'étaient point intéressées, une telle acquisition n'étant pas à l'ordre du jour", avait-il tenté de dédouaner le gouvernement.
Source: Quotidien Mutations
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