La Sonara va se moderniser et enfin commencer à rafiner le brut camerounais.
Depuis le 2 février 2009, les techniciens de la firme française Total, sous contrat exclusif d’assistance technique avec la Sonara, n’arpentent plus les couloirs des bureaux de la société, encore moins ses installations on shore et off shore. Bien avant cette date, ce sont les ingénieurs camerounais qui avaient déjà pris en main les opérations de maintenance. Selon des informations de La Nouvelle Expression, une vive tension à peine voilée s’était installée entre le personnel de l’assistance technique française de Total et l’équipe dirigeante camerounaise. Motif, l’actuel directeur général de la Sonara, Charles Metouck, a entrepris, depuis quelques années, de rechercher activement des financements pour l’extension de l’usine, afin qu’elle soit capable de raffiner le brut produit en territoire camerounais. Il est inconcevable, avait estimé le directeur général, qu’un pays producteur de pétrole se borne à vendre tout son pétrole à l’état brut. Et se contente de raffiner le brut importé dans une raffinerie qu’il a construite sur son sol, depuis une trentaine d’années. Selon des informations, le fournisseur principal de ce brut travaillé par la Sonara est encore Total. Un pétrole que l’entreprise puise non loin de la Sonara, dans le delta du Niger au Nigeria voisin.
L’option d’une unité de raffinage adapté au traitement du pétrole camerounais, viendrait alors corriger la “ myopie ” de ceux qui avaient mis sur pied une raffinerie, sans tenir compte de la spécificité du pétrole camerounais qu’on destinait dès le départ à la vente simple, sans la moindre plus value pour le pays producteur, aussi longtemps que possible. Selon des experts, les recettes pétrolières du Cameroun pourraient passer du simple au double, si sa raffinerie traitait désormais son brut sur place.
On se souvient que plusieurs fois, le président de la République, Paul Biya, dans ses discours à la nation, a évoqué la nécessité pour la Sonara de se moderniser. Une manière prosaïque de demander aux responsables de cette entreprise publique de construire une unité nouvelle qui lui permettrait de raffiner le brut camerounais sur place. Une option qui devenait incontournable. Dans la mesure où la Sonara, avec ses installations désuètes et inadaptées pour tenir face à la concurrence internationale, était appelée à disparaître à terme, si rien n’était fait. Fort de cet appui de l’autorité suprême du Cameroun, Charles Metouck a mis sur pied un plan audacieux de financement de cette opération. Des indiscrétions indiquent qu’il a finalement décroché un financement de plus de 300 milliards de Fcfa pour réaliser son projet. Sans nécessairement s’accrocher à l’assistance technique française. Les partenaires de Total se sont sentis à l’étroit dans la nouvelle donne. D’abord parce qu’ils vont perdre l’exclusivité de la maintenance au profit d’autres techniciens dont des camerounais en majorité.
Ensuite, parce qu’ils perdront l’exclusivité de la fourniture du brut à la Sonara. Des informations confidentielles révèlent qu’ils avaient donné jusqu’au 2 février 2009 à la Sonara pour tout arrêter. Au cas où le projet d’extension était maintenu dans ces conditions. Jusqu’à ce terme, la direction générale de la Sonara n’a ni décidé de rompre le contrat, ni invité les français à s’associer forcément au nouveau projet qui est déjà mis en route. “ Nous sommes en train d’arracher là un large pan de notre souveraineté ”, affirme un haut cadre de la Sonara.
Source: La Nouvelle Expression
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