Le règne de l'empereur Biya toucherait-il à sa fin?
Derniers faits en date, dans la nuit du 11 novembre, deux bonbonnes de gaz explosent simultanément dans l’enceinte du Palais de l’unité. Un bruit étourdissant déchire la nuit tranquille et crée une véritable panique dans l’entourage du président de la République.
Surtout, fait très rare, le chef de l’Etat est là. Les services de sécurité et de renseignement sont mis en alerte. On craint au sabotage ou à une tentative de mutinerie. Ceci pouvant toujours expliquer cela, ou non, la première dame, Chantal Pulchérie Biya, est conduite illico presto à l’aéroport international de Nsimalen en fin de soirée, en partance pour l’Europe. Certaines sources proches d’Etoudi annoncent qu’elle serait très malade, alors que d’autres prétendent qu’elle se rendait au chevet de sa mère hospitalisée en Suisse. Infos ou Intox ? Mais deux jours après, on la retrouvera à Paris au siège de l’Unesco, où elle est consacrée ambassadrice de bonne volonté.
Dans la même soirée du lundi 11 novembre, Paul Biya reçoit en compagnie de son gouvernement et de quelques membres du corps diplomatique, devant cameras et objectifs d’appareils photo, les ex-otages du navire français Bourbon. L’un d’entre eux est habillé en culotte très courte. Un crime de lèse-majesté, une impolitesse, une humiliation… Et comme rien ne va vraiment au Cameroun, le dimanche 16 novembre, le Premier ministre chef du gouvernement et sa suite composée de plusieurs ministres et hautes personnalités se sont rendus à Garoua où le premier cité devait présider officiellement à la finale de la Champions League africaine, à bord de l’avion militaire C130-Hercule. Un aéronef qui ne dispose que de trois sièges. Les ministres ont dû faire ce voyage assis à même le sol, serrés comme des sardines.
En réalité, les nouvelles en provenance d’Etoudi ne sont guère reluisantes depuis un certain moment. En plus de l’état de santé du couple présidentiel que certains habitués du Palais de l’unité qualifient de fragile, on peut citer, l’écoulement d’un pan du mur de la barrière de la présidence, le vol de la mallette de souveraineté du chef de l’Etat par le majordome de l’aide de camp, des fuites d’informations provenant de l’entourage immédiat de Paul Biya, le décès d'Albert Cherel Mva, intime et confident de Paul Biya de longue date, et le décès du cuisinier personnel du président de la République. Plus curieux, l’on apprend que l’épouse et le chauffeur d'Albert Cherel Mva seraient également décédés.
Une succession d’événements qui créée une atmosphère de fébrilité au sommet de l’Etat. Rien qu’à observer les faits et gestes de la délégation camerounaise au sommet de la Francophonie à Montréal, l’on sent tout de suite que l’ambiance n’est pas à la sérénité dans l’entourage du chef de l’Etat. Le chef de l’exécutif ne serait plus en odeur de sainteté avec ses plus proches collaborateurs. Il n’a plus la mainmise complète sur sa Cour. D’ailleurs, des mauvaises langues prétendent qu’il aurait beaucoup de mal à remplacer le défunt général Blaise Benae Mpecke (chef d’Etat major particulier des armés du président la République) et Awono Essama, le directeur du protocole affecté à l’ambassade du Cameroun en Italie. Car, à qui ferait-il confiance pour introduire dans le dernier carré des collabos ?
Penser à la relève
Pourtant, tout laisse croire que Paul Biya tient toujours la barque. Ses ministres lui vouent encore une peur viscérale. Le peuple l’acclame encore à chaque sortie en public. Les dernières élections couplées du 22 juillet ont vu la victoire éclatante du parti au pouvoir. Mais, il ne faut surtout pas se fier aux clichés truqués propres à la longévité au pouvoir.
Quelques exemples proches de nous sont suffisamment édifiants. Peu avant son éviction, le raïs Saddam Hussein avait remporté les élections présidentielles avec plus de 95% de suffrages exprimés. Et, sa garde rapprochée était qualifiée de 4e armée du monde. Mais, les Américains sont entrés à Bagdad comme un couteau dans du beurre. Personne n’a voulu mouiller le maillot pour le raïs.
Au Zaïre, le maréchal Mobutu a été hué par les Kinois, exfiltré à travers un corridor laissé par les rebelles de Kabila. Pourtant, moins d’une semaine avant, l’avion du maréchal avait eu du mal à atterrir à l’aéroport international de Kinshasa, devant une foule en liesse qui voulait voir et toucher son président que la rumeur avait annoncé mort.
En Roumanie Personne ne pouvait imaginer que le couple Ceausescu pouvait subir pareille humiliation.
Bref, la longévité au pouvoir créée elle-même les germes de sa propre destruction. En effet, plus un prince met long au pouvoir, plus sa Cour s’agrandit, plus sa Cour s’agrandit plus le nombre de courtisans augmente, plus le nombre de courtisan augmente plus les intrigues et les batailles de positionnement se multiplient, plus les intrigues et les batailles de positionnement se multiplient plus les conspirations naissent, plus les conspirations naissent plus le prince est sur un siège éjectable. Et, il faut le signaler, la multitude de courtisan ayant à cœur de plaire au prince, constitue une véritable barrière entre le peuple et le monarque.
Le prince n’est plus au contact de la réalité, il ne sait plus ce que le peuple pense de lui, ni de ce que le peuple attend de lui. Un schéma qui est à quelque détail près celui du Cameroun actuel.
Source: Camer.be
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