Ahmadou Bouba a raconté son histoire au Quotidien Mutations
C'est dans une ambiance somme toute particulière que le colonel Louba Zal, commandant de la légion de gendarmerie de l'Extrême-Nord a présenté sept des huit otages libérés par les ravisseurs, le soir de l'assassinat du commandant de compagnie du Mayo-Kani, le capitaine Leineuy Tah Felix. Une ambiance joviale vendredi dernier pour Ahmadou Bouba âgé de 23 ans seulement.
Lui qui a retrouvé vendredi au soir, sa famille après quelques jours de captivité. Des journées au cours desquelles il indique avoir vu la mort venir. " Ce n'était pas facile de faire de nombreux kilomètres à pied. Les ravisseurs nous déplaçaient toutes les trente minutes environ et on ne savait même pas où nous allions. Jusqu'où nous allions. "
Le jeune berger qui ne parle que le foufouldé raconte sa mésaventure : " nous avons été enlevés dans deux localités différentes. Il y a un qui a été enlevé alors qu'il faisait paître les bœufs dans l'arrondissement de Mindif à Mendoué. Les autres et moi avons été pris dans l'arrondissement de Moutourwa dans le canton de Midjivin. Nous avons été conduits dans des coins que nous ne connaissions pas. On marchait en file indienne. Les ravisseurs qui étaient au nombre de six avaient des armes. Un d'entre eux était chargé de porter le matériel de couchage et les vivres. Parce que nous mangions ce qu'ils nous donnaient. C'était les arachides, le haricot et la bouillie non sucrée le matin ou le café… "
C'est en effet dans la nuit du 24 au 25 octobre 2008 que les otages ont été enlevés. Ils exigeaient au total près de six millions de Francs Cfa afin de libérer les otages.
Deux d'entre eux ont été libérés lundi dernier et avaient pour mission d'indiquer à leurs patrons, le lieu de paiement de la rançon. Mais les propriétaires des troupeaux qui entendaient payer la rançon vont être conditionnés par les éléments de la gendarmerie qui entendaient mettre hors d'état de nuire ces ravisseurs. Mal leur en a pris, au cours de l'assaut lancé mardi dernier, le capitaine va être froidement abattu.
"Nous sommes arrivés quand même sur les lieux à l'heure du rendez-vous (vers 11h). Nous sommes restés à bonne distance avec trois des ravisseurs. Les trois qui étaient armés sont partis. Et quelques minutes après, on a suivi de violents coups de feu. Ils sont revenus très irrités et nous ont demandés de nous lever et de marcher. Ce n'est que vers dix-huit heures que nous sommes arrêtés dans un village que nous ne connaissions pas. Là, ils nous ont dit que notre sang ne pouvait pas servir à faire du mal aux propriétaires de troupeaux que nous servons. Parce que nous ne sommes pas de leurs familles. En partant, ils nous ont demandés de dire à nos patrons qu'ils reviendraient chercher leur argent par tous les moyens. "
D'après Ahmadou Bouba, " les ravisseurs parlaient le foufouldé, l'arabe et le Ouda (langue des mbororo du Nigeria). " Ils étaient de son point de vue lourdement armés et ne leur ont fait aucun tort. " Nous n'avons pas été frappés, ni brutalisés ", a-t-il indiqué. Lui qui n'a pas flirté avec l'école classique dit pouvoir retourner dans son village Mizao. Dès ce lundi a-t-il affirmé, il sera à nouveau derrière son troupeau de bœuf. " Je ne sais rien faire d'autre. Et je m'y plais ", a-t-il conclu. Même s'il reste que de son point de vue, le risque est grand pour que les ravisseurs reviennent.
Source : Mutations
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