Dans le cadre de l'affaire Epervier, Siyam Siéwé a été condamné à vie pour sa gestion du port de Douala.
" Siyam Siéwé, Kamdem et Assana écopent d'un emprisonnement à vie. Edouard Etondè Ekotto, Me Abessolo, écopent, quant à eux, de 15 ans de prison alors que Siéwé Nintcheu écope de 25 ans d'emprisonnement ferme ". Cette condamnation s'accompagne d'amendes. Les 13 personnes qui sont accusées de détournement de deniers publics au détriment du Port autonome de Douala (Pad) doivent payer, en plus de cette condamnation, des dommages et intérêt d'un montant cumulé de 34 milliards 291 millions 448 mille 117 Fcfa.
Afin d'empêcher tout débordement, un important dispositif sécuritaire constitué de policiers du Groupement mobile d'intervention (Gmi) No2 de Douala a été déporté sur le lieu. A ceux-ci, il faut ajouter plusieurs éléments de l'administration pénitentiaire. La salle d'audience, d'habitude vide, s'est avérée trop étroite pour contenir la foule immense qui a tenu à assister à cette dernière audience d'une affaire que certains qualifient de "procès politique". A la fin de l'audience, les éléments des forces de l'ordre ont veillé à mettre hors de la salle tout le monde, afin d'éviter tout débordement.
Bien avant la sentence, le ministère public avait, pendant ses réquisitions, clairement manifesté son désir de voir condamné à vie ces accusés. " En réparation des divers préjudices subis, la Cour doit condamner les accusés à l'emprisonnement à vie ", avait martelé l'avocat général près la Cour d'Appel du Littoral.
Pour eux, il était question de déclarer les accusés coupables de tous les faits qui leur sont reprochés. " Il faut aussi sanctionner afin d'éviter qu'à l'avenir, l'on ne confonde les deniers publics avec le patrimoine personnel ", poursuit l'avocat général. Il était surtout question pour le collège d'avocat de " rendre une justice équitable et juste par une condamnation sévère ". Pour la partie civile, " les dommages et intérêts ne se résument pas seulement aux pertes subies. A titre de réparation, le Pad réclamait 52 milliards 236 millions 267 mille 843 Fcfa. Montant auquel il faut ajouter un taux d'intérêt de 0.067% pour trouver le montant perdu par le Pad ", déclare Me Ngan Superman, l'un des avocats du Pad, pour qui les dommages et intérêts s'élèvent à 75 milliard 378 millions 308 Fcfa 010 Fcfa.
Dans l'ensemble, les avocats des accusés ont fait appel aux circonstances atténuantes. Ils ont notamment demandé la clémence des membres de la Cour, en présentant le passé judiciaire de leurs clients qui était jusqu'à cette affaire sans reproche et étaient considérés dans ce cas comme des délinquants primaires. Les avocats, sauf ceux de la partie civile et du ministère public, présents à cette audience, ont tous déploré la condamnation de leur confrère Me Abessolo. Ce dernier qui défendait les intérêts du Pad a été condamné à 15 ans de prison ferme. Mécontents, ses confrères sont tous sortis au moment du prononcé de la sentence. Pour ces avocats, " on ne peut pas être condamné pour avoir exercé ses fonctions ".
Les condamnés à vie ont 10 jours pour se pourvoir en cassation. Les autres ont jusqu'à 30 jours pour le même exercice. En rappel, devant le Tribunal de Grande Instance du Wouri, l'ancien Directeur général du Pad, Siyam Siewe, qui purge sa peine dans les cellules de la légion de gendarmerie du Littoral, avait été condamné à 30 ans de prison ferme. Le président du conseil d'administration, Edouard Etonde Ekoto, quant à lui, avait écopé de 10 ans de prison ferme.
Source: Quotidien Mutations
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