La cour d'appel du
Centre a condamné Emile Joël Bamkoui à cinq jours de prison ferme lors de son
audience d'hier jeudi à Yaoundé. M. Bamkoui, chef d'escadron de la gendarmerie
nationale, a donc pu rentrer à sa prison, le temps de ramasser ses affaires, et
de recouvrer la liberté qu'il avait perdue en novembre 2008 après qu'il a tué
Hervé Mapouro, l'amant de son épouse. C'est d'ailleurs sur ce fait que le
tribunal s'est largement basé pour réduire considérablement la peine d'Emile
Bamkoui - qui avait été condamné le 5 mai 2009 par le tribunal militaire de
Yaoundé à 18 mois de prison ferme.
Les juges en cette procédure d'appel ont cependant estimé pour casser la
première décision que le premier jugement n'avait point tenu compte du cumul des
peines qui devait réduire la sanction de l'officier de gendarmerie Bamkoui
empêtré dans un drame du destin, à en croire la cour. "Cette affaire, a en effet
déclaré en substance le président du collège des trois juges en expliquant sa
décision, ne pouvait que se terminer de manière tragique." Depuis deux ans, en
effet, Danielle Bamkoui et Hervé Mapouro entretenaient une relation amoureuse
adultérine.
Le jour du meurtre, contrairement à ce qu'a d'abord voulu faire croire Mme
Bamkoui avant de se rétracter et de reconnaître que son mari avait dit la
vérité, le meurtrier avait trouvé chez lui, dans la chambre d'amis, couchés et
dénudés, sa victime et son épouse. Pour le tribunal, il s'agissait donc d'un
flagrant délit d'adultère qui s'est mal achevé, Emile Bamkoui ayant voulu
"mettre aux arrêts" Hervé Mapouro. Mais, dans la confusion, les deux amants se
sont attaqués au mari cocu, à la faveur de la nuit, le blessant à la tête. Pour
le tribunal cependant le meurtrier n'était point en situation de la légitime
défense. Tout au plus, les juges admettront pour l'excuser qu'il a été provoqué.
Et, dès lors que le chef d'escadron Emile Bamkoui, décrit par ses supérieurs
comme un élément de grande valeur, a reconnu sa faute et s'est tenu correctement
devant la barre, les juges ont visiblement choisi de lui donner une chance de
poursuivre sa carrière. La première condamnation, en raison de sa durée, d'après
les avocats de la défense, l'excluait de fait des rangs de l'armée. La clémence
et la compréhension du tribunal n'auront cependant pas bénéficié à la partie
civile que représentaient deux frères du défunt.
Contrairement aux premiers juges, les magistrats de la cour d'appel ont relevé
que l'une des soeurs du défunt connaissait la relation "immorale"
qu'entretenaient son frère et Danielle Bamkoui. Pour tempérer son observation,
la cour s'est demandé ce qu'elle aurait bien pu faire pour mettre fin à la
liaison dangereuse qui s'est achevée par un drame. Aussi, s'est-elle vu
attribuer, comme à chacun de ses sept frères et sœurs du défunt, la somme de
500.000Fcfa en guise de dommages. Germaine Mounchingam, et le nourrisson R.M.,
présentées par la famille Mapouro comme la fiancée et la fille post-mortem de
leur fils défunt ont été vu leurs demandes de réparation rejetées. "Germaine
Mounchingam aux yeux de la loi camerounaise est une concubine […] pour qui
Mapouro n'avait que peu de considération puisqu'il la délaissait pour aller
suivre la femme d'autrui…", a conclu la cour tout en relevant qu'il n'était pas
possible de reconnaître un enfant outre-tombe.
Emile Bamkoui devant par ailleurs s'acquitter d'un million de francs Cfa
représentant la condamnation aux dépens, on est bien loin des 21 millions
alloués en dommages intérêts par le tribunal militaire de Yaoundé. "Nous allons
nous pourvoir en cassation", a cependant annoncé Me André Mangoua, avocat de M.
Bamkoui entouré de ses parents visiblement heureux de voir se "terminer une
épreuve".
En revanche, les avocats de la partie civile étaient absents. Auraient-ils été
là que le public aurait été édifié quant à leur appréciation d'un des paragraphes de
la décision qui a constaté que les coups de feu tirés par Emile Bamkoui visaient
à faire souffrir la victime avant sa mort. Pour les avocats de la partie civile
en effet, Emile Bamkoui avait projeté d'assassiner Hervé Mapouro.
Mais, relèveront les juges, aucun fait ne peut prouver une telle hypothèse. Et
c'est bien d'une hémorragie massive qu'Hervé Mapouro est décédé après six heures
passées sans soins à l'hôpital Laquintinie.
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