L'affaire Djomo Pokam avance avec l'audition du principal accusé de meurtre du jeune homme.
La présidente de la collégialité, Mme Nomo, a estimé qu’il y avait suffisamment d’éléments à charge contre les accusés pour qu’ils puissent présenter leur défense. A la suite de quoi, l’un après l’autre, les six accusés présents choisiront de présenter leur défense en déposant tous comme témoins sous serment. Principal accusé dans l’affaire parce que seul inculpé de meurtre, François Tabué Fotso sera aussitôt appelé à prendre place dans le box à témoins pour présenter sa défense. Une ligne de défense que Me Luc Mambok, le conseil de l’accusé, oriente sur trois axes.
Sur l’accusation de tentative de fuite pour Chypre, Tabué Fotso soutient que ce voyage n’était que l’aboutissement d’un processus commencé en mars 2006. Processus émaillé d’une tentative de départ avorté, faute de visa, alors que l’accusé avait déjà fait une réservation de vol. « Mon passeport avait été obtenu en 2004, dans le but de poursuivre les études à l’étranger. Mon choix s’était porté en mars 2006 - cinq mois avant le drame - sur Kimon College, une université chypriote. J’ai été admis dans cette université. J’ai, par la suite, procédé aux transferts d’argent par Westen Union pour m’acquitter des frais de scolarité qui s’élevaient à 2 800 euros », s’est défendu l’accusé. Qui rappelle qu’il avait obtenu un visa de deux semaines pour Chypre le 08 octobre 2006, avec le 11 octobre comme jour de départ. Un voyage qu’il n’effectuera jamais. Il sera interpellé par un commissaire de la division provinciale de la Police judiciaire, le même jour, vers 10 heures, au Hilton hotel. Mais non sans avoir reçu cette mise en garde du directeur du Hilton, qui l’avait convoqué : « Est-ce que tu sais qu’on va faire de toi l’accusé idéal, si tu partais pour Chypre ? »
Accusé d’avoir été la dernière personne à s’être entretenu avec la victime, Tabué Fotso s’en défend : « La dernière personne à s’être entretenue avec la victime est plutôt Valérie, une réceptionniste. J’étais posté dans le hall d’entrée où j’ai accosté la victime. Je l’ai salué et je lui ai demandé : que puis-je pour vous ? Je voudrais rencontrer quelqu’un qui loge à l’hôtel, m’a-t-il répondu. Prenez le téléphone mural pour obtenir des informations. Il m’a demandé si le téléphone était payant, j’ai dit non. Comme il ne voyait pas le téléphone, je me suis rapproché pour lui montrer le téléphone mural, tout en lui indiquant comment on composait le numéro. Je suis rentré au hall. Le téléphone a sonné quelque 20 secondes après, venant de la suite 314 et 315. Je suis allé prendre le chariot au niveau de la réception et j’ai appelé Honoré Boyogueno pour m’aider à déménager les deux chambres. J’ai commencé à déménager la 315 et Honoré Boyogueno est arrivé, quelques secondes après, pour déménager la 314 qui n’avait pas assez de bagages. Il a terminé le déménagement avant moi et est descendu. J’ai terminé le déménagement et j’ai trouvé les autres en bas où j’ai vu une foule. On m’a appris ensuite que quelqu’un était tombé sur la dalle au-dessus ».
Pour soutenir la défense de son client, Me Mambok produira des pièces représentant des recueils de Sms et des lettres qui attestent de la régularité de la correspondance entre l’accusé et les responsables de Kimon College. Manquera dans ces pièces, constat du tribunal, la preuve du transfert par Westen Union des 2 800 euros représentant les frais de scolarité.
Les deux rapports, l’autopsie du légiste et l’expertise du criminologue, seront admis comme pièces à conviction de l’accusation, en dépit des demandes de rejet desdites pièces formulées par Maîtres Zame et Mambok qui, selon eux, n’apportent rien de nouveau aux débats.
Suite des auditions, le mercredi 29 avril 2009.
Source: Le Jour Quotidien
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